dimanche, mars 13, 2011

Au coin de ma blanche brousse...


Ce 13 mars marque mon cinquième dimanche depuis que j'ai été victime d'une subite paralysie faciale en me réveillant le 6 février dernier. Ce 13 mars, l'on change d'heure et je peux dire que j'ai presque retrouvé ma face. Encore un 20% d'effort et je devrais retrouver ma symétrie naturelle. Enfin je le souhaite de tout coeur.

Cela dit, l'amélioration de mon visage engendre un soulagement qui n'a pas de nom. J'en médite les raisons et les transformations. Je vois briller la lumière au fond du sombre tunnel dans lequel cette maladie m'a emportée. Même si je dois encore subir les affres des douleurs herpétiques que je traite à coups de forte médication, je crois que le pire est derrière. Enfin je l'espère...

Cette semaine, voyant mon visage prendre du mieux, j'ai eu l'idée loufoque de réduire ma médication. Histoire de voir comment se portaient les douleurs étouffées par les cachets. Mal m'en pris puisque je me suis retrouvée une autre journée au fond de mon lit, écroulée sous la douleur et la raideur de cette moitié de visage affectée. Comme me l'a expliqué le docteur, il va falloir que je prenne mon mal en patience et encore bien des petites pilules rouges et blanches avant de voir la sortie de cet horrible tunnel. Ce maudit virus a endommagé mon nerf facial et j'en ai cruellement conscience. Alors que je reconnais mon visage dans le miroir et que je vois la lumière au bout du tunnel, je me dis que c'est une petite victoire dans une grosse bataille.

Et tandis que je me relève de la maladie, je constate le bordel qui s'amoncelle en ma maison. Je grimace. Alors que je retrouve la santé, j'accepte de nouveau ces piges qui me tombent sur le coin du nez. Puis j'ai ensuite le regret de ne pas passer autant de temps créatif avec M'zelle Soleil que je l'aimerais. Je grognasse. Alors que je travaille à ses cotés, je lui explique les choses de la vie (et ses raisons). Fière des réflexions qu'elle partage avec moi, je sais qu'elle comprend même si cela ne la satisfait pas vraiment. En bref, mon défi du mois de mars sera certainement d'arriver à me relever de la maladie tout en essayant de ne pas trop en faire d'un coup! Même si à chaque répit de la douleur, un élan de vie m'emporte vers l'avant et qu'une subite rage de vivre me traverse l'esprit...

Vendredi dernier alors que le Japon connait l'horreur, j'essaie de me couper en quatre pour donner de l'attention à ma puce de salon. Alors que je travaille entre un article et une traduction, j'essaie de lui trouver des occupations créatives pour ne pas trop la câbler devant la télé. Et lorsqu'elle vient me déconcentrer de ses "maman" à foison. Je la câline pour ne pas bougonner, je la chatouille pour ne pas grommeler et je fais d'une pierre deux coups en l'intégrant à mes lessives qui font tourner les machines.

Arrive la nuit qui tombe sur la forêt silencieuse et je me dis que la fin du monde doit ressembler à ce que vit le Japon actuellement. Quand je regarde ces images, je ne peux m’empêcher de me demander s'il y a des gens dans les maisons et lorsque je regarde les voitures sur la route je me dis qu'ils ont bien peu de chance de s'en sortir. Au fond de mon coeur, un élan d'horreur se conjugue à des vagues de tristesse et de compassion qui font comme un typhon d'émotions intérieures. Je regarde ma puce qui joue et je respire profondément pour mieux accrocher la normalité de ma brousse enneigée.

Je me plonge dans cette traduction qui m'aiguise les neurones et je suis submergée par les dessins et découpages de M'zelle Soleil qui comble mon coeur de maman. Je me sens alors bien chanceuse de ce quotidien que je vis au coin de ma brousse tranquille (malgré les obstacles de santé, les remous de la vie et la neige qui n'en finit plus de tomber). Au coucher, en compagnie de ma fillette, l'on prie pour ce pays dévasté.

Et pendant que passe le temps qui tisse les jours, l'homme fait des muscles d'acier en pelletant à gogo car au coin de ma brousse c'est l'hiver pas à moitié...

Alors que change l'heure...

mardi, mars 08, 2011

le spécimen l'un : le rêveur
by We the Living Photography
En ce 8 mars 2011...

Aujourd'hui, pour la centième fois, se déroule la journée internationale de la femme. Une journée précieuse à mes yeux car j'ai à cœur le sort de toutes les femmes qui vivent sur Terre. En souhaitant une bonne journée à nos grand-mères, mères, soeurs, filles et amies...

Depuis toujours mon esprit est solidaire de celles qui se battent pour l'égalité. Je comprends d'ailleurs que beaucoup de sacrifices ont dû être faits pour que nous arrivions à la réalité féminine que nous vivons aujourd'hui. Une réalité féminine où tout n'est peut-être pas encore gagné mais où beaucoup a été atteint.

Près de moi...

J'ai moi-même été élevée dans un monde de femmes abusées par les hommes qui les entouraient. Élevée par ma grand-mère qui, malgré toute l'intelligence qu'elle possédait, a vécu un destin si malheureux. Forte comme le roc, elle ne s'est jamais écroulée mais son lot de souffrances fut énorme en son existence, il a pesé bien lourd sur ses épaules.

Depuis ma tendre enfance le poids de ses souffrances m'a écorché le coeur. Toujours pour moi elle a désiré le meilleur. Toujours elle m'a dit que je méritais le meilleur. À 73 ans la fatigue de sa vie l'a mené à sa mort. M'zelle Soleil n'avait que quelques mois. Depuis son départ m'habite le vide de son absence. Depuis qu'elle est partie, je garde ma mère-grand au chaud de mon cœur et je transmets sa mémoire à ma fillette si choyée.

Et puis il y a ma mère, toujours plus libre que maternelle. À l'avant garde, moderne, toujours femme mais peu souvent mère. J'en ai beaucoup souffert. Assez pour que notre relation se dissipe avec le temps. Cependant, aujourd'hui, en cette journée de la femme, j'imagine que je peux essayer d'accrocher quelques bribes de pardon. Je ne peux pas oublier mais j'imagine qu'avec le temps j'arriverai à pardonner. En ce jour précis, j'enclenche donc ce difficile processus intérieur...

Loin de moi...

Je pense à toutes ces femmes dans le monde qui se battent pour vivre l'égalité en leurs vies. Pour ne pas être humiliées, écrasées, torturées. Lorsque nous sommes allés à Montréal en famille pour le concert de Vanessa, nous avons eu l'occasion de rencontrer une famille iranienne.

Grâce aux sourires de M'zelle Soleil, une femme assise à la table à coté de la nôtre a échangé quelques mots avec nous. Au fil du déjeuner, sa famille l'a rejointe, son fils, une dame plus âgée et son mari. Et puis avant de partir, j'ai pris le temps d'approfondir la conversation (malgré mon look de pirate et la honte de ma moitié de visage figé).Gentiment cette famille s'est ouvert à ma curiosité. Elle m'a expliqué qu'elle est iranienne. En visite à Montréal. Ceci n'a fait qu'attiser ma curiosité féminine et j'ai continué de creuser le sujet. Tout aussi gentiment les dames, le mari et le fils ont répondu à mes questions avec une sincérité que j'ai apprécié tout autant qu'elle m'a touchée.

Et nous voilà, au coin d'une table, à discuter en anglais du sort des femmes ici et là-bas. Les dames écarquillent les yeux lorsque je parle de ces libertés que nous prenons pour acquises. L'homme et le fils approuvent et cela me fait du bien à l'âme. Ils me parlent de ces limitations que vivent les femmes dans leur pays et du désespoir qui accompagne cet état de fait. Puis la dame qui s'est attachée le regard à ma fillette me parle de sa propre fille de 17 ans. Au fond de ses yeux brillants, je peux voir toute l'émotion qu'elle ressent. J'en suis submergée.

Alors qu'elle regarde ma fillette pétiller autour de nous, elle me parle de sa propre fille qui n'a pas la chance de pouvoir devenir ce qu'elle aimerait être. Qui n'a pas la liberté de ses ambitions. Elle me confie sa douleur de mère, elle qui aimerait tant que sa propre fille puisse être libre de ses choix. J'en suis bouleversée. Que puis-je dire? Que puis-je faire d'autre que lui offrir mon soutien mental, d'essayer de leur souffler un brin d'espoir? Cette famille d'ailleurs m'offre alors des sourires si touchants que je les dépose précieusement en un coin de ma mémoire.

Aussi en ce jour de la femme, je ne peux que penser à toutes ces jeunes filles dont le destin est contrôlé par la maniaquerie de ces hommes qui me répugnent l'esprit. J'espère avec force et conviction qu'un jour viendra où toutes les jeunes filles de la Terre seront libres de leur destin! Et n'oublions pas toutes ces femmes qui subissent, dans le monde, les souffrances de l'inégalité et de l'injustice...

Gratitude féminine

Mais avant de clore ce billet ultra-féminin, je veux en profiter pour remercier toutes les femmes qui sont dans ma vie, mes copines-amies-complices, remercier toutes celles qui apportent de la beauté à la texture de mes jours. Je joins à ces mots partagés toute cette affection que je ressens envers elles. Elles qui sont chères à mon cœur. Je suis intimement reconnaissante de leur présence en ma vie. Merci.

Coté blogue


- Pensées féminines
- S'agiter les idées en l'honneur de la femme (journée de la femme 2010 en compagnie de Nadia)

Autres liens connexes

- Les femmes et les révolutions dans le monde arabe
- Femmes, le long chemin vers l'égalité
- Portraits de femmes remarquables
- 16 of History's Most Rebellious Women
- Centième anniversaire de la Journée de la femme
- Programmation 100 % femmes sur Bande à part
- Journée de la femme : pour l’égalité au travail
- 50 femmes, une parole
- Daniel Craig, 007 cross dresses to support equality

La journée de la femme fête ses 100 ans

lundi, mars 07, 2011

Expression d'antan et bribes de jour ouaté d'hiver...

Hier était le quatrième dimanche qui me passait sur la peau depuis que je me suis réveillée avec une moitié de visage.

Hier, mon visage allait beaucoup mieux. Même s'il reste encore des traces asymétriques, beaucoup de fatigue et de bonnes douleurs, j'aperçois enfin la lumière au bout du tunnel.

Même si j'ai dormi la moitié de la fin de semaine, je sens revenir une certaine normalité en ma vie. C'est un soulagement mental qui commence à se faire sentir entre mes neurones subtilement traumatisés par cette étrange expérience physique.

Cette semaine, M'zelle Soleil est en relâche de garderie. Elle est si heureuse de passer tout ce temps avec sa maman qu'elle n'arrête pas de me le répéter et à chaque fois, elle fait naître un sourire en mon coeur. Ces trois années dévouées à sa petite enfance n'auront pas été vains.

Je me sens si chanceuse d'être sa maman que cela me fait oublier tous les négatifs possible de la mamamitude. La discipline étant certainement le coté le plus obscur de la parentitude (à mon goût). Un mal nécessaire dont on se passerait bien mais dont il faut maîtriser les bienfaits...

Bref, alors que la vie revient doucement mais surement en mes jours, ma cervelle reprend du service. Ma plume retrouve le chemin du clavier. Mes mots retrouvent l'envie de s'envoler. Je recommence à travailler quelques piges. Du fond de ma brousse, je fais avec plaisir quelques topos technos  ultra matinales pour Radio-Canada en Ontario. Et je reprends l'habitude de mes expressions choisies en ce coin de blogosphère.

Aujourd'hui, une bonne tempête a transformé mon coin de brousse en une boule de neige brassée par les Dieux. Je regarde dehors et je ne peux m'empêcher de trouver la tempête romantique avec ses flocons dodus et son épais silence. Tout est calme, immaculé, ouaté. Mon paysage se déroule en monochrome et M'zelle Soleil y applique ses couleurs enfantines. J'avoue cependant éclater de rire lorsque j'écoute mon homme sacrer comme un charretier, il peste contre la tempête, les bancs de neige et la charrue! D'après ses estimations, il a pelleté une moyenne de 4 heures par jour depuis vendredi dernier. Amusée, je compatis quand même un peu. En notre coin de lac givré, c'est encore bien l'hiver...

Aussi, pour bien commencer la semaine, je choisis cette expression ci-dessous. Une expression sous forme de proverbe que je ne connaissais point du tout. Pourtant cette expression d'antan m'a accrochée les idées enneigées. Non pas que je me considère comme une blanche colombe (la blanche colombe en ma maison étant certainement mon petit soleil d'enfance) mais j'aime bien l'idée de ne pas se laisser atteindre par la bave du crapaud...

EXPRESSION via Expressio.fr
« La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe »

SIGNIFICATION
La calomnie la plus vile ne peut ternir une réputation sans tache.

ORIGINE
Ce proverbe s'emploie généralement par ironie pour rejeter une calomnie ou une insulte par le mépris. À la droite du ring, en le regardant depuis les tribunes Sud, nous avons le crapaud, pataud, pustuleux et laid, dégoulinant de bave, qui ne sait que se traîner à terre. À la gauche du ring, nous trouvons la colombe, symbole biblique du Saint-Esprit, donc pure et gracieuse, parfaitement capable de s'élancer dans les airs pour passer très loin de la portée du crapaud.

Comment voulez-vous que la bave du crapaud, symbole du vice et de la laideur, puisse atteindre la blanche colombe (même si toutes les colombes ne sont pas blanches), symbole de la pureté et de la beauté puisque, même s'il est capable de sauter, jamais l'horrible animal ne pourra s'approcher suffisamment de l'oiseau pour l'atteindre de ses postillons verts et gluants ? Depuis 1840, la "bave du crapaud" est une métaphore désignant des propos médisants. Autrement dit, de tels propos ne peuvent atteindre celui qui n'a rien à se reprocher (la colombe).

La bave du crapaud n'atteint pas la blanche colombe...

jeudi, mars 03, 2011

Traverser l'épreuve...

L'hiver avance, en mon quartier de brousse, la neige fait des bancs de plus en plus grands. Je compte les semaines en suivant la progression de la maladie puis le processus de guérison.

Les rénos ont pris une pause comme si le temps s'était arrêté. Comme si j'avais arrêté le temps en tombant malade. D'ailleurs le temps, dernièrement, je ne l'ai pas vu passer.

Le mois de février a disparu de ma mémoire et j'essaie d'accrocher le mois de mars avant qu'il ne s'efface...

La maladie suspend le temps qui s'efface entre les souffrances de ma peau qui bataille. Ma paralysie faciale prend du mieux, c'est la bonne nouvelle. Je retrouve peu à peu mon visage. Je ne fais plus peur aux enfants. Je garde encore mon look de pirate pour protéger mon oeil sensible. L'oeil est le dernier à revenir. J'arrive de nouveau à sourire. Mon âme peut de nouveau s'accorder à ma face. Je ne suis pas encore tout à fait symétrique mais je suis moins croche. J'ose de nouveau me regarder dans les miroirs que je croise.

L'épreuve que je traverse n'est pas une mince affaire mais j'ai décidé de la prendre de front et de ne pas me laisser abattre par cet affreux virus. J'utiliserai cette épreuve physique pour grandir plutôt que dépérir. Je suis en guerre. Au combat, je me bats. Parfois je tombe mais toujours je me relève. Je m’accroche le moral qui flanche à des petits riens qui font du bien. Je m'accroche les émotions à l'amour de mon homme et de ma fille, à la gentillesse de ma petite soeur et à l'amitié qui m'entoure.

L'amitié joue un grand rôle dans mon processus de guérison. Il y a les marques d'affection que je reçois virtuellement. Il y a mon amie Dee qui me couve comme une mère les jours où je dois aller en ville pour mes traitements de kiné. L'amitié est si présente en cette subite maladie que je la médite au quotidien. Sous peu, je désire écrire plus longuement sur le sujet, sous peu...

Il y a les sourires de M'zelle Soleil et ses paroles douces comme celles-ci de bon matin: "Maman, tu sais même si tu restes comme cela toute ta vie, on t'aidera toute ta vie!" Inutile de dire que ce matin là, mon coeur a fondu comme neige au soleil tout en explosant d'amour maternel!

Umbrella for sun or rain by B℮n on Flickr.
Et puis il y a la douleur, cette souffrance physique dont je n'aime guère parler. Je n'aime guère en parler car elle est si puissante qu'elle accentue la pitié. Et je déteste la pitié. La pitié, je l'ai connue pour la première fois lorsque j'avais 13 ans. La pitié déshonore, la pitié affaiblit, la pitié humilie.

Après un accident scolaire qui m'a enlevé ma capacité de marcher en plus de m'offrir un traumatisme crânien, un hématome au cerveau et des cervicales fêlées, j'ai connu la pitié d'autrui. Cet accident a été déterminant à ma vie. Il a posé les bases de cette liberté qui s'écoule en mon sang.

Cet accident m'a offert de terribles migraines, il m'a volé mon sens de l'équilibre durant quelques mois et il m'a fait énormément réfléchir. J'ai réappris à marcher et ce faisant j'ai souvent vu la pitié dans le regard des passants. Sans parler de ces remarques tristes que l'on entend dans son dos mais jamais en pleine face. La pitié est une sensation qui est remplie d'humiliation pour celui qui la reçoit. Je déteste la pitié. La pitié m'a appris les bases de la compassion et de l'empathie. Je n'ai de pitié pour personne mais de la compassion j'en ai beaucoup et souvent...

Bref, parler de ces douleurs de type herpétique que je découvre avec cette paralysie faciale m'est encore très difficile. D'après ce que j'en comprends, les douleurs herpétiques sont les pires douleurs névralgiques. Je confirme. Les vivre est un enfer que je ne souhaite à personne. Les vivre est digne d'un film d'horreur, d'un cauchemar à l'éveil, les vivre transforment mon âme. Mais comme je refuse de me laisser abattre, je choisis de les vivre et de grandir. D'utiliser la souffrance pour le meilleur plutôt que le pire. De cette souffrance que la vie me donne, je deviendrai une meilleure personne. De cette souffrance que la vie me donne, j'en tirerai les leçons nécessaires pour m'améliorer de l'intérieur. C'est un processus de fond qui se conjugue avec le processus de guérison.

Depuis que je suis sous morphine, je retrouve le temps qui passe. Les douleurs ne me contrôlent plus. Je reprends le contrôle. J'arrive à fonctionner, à penser, je revis. Je gagne quelques batailles en cette guerre personnelle. Fragilisée, je laisse les larmes couler puis je les sèche. J’apprends et comprends. Acharnée pour ne pas dire enragée, je vaincrai. Ainsi l'on peut dire que je vais mieux...

Traverser l'épreuve...

mercredi, février 23, 2011

Crédit photo: Marie-Julie
Depuis le matin du 6 février dernier où je me suis réveillée avec la moitié du visage paralysé, je combats avec volonté ce virus qui attaque mon nerf facial. C'est une épreuve qui fait dérailler mon quotidien et me transforme de l’intérieur. Une épreuve que je traverserai avec bravoure malgré l'incroyable douleur physique qui m'agresse la tête et les complexités émotionnelles qui s'ensuivent.

Présentement alors que je suis dans ma troisième semaine de maladie, je vois tout de même une subtile amélioration. Hyper médicamentée, la douleur commence à être un peu mieux maîtrisée et disons que la mobilité de mon visage figé s'est améliorée d'environ 25%. Pas assez pour dire que mes traits sont de nouveau symétriques mais assez pour continuer de cultiver l'espoir qui m'anime le coeur.

Mais ce billet n'est pas pour parler de ce malheur que je combats avec la rage d'une lionne en cage. Ce billet est pour parler de ce nuage de grâce sur lequel j'ai vogué durant deux heures dimanche dernier....

Virus d'enfer...

Tout a commencé lorsque j'ai raté l'occasion d'acheter des billets à temps pour le concert de Vanessa Paradis le 20 février à Montréal. J'apprécie Vanessa Paradis pour plusieurs raisons. J'aime sa voix qui me touche l'âme et son essence humaine éveille le meilleur en mon coeur. Aussi j'étais verte de constater que les billets pour le dernier concert de sa tournée acoustique s'étaient envolés comme des petits pains chauds! Tout le mois de janvier, j'ai pleurniché sur le sujet alors que la poussière des rénos s'accumulait en ma maison.

Et, ce dimanche maudit où un méchant virus m'a dérobé la moitié du visage, Juan avait prévu une soirée en amoureux. Ces soirées sont rares car Dieu sait combien me détacher  de ma fillette ne m'est point naturel. Aussi il avait tout organisé, faire garder ma puce, un souper au resto, un ciné. Ce que je ne savais pas par exemple c'est que la soirée était dédiée à me faire une surprise qui allait révolutionner mes idées empoussiérées.

Cependant, ce matin là, le malheur a frappé à ma porte et c'est sur un lit d’hôpital que je me suis retrouvée en soirée. Perfusée, électrogrammée, ultra angoissée. Mon homme à mon chevet. L'impression que ma vie me filait entre les doigts en même temps que ce coté de mon visage refusait de bouger et que la douleur aiguë emportait ma peau crispée. Dans l'attente du taco qui allait me dire si c'était mon cerveau qui prenait le bord ou un virus qui m'emportait, les larmes n'en finissaient plus de couler. Et c'est à ce moment là que Juan m'a dit:

- Tu sais, en fait la soirée que j'avais organisée était pour te faire une surprise. Je voulais te la donner, cachée dans ta serviette au resto mais je vais te le dire maintenant. C'était mon cadeau de Saint-Valentin. J'ai trouvé deux billets pour Vanessa!

Malgré la douleur et le stress du moment, cette nouvelle a eu le don de me relever l'esprit, le don de faire sourire ce coté du visage qui fonctionnait encore. Il m'a donné un but dans le temps. Il m'a démontré l'amour que Juan éprouve pour ma pomme après 10 ans de mariage.

D'humeur presque romantique, je suis allée au taco, le coeur un peu plus léger. Dans mon malheur, j'ai eu le bonheur d'apprendre que mon cerveau était encore en santé et que ce qui m'arrivait se nommait une paralysie de Bell. Avec du temps et du courage, j'avais une chance de m'en sortir...

Et puis alors que je combattais l'horreur jour après jour, l'envie d'aller voir le concert avec mon amie Marie-Julie s'est précisée. Je sais que mon homme n'est pas le plus fan de Vanessa, pour m'en persuader je l'ai gavé de Vanessa tandis qu'il soupirait en silence. Et c'est alors que je lui ai demandé:

- Dis, cela t’embêterait que j'aille au concert avec Marie-Ju??? Tu sais comment elle aime autant Vanessa que moi. Je pense qu'on aurait vraiment du fun toutes les deux...

Presque soulagé, mon homme s'est empressé d’acquiescer! Et Marie-Ju qui avait aussi raté l'occasion d'avoir des billets a vite accepté de m'accompagner (malgré l'état de mon visage). Pour arriver à me rendre à ce concert, j'ai bataillé mon corps avec vivacité et persévérance.

Un brin de paradis...

Le jour dit, alors que l'on s'apprête à partir en trio familial pour Montréal, j'ai déposé mon orgueil féminin au fond de mon âme. Avec un look de pirate pour le moins particulier, j'ai affronté ma réalité. Mon look a charmé Marie-Ju qui a voulu le mémoriser numériquement. Comme Marie-Ju est chère à mon coeur et qu'elle arrive à faire de moi ce que personne d'autre ne peut faire, je l'ai laissée faire. Après tout, il n'y a rien qui m'énerve plus que la lâcheté alors autant assumer ce qui m'arrive.

Et c'est ainsi que dimanche soir, 15 jours précisément après cette nuit d’hôpital qui m'a transportée en un petit enfer, je suis allée faire un tour de Paradis avec mon amie précieuse. Nos places étaient loin sur le balcon mais nous étions heureuses d'y être. Ensemble. L'on surplombait la scène comme sur un nuage. Et c'est de là que la magie a opéré...

Une luciole de féerie est apparue devant nous. Avec magnificence, elle nous a transportées dans un univers d'amour qu'elle irradiait d'une incroyable sensualité. Une sensualité ondulante pleine de charme et de pureté. Sur scène, elle s'est révélée la grâce incarnée. Aguicheuse de  bonheur, enrobée de cette gentillesse qui me transperce l'âme, elle semblait illuminée de l'intérieur. Quasi divine. Durant deux heures, Vanessa avait des airs de Paradis. Elle a donné une performance sans faille. Frôlant la perfection, elle a effacé toutes mes douleurs. Elle m'a reconnectée avec mon bonheur intérieur. Cette fille est une fée.

Grâce à elle, j'ai trouvé la force de poursuivre ce combat qui fait mon quotidien de février. Elle a même planté quelques graines dans l'invisible de ce jardin où je cultive mes espoirs. Pour cela, je l'aime davantage et dans cet invisible qui nous lie, je lui en suis éternellement reconnaissante.

Généreuse, radieuse, que personne ne vienne me dire qu'elle n'a pas de voix. Celui qui ose  ce blasphème devra affronter la lionne sous ma peau! Car sa voix est empreinte d'une justesse et d'une pureté digne des anges! Gainsbourg avait tort. Vanessa ce n'est pas l'enfer. Vanessa c'est le bonheur...


Pour finir en beauté cette soirée alors que Marie-Ju me quitte pour prendre son métro, je prends le chemin de mon hôtel à deux pas et voilà pas que ma copinaute Marie-Pierre me saute dans les bras! Non sans manquer de me faire une crise cardiaque. Ma vision périphérique n'étant pas des meilleures, elle est apparue dans mon champ de vision comme une surprenante gazelle! L'on papote du concert, excitées comme des puces, lorsqu'un homme nous accoste de loin et nous demande:

- Vanessa Paradis?

En choeur l'on répond:

- Oooouuuuiiiiiiii...

Et c'est alors qu'il nous lance, à chacune, quelque chose que l'on attrape par réflexe sans trop comprendre. À peine a-t-on le temps de se rendre compte que c'est deux t-shirts du concert qu'il a déjà disparu! L'on reste surprises, médusées, bouche bée. Acceptant la magie de l'instant, l'on se serre une dernière fois dans nos bras avant de reprendre le chemin de nos vies...


- Vanessa Paradis: le grand bonheur
- Sous hypnose avec Vanessa Paradis
- Vanessa Paradis à la PdA - Moiteur de star

Un brin de Paradis dans un virus d'enfer

samedi, février 19, 2011

Ecrire sur le mépris de la mort lorsqu'on est en santé, c'est écrire sur le mépris des riches lorsqu'on est dans l'opulence.
Elie Fréron

Le plus pauvre n'échangerait pas sa santé pour de l'argent, mais le plus riche donnerait tout son argent pour la santé.

Il faut gouverner la fortune comme la santé : en jouir quand elle est bonne, prendre patience quand elle est mauvaise.
François de La Rochefoucauld

...

Réflexions sous glace...

Réflexions sous glace

lundi, février 14, 2011

Alors qu'un ennui de santé subit me force au sérieux repos, les mots se font absorber par l'épreuve présente qui s'effacera surement dans le temps. La vie est pleine de bonds et rebonds. D'autres nouvelles sous peu. Merci de votre patience et bienveillance. Et bonne Saint Valentin à tous les amoureux...

Ennui de santé

vendredi, février 04, 2011

Techno-sauvage

Sauvage [sovaʒ] adjectif étym. v. 1130 salvage ◊ bas latin salvaticus, classique silvaticus, de silva « forêt » Famille étymologique ⇨ sauvage.

Depuis que je vis au coin de la forêt, je vis en accord avec la sauvage en mon sang, je l'embrasse entre deux arbres et un lac. Mais je suis une sauvage connectée. Semi sauvage mais complètement civilisée.

Selon mon cher Robert, sauvage et forêt ferait bon ménage. Être sauvage c'est être à l'état de nature, ne pas être modifié par l'homme. Être sauvage c'est vivre en liberté dans la nature et ne pas appartenir à l'expérience familière de l'homme. S'il existe ensuite multiples nuances de ce mot utilisé à toutes les sauces, c'est cette définition qui me sied à la lettre.

Vivre au quotidien en retrait de lac me permet de prendre une distance humaine. Je suis femme numérique et j'aime vivre à l'état de nature. J'aime me fondre en elle, oublier en son sein combien je suis bêtement humaine. J'aime me connecter à ma mère, la Terre. Dès que je m'y love. Je m'y retrouve. J'y ressens la beauté de l'invisible qui nous entoure. Je me connecte l'âme sur ces vibrations qui n'ont rien d'humaines mais qui élèvent tout humain qui s'y branche. Je m'y envole.

Cela dit, je reste humaine. Je dois construire et épanouir cette vie qui est mienne. Et j'ai été assez longtemps montréalaise pour comprendre que c'est aux cotés de la nature que réside mon équilibre intérieur. L'équilibre, ce fil de vie qui me balance la trentaine presque terminée. Cet équilibre qui n'est pas synonyme de banales platitudes mais de liberté maitrisée.

En mon équilibre humain s'insère le Web. J'aime le Web. Ce qui est paradoxal en soi. Je suis techno-sauvage. C'est grâce au Web que je peux vivre à l'état semi sauvage en coin de lac. Sans le Web, cela ne serait pas possible. Le Web est une ouverture sur l'humanité, l'espace où je vais la rencontrer. J'adore cette nouvelle dimension humaine qui trouble autant qu'elle fascine.

À petites doses, j'apprécie aller en ville. J'aime étudier les courants urbains qui y résident. Je rêve d'aller passer 4 jours à New-York. Les paradoxes font partie intégrante de l'humanité. Ils en dessinent les complexités. Les comprendre fait aussi partie de l'équilibre. J'ai quitté Montréal en 1996 et je me suis connectée au Web.

J'ai fait fait mes premiers pas sur la Toile en même temps que je me suis connectée à l'excellente nature que le Québec possède. La nature et le Web m'offrent cet espace de liberté qui me plait. Aujourd'hui, c'est vendredi merci et  je suis reconnaissante à la vie de pouvoir ainsi m'ensauvager...

Techno-sauvage

mercredi, février 02, 2011

Grandir...

Cette fin de semaine une fée est passée nous voir. Une petite fée d'enfance qui, selon M'zelle Soleil, n'apporte que des choses précieuses. Une fée bien connue qui échange des pièces d'or contre des dents de lait...

Au royaume de l'enfance c'est un concept "trippant". En mon imaginaire d'adulte, cela peut vite devenir "freakant". Heureusement cette gentille fée des dents est passée comme un charme. Ceci, pour le plus grand plaisir de Miss Soleil, si heureuse de se voir grandir.

Vendredi, alors que sa dent commence à sérieusement bouger, elle m'explique: "Maman, c'est vraiment impressionnant que ma dent va bientôt tomber! Vraiment je suis impressionnée!" Elle me pose ensuite une ribambelle de questions auxquelles je réponds tout en me remémorant les temps lointains de ma propre enfance.

Je la rassure et lui explique que c'est normal que cela fasse un peu mal, qu'elle ne doit pas s'inquiéter, que cela saignera surement un peu en tombant, que la fée des dents passera par là et que sa dent repoussera. "Mais maman, il va y avoir du SANG!!! Nan... mais c'est vraiment impressionnant!"

Deux jours plus tard, sa dent bouge tant qu'elle trouve compliqué de manger et s'exclame entre deux bouchées: "J'vous dis, ma dent, elle me fait voir de toutes les couleurs! J'ai hâte qu'elle tombe! Je vais être grande..." Dimanche soir, alors que son père touche sa dent, celle-ci lui reste entre les doigts!

Il appelle. J'accoure. L'on se regarde bouche bée. Voilà, on y est! 5 ans moins une dent! L'on se regarde avec la même pensée partagée:"Maudit que cela passe vite!" Elle est impressionnée. On est traumatisé. Adieu bébé. Adieu petite enfance. Notre petite fille devient grande...

M'zelle Soleil, la bouche en sang, sourit à "pleines dents". Son bonheur de grandir nous fait vite oublier cette petite tristesse que l'on ressent à voir filer le temps. Comme il se doit, l'on met la dent en une jolie boite que l'on dépose sous l'oreiller. Et une fois l'enfant endormie, l'on coure voir ce qu'il nous reste comme monnaie dans les poches!

Le lendemain matin la Miss trouve sa pièce. Dans ses pupilles qui pétillent la vie est pas mal belle. Elle me dit avec fierté: "Maman, maintenant je vais avoir des dents d'adultes comme toi!". Je la serre contre moi. Et je me dis que j'aimerais autant ralentir le temps qu'elle aimerait l'accélérer...


À 3 ans un enfant possède 20 dents de lait (8 incisives, 4 canines, 8 molaires). Les dents "d'adultes" rongent les racines des dents de lait par pression. Les dents de lait tombent vers 6-7 ans (parfois moins  parfois plus).  À 6 ans, un enfant possède 24 dents.  À 11 ans, les prémolaires remplacent les dents de lait et à 13 ans, ce sont les canines qui tombent. À 12 ans, un enfant aura 28 dents et c'est à 18 ans qu'il aura ses 32 dents! Dans la plupart des pays francophones, c'est la petite souris qui vient chercher la dent de lait. Les pays hispanophones ont aussi leur petite souris. Mais dans les cultures anglo-saxonnes et nordiques c'est une fée qui vient chercher les dents des enfants...

Quelques traditions d'antan via mapetitesouris.com

- En Australie, les mères aborigènes écrasaient les dents de lait pour en faire une poudre "magique" qu'elles buvaient.
- Les Vikings utilisaient les dents de lait car ils pensaient que celles-ci étaient magiques : les enfants recevaient une récompense en donnant leurs dents à leurs parents qui les portaient en bijoux et pendant leurs batailles. Les Vikings pensaient que le fait de porter ces dents de lait leur apportait toute la force et le pouvoir pour vaincre leurs ennemis.
- Les Egyptiens lançaient leurs dents vers le dieu Ra (le soleil). Ils pensaient que le soleil pouvait leur donner des dents définitives solides.

Grandir...

mardi, février 01, 2011

Lorsque l'on fête en un palais de glace...


Saviez-vous que l'hôtel de glace est fabriqué grâce à 500 tonnes de glace et 15 000 tonnes de neige? Une fois construit, il possède une superficie de 3000 mètres carrés et ses plus hauts plafonds mesurent 19 pieds de hauteur (5.4 métres). En plus de ses 36 chambres et suites, il possède une salle d'exposition, une chapelle et une longue glissade. Son bar de glace, qui fait aussi office de discothèque, peut contenir plus de 400 personnes et 150 autres peuvent se retrouver au Café Glacé...

Sa matière première est évidement la neige. Elle est fabriquée directement sur le site à l'aide de canons. Cette neige ultra dense devient aussi dure que de la glace. Elle est soufflée dans des moules de métal en forme de dôme. Selon la température, il faut entre 10 heures et trois jours pour retirer les moules d'acier. Les murs de l'hôtel de glace ont une épaisseur de plus d'un mètre (4 pieds). Les blocs de glace qui sont utilisés pour les colonnes, les meubles et la décoration intérieure sont produits par Artic Glacier.

Avec une température intérieure d'environ - 5 degrés,  il faut toujours se rappeler la technique des trois couches. La recette est simple et efficace! Il suffit de l'appliquer pour déambuler en tout confort. Ainsi la première couche intérieure est composée des sous-vêtements qui permettent à l'humidité de s'échapper. Le coton retient l'humidité, il est déconseillé de le porter. Par contre les vêtements synthétiques sont recommandés. La couche intermédiaire doit isoler l'air et contrôler l'humidité. Un chandail de flanelle ou un polar sont de mise. Ensuite la couche extérieure doit couper le vent et l'humidité. Il est aussi important de se couvrir la tête avec un chapeau qui protège les oreilles. Une écharpe chaude est nécessaire et des gants sont obligatoires. N'oublions pas que les verres sont aussi en glace!

L'on sait que des dizaines de milliers de touristes visitent l'hôtel chaque année. Ce dont on sait moins c'est combien les mariages y sont populaires. Particulièrement pour ceux qui vivent dans le sud. Pour ces gens là, venir se marier à l'hôtel de glace est fantasmagorique. Comme lorsqu'un québécois va se marier sur une plage entre deux palmiers! Les employés de l'hôtel ont toutes sortes d'anecdotes à raconter lorsqu'il est question de mariages givrés.

Aussi, il n'est pas rare de croiser des caméras au détour d'une de ses chambres! Et je je parle pas des milliers d'appareils numérique qui le mitraillent tout au long de son éphémère existence! Chaque année, des dizaines de tournages s'y déroulent, du plus coquin au plus commercial...

Lorsque l'on fête en un palais de glace...

D'hiver et de féerie...

Une autre semaine glacée en perspective. L'une de ces semaines à -30 dans le vent. Une semaine à grincer des dents sous le fouet de l'air ambiant...

Le froid est mordant. Il enserre nos quotidiens de sa toute puissance. Le positif de l'histoire est que lorsque revient -10, l'on en apprécie la douceur! Et l'on se dit, qu'un jour, il fera de nouveau zéro et que l'on aura presque chaud!

Fin janvier - début février est mon temps honnis de l'hiver, celui qui semble le plus long. Celui où l'envie de fuir dans le Sud hante l'esprit qui se glace au soleil.

Et c'est aussi le temps où se forme l'hôtel de glace. Un endroit né de notre rude hiver qui a l'étrange don de me réconcilier avec la saison polaire...

Je l'ai découvert, un peu par hasard, au début de l'année 2005. Il s'érigeait de l'autre coté du lac. Durant une fin de semaine particulièrement ensoleillée, l'envie nous a pris d'aller se promener sur le lac.

Une fois sur place, l'envie de le parcourir à pied a pris possession de nos pas. Deux petites heures plus tard, nous l'avions traversé. Et de l'autre coté du désert polaire nous est apparu l'hôtel de glace! Comme un mirage givré après l'effort...

Je crois que ce jour  là, un sort m'a été jeté.  Car depuis ce jour là, je suis sous le charme à chaque fois que j'en pénètre l'antre givrée. J'oublie alors le froid et je m'émerveille de la féerie qui y règne.

D'ailleurs j'adore aller y faire un tour quand il fait -30 dehors. À cette température là, il fait doux à l'intérieur de ses épais murs de neige, l'on s'y sent bien. C'est une sensation tout à fait particulière qu'il fait bon connaitre...

Ambassadrice de glace

À la fin de l'année 2005, après que mes photos de l'hôtel aient fait un petit tour du monde sur Flickr, j'ai été contactée pour "devenir ambassadrice". Depuis, chaque année, je vais de mon objectif capturer cet endroit surréaliste.

Mais cet hiver 2011 est différent des autres. Cette année, l'hôtel n'est plus de l'autre coté de mon lac. Cette année, il a déménagé en ville. Il ne fait plus partie de mon paysage, il fait désormais partie des nombreuses attractions de Québec.

Il installe ses quartiers dans l'ancien zoo de la ville (à 45 minutes de chez moi). J'en suis tristounette. Comme toute la région d'ailleurs. L'hôtel générait quelques dizaines d'emplois par saison et mettait certainement de la vie en notre coin de brousse figée dans le frette.

Aussi, cette année, c'est avec un serrement au cœur que je me suis rendue à l'autre bout de la ville pour aller retrouver ses pénates. Cela dit, une fois sur place, j'ai réalisé que je pouvais encore m'y sentir chez moi. Je pouvais continuer de l'aimer même s'il avait quitté mon environnement sauvage.


Du coin de mon lac à l'ancien zoo de Québec

Mais je dois avouer que son nouveau site me charme moins. La nature dont il faisait partie alors qu'il s'étendait en bord de lac ajoutait à son aura surréaliste. Il s'incorporait à son environnement nordique comme aucune maison humaine ne peut le faire. En ville, ce n'est plus tout à fait  pareil...

Alors que je me ballade en ses chambres, je retrouve mes habitudes acquises au fil du temps. De tout ce temps passé à m'en imprégner. Je remarque que cette année, l'équipe a mis le paquet sur les détails! La glace (et la neige) n'en finit plus d'être ciselée, dentelée, travaillée.Comme d'habitude, c'est magnifique. En mon œil averti, je déplore le manque de colonnes en son entrée (même si je m'extasie sur les détails de celles qui sont là). La glissade manque un peu de vitesse mais elle fait certainement le bonheur des petits et des grands...

Lorsque nous y remettons les pieds pour la première fois cette année, la fête d'inauguration bat son plein. M'zelle Soleil, heureuse comme une puce, retrouve ses repères et son enchantement. Je réalise à quel point l'hôtel fait partie de sa mémoire hivernale. Alors malgré son déménagement, nous y retournerons encore et encore pour apercevoir l'hiver sous un autre jour...


Il est à noter que le secret pour apprécier cet endroit glacé est d'y aller correctement habillé! Avoir de bonnes bottes est très important si l'on ne veut pas être frigorifié en deux temps trois mouvements. Même s'il fait - 5 à l'intérieur de l'hôtel, lorsque l'on a froid, la visite peut être pénible. En cette dimension hivernale, la mode en prend certainement pour son grade...

Comme l'on sait tous que c'est par les extrémités que l'on perd sa chaleur vitale! Alors il faut vraiment bien s'habiller pour que la magie opère. Tuque, foulard et gants sont obligatoires si l'on veut bien en profiter!

D'hiver et de féerie...