lundi, mars 23, 2020

Isolation volontaire en temps de pandémie

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Chroniques de Covid...


Deuxième semaine d'isolation volontaire en temps de pandémie. On s'y adapte.

Avec l'homme au télétravail et la puce sans école, nous nous organisons un horaire d'isolation pendant que monde se renferme sur lui-même.  Nous nous adaptons. Mon mari diabétique est à risque et j'ai vu assez d'hôpital en ces quatre dernières années pour n'avoir aucune envie de m'y retrouver de nouveau.

Ayant vu venir le trouble à l'horizon, nous étions préparés lorsque le monde s'est réveillé, enfermé en ses frontières. L'ironie d'avoir reçu nos passeports, périmés depuis deux ans, l'automne dernier ne m'échappe pas.

Mon homme est habitué à régulièrement télé-travailler, il s'y adapte bien. Nous en profitons pour instaurer des heures de bureau. Histoire de ne pas m'arracher les cheveux à le décoller de son écran!

Miss Soleil est déçue de la tournure des choses mais compréhensive. Elle qui excellait en son année, autant sur le plan académique que social, n'est pas heureuse de ne plus aller en classe. Elle s'en fait une raison qu'elle puise en l'amour profond qu'elle ressent pour ses parents. Elle me touche. Elle est cool. Elle préfére propager le message que le virus. Ce qu'elle fait, avec ses amis qui aimeraient bien la voir.

Quand le monde arrête de tourner

Elle avait plein de projets cool à vivre, dont un voyage scolaire à New-York avant de changer d'école. En tant que première ministre élue, elle participait à une initiative intéressante. Je chapeautais le projet depuis plusieurs semaines, pour la préparer avec sa coéquipière à cette expérience de niveau secondaire 5 alors qu'elle est en secondaire 2.

Je les ai fait travailler des heures et de heures afin qu'elles puissent comprendre et assurer cette simulation d'Assemblée qui aurait dû les emmener au Château Frontenac puis à Montréal. En notre trio familial, la puce avait le plus de projets, qui tombent à l'eau, en cours. Cela me peine pour elle.


Et je compte bien que l'on profite de cette parenthèse humaine pour vivre des moments qui resserrerons nos liens. Pour trouver des activités qui nous feront passer du temps ensemble. Pour créer des moments inédits en une période historique.

De mon coté, je travaillais fort pour revenir au monde qui tourne et mettre en place de nouveaux projets. Mais je n'en étais pas encore tout à fait là. Septembre était mon objectif de rentrée. Évidemment, je suis bien déçue de ne pouvoir poursuivre le fil de mes rééducations sociales en retournant en ville! Voilà trois ans que la maladie me confine. Je vais mieux. Et c'est maintenant le monde qui s'y met. À y perdre ce latin que je n'ai jamais appris!

Le coup de la fermeture des piscines a été mon plus gros coup personnel. Et la crainte de perdre la continuité de mes traitements médicaux. J'ai passé la semaine à voir comment j'allais m'arranger. Une nouvelle organisation de soins se met en place. 

Si mon chiro ne tombe pas malade,j'ai une chance de ne pas trop régresser. La clinique où je me fais traiter a mis en place de nouvelles mesures et ne traite plus que ses cas urgents. Ceux qui pourraient finir à l’hôpital sans traitement. Comme j'en fais partie, je peux continuer d'y aller. En faisant toujours très attention.

Mon osteo, revenue de voyage, est en quarantaine. Son remplaçant me prend en urgence aujourd'hui. Le seul écart que je dois faire en notre isolation volontaire est d'aller à la clinique, qui se situe à cinq kilomètres de ma maison.

Achever une rééducation physique de deux années en compagnie du Covid19 demande quelques réflexions et adaptation. Il me sera plus douloureux de continuer mes rééducations en  mode terrestre. Sans répit d'apesanteur. Mais quand il n'y a pas la possibilité de faire autrement, il fait faire avec! 

Essayer de compenser le manque à gagner en piscine avec des marches hebdomadaires. Objectif en cours, accumuler 2000 pas par jour, en espérant ne pas perdre l'acquis de deux dures années de travail de rééducation physique. Sachant qu'il y a un an de cela, ma capacité de marche tournait autour de 200 pas avant que mon dos ne crie grâce.

S'adapter pour avancer est un art de vivre que nous pratiquons depuis bien des années. Être confinés en coin de lac offre plein d'air pur, de silence et d'espace où patienter. Nous avons conscience du privilège de vivre en nature et dans une province qui prend les mesures nécessaires pour essayer d'éviter l'hécatombe italienne.

L'attitude de chacun déterminera le bien de tous. Habituellement l'attitude de chacun n'a de répercussions que sur lui-même ou son cercle proche. Ce qui permet à chacun de développer son individualité à gogo.

Désormais l'attitude de chacun est un maillon important de la chaîne humaine qui gardera l'ordre social en place, ou le fera dangereusement tanguer...

En notre coin de brousse, l'on a appris à transformer la fatalité en force. L'on a appris à persévérer dans les difficultés. L'on a appris à s'adapter et à évoluer. J'ai appris à survivre en d'intolérables douleurs. J'ai appris à les traverser sans lâcher. J'ai appris à transformer le pire en force.

En ce monde qui se referme sur lui même, je me reconnecte. Je m'ouvre de nouveau. Revenir à la vie durant une quarantaine mondiale est très étrange. Bref, au Québec, ce n'est pas encore la fin du monde. Peut-être est-ce juste le début d'un nouveau. En notre coin de lac, c'est surtout l'hiver. Un p'tit -20 avec ça?

En notre organisation de maison, il y a une marche hebdomadaire. En coin de forêt ou sur le lac, selon les lumières ou les humeurs. Un copain voisin nous y rejoint parfois. On pratique la distanciation sociale, les hommes papotent à trois mètres de distance, et l'on avance. Un jour après l'autre...


En notre organisation de maison, il y a une sortie hebdomadaire à l'épicerie, durant les heures où personne n'y traîne. L'on désinfecte tout ce qui entre dans la maison. Qui se transforme en zone verte au fil des jours qui nous isolent. J'ai aussi décidé de revenir nourrir ce coin de Web chaque jour.

Cette semaine, la transmission communautaire débute au Québec, est-ce le début ou la fin? Nul le sait. À chacun d'en choisir l'attitude à développer en les prochains mois pour que le meilleur en ressorte plutôt que le pire.

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