vendredi, février 01, 2008

Début d'après midi et de tempête, la matinée s'est dépeinte sous un ciel laiteux, M'zelle Soleil éclaire la maison de ses façons enfantines, toujours cette impression de vivre en noir et blanc dès que je regarde par la fenêtre. L'enfant sage fait la sieste. Les arbres dénudés se teintent de nuances de gris alors que les sapins sombres font contraste avec le ciel qui se fond dans la neige omniprésente. L'on attend un autre trente centimètres, cela commence à tomber. C'est le temps de me choisir une expression à décortiquer avec cette semaine qui s'achève. ..

EXPRESSION via Expresio.fr
« Le téléphone arabe »

SIGNIFICATION
Transmission très rapide d'une information par le bouche à oreille

ORIGINE
Pourquoi 'téléphone', alors qu'il ne s'agit que d'une transmission de personne à personne ? Simplement parce que l'information circule si étonnamment vite qu'elle peut donner l'impression que les deux personnes placées aux extrémités de la chaîne de transmission ont utilisé un téléphone. Et aussi, avec un peu d'ironie, pour montrer que même sans moyens de communications évolués, une information peut parfaitement et rapidement se propager.

Et pourquoi 'arabe' ? Parce que l'expression est née au XXe siècle par référence aux pays nords-africains pendant la colonisation, pays où, avant que les technologies modernes ne s'y répandent, les informations importantes circulaient déjà très rapidement par le bouche à oreille, via des messagers ou des informateurs. Mais on a aussi employé la forme "téléphone de brousse", qui fait cette fois référence à l'Afrique noire où le même genre de transmission orale rapide existe.

EXEMPLE
« La nouvelle tendance publicitaire cherche donc à exploiter un outil de communication vieux comme le monde : le bouche-à-oreille [...]. D’après une étude réalisée par McKinsey en 2001, 67% des ventes sont en effet influencées par le téléphone arabe. Fini le placard publicitaire ou la pub télé dont tout le monde profite pour aller aux toilettes : c’est désormais votre voisin qui vous conseille une marque de voiture ou votre meilleure amie, un certain rouge à lèvres. »
Le nouvel observateur - Article du 3 juillet 2003

Le téléphone arabe

jeudi, janvier 31, 2008

En vrac de jour

Aujourd'hui Juan a 28 ans. Je l'ai rencontré alors qu'il venait d'en avoir 19. Les années passent et les sentiments que je ressens pour lui s'approfondissent toujours davantage. Ils prennent racine en mon coeur, ils habitent mon âme, ils font partie intégrante de ma vie. Il m'aime comme personne avant lui n'avait su me le montrer. Il m'est unique. Son existence m'est plus précieuse que la mienne. Plus le temps passe et plus je réalise à quel point je l'aime. Tout simplement. Viscéralement. Dans le meilleur et le pire. En notre quotidien partagé je profite de cet amour qui nous unit, qui nous harmonise. J'aime et j'apprécie ses qualités tout comme je supporte et comprends ses défauts. J'accepte ses imperfections car je sais qu'il m'est parfait. J'espère continuer de vieillir encore longtemps à ses cotés...

Aujourd'hui c'est son anniversaire, je chasse ma mauvaise humeur matinale (j'ai les matins grognons, je fais la moue, je ronchonne mais jamais il ne m'en veut, dans tous mes états, il accepte de m'aimer) il est d'humeur coquine, je lui offre une gâterie amoureuse au réveil (en attendant le gâteau chocolat de ce soir). M'zelle Soleil émerge de sa chambre pour lui chanter sa fête. Il commence sa journée dans le bonheur et la tendresse. Il part pour son bureau le sourire au lèvres. Je commence la mienne sans elle qui va s'amuser à la piscine, en ville, avec sa grand-mère.

Aujourd'hui j'écris. Tiraillée entre deux histoires diamétralement opposées, je m'écartèle les idées entre un vaisseau spatial totalement fictif et un fantôme presque réel. Musiques et solitudes. Journées d’écriture sur fond monochrome d’hiver glacé. Retrouver des routines perdues entre deux élans maternels. Retrouver des barques de mots sur un lac d’éternité. Manquer l’enfant à s’en étouffer le cœur. Souffrir. Tension émotive. Se remettre à produire, saisir, contenir. Travailler. S’épanouir. Vivre. Être.


Yael Naim "Too Long" @ Trabendo Sessions (Paris)

Au détour d’un chemin invisible, je découvre ce blogue qui donne la parole aux auteurs, je m’y perds quelques instants pertinents…

En vrac de jour

mercredi, janvier 30, 2008

Soir d’inauguration glacée…

Il fait -30 sous les étoiles. Nous nous habillons chaudement, couches par dessus couches, nous nous armons contre l’hiver. Nous sortons bien emmitouflés, ce n’est pas le genre de soirée où l’on se fait beau, c’est le genre de soirée où l’on se fait chaud. Dès que je mets un pied dehors et que je respire ma première bouffée d’air mes narines se givrent! L’homme marmonne. Je grogne. En quelques minutes de voiture, nous arrivons bien gelés devant cet igloo fantastique…

My creation

Il y a plus de monde que les autres années, l’endroit est bondé à pleine capacité, un amuseur de feu éclaire l’entrée. Cela grouille de partout. Un groupe de rock remue l’air de la discothèque. Il y a assez de monde pour que cela génère une chaleur humaine presque palpable. L’extérieur est glacial, l’intérieur est confortable...

Party-in-Ice Chillin'-I

C’est le temps des feux d’artifices, la foule se presse dans l’immense cour intérieure de ce palais arctique. Le spectacle est à couper le souffle, la foule réchauffe la nuit et les regards s’extasient…

Feux de nuit Feux de nuit

Une fois les feux terminés, la foule migre de nouveau dans les entrailles de cette incroyable construction. Le groupe de rock n’est pas mauvais, il fait de bonnes reprises et le chanteur se prend tant pour Bono qu'il s’y croit assez pour faire lever la fête sous les voutes de neige. La musique nous enivre. L'on danse avec tout le bonheur d'avoir chaud...

My creation

L’on s’attarde au Lounge où l’on boit un verre de glace en amoureux. Moi qui ne tient d'habitude point l'alcool le supporte plutôt bien en ces murs d'hiver qui me rafraichissent l'esprit. Je sirote avec gourmandise mon amarula sur glace. L’endroit fait entièrement de neige absorbe les sons et les étouffent en une étrange ambiance fraiche et feutrée. L’on peut danser sur les tables de glace de la discothèque et parler paisiblement dans la salle voisine en oubliant complètement l’atmosphère survoltée qui s’éclate à deux pas, cela a un petit coté "romantico-magique". L'on se serre l'un contre l'autre...

Soirée-inauguration-III

L’on rencontre des connaissances, la soirée est belle, la lune brille dans un ciel d’encre, l’atmosphère est si aimable que l’on s’attarde plus longtemps que l’on ne l’avait prévu. Au final, cette soirée nous a enchanté malgré nous. Cette fois-ci encore, la féérie de l'endroit nous aura emporté les idées. Plein de bonne humeur, l’on rentre dans la nuit congelée le sourire givré sur les lèvres…

Ice Hotel

Soir d’inauguration glacée…

Journée qui dégouline

Après le froid qui brûle la peau, après la neige qui tombe à gros flocons, voici la pluie qui dégouline avec les températures qui oscillent.

Je n’aime pas la pluie qui dégouline en plein mois de janvier. Je n’adore pas les grands froids mais je les respecte tandis que cette pluie ne me dit rien de bon qui vaille. Elle ne fait que confirmer mes craintes en ce qui concerne la santé de la planète, mes craintes en ce qui concerne l’avenir de nos enfants…

Je ne crois pas que nous pouvons tuer la planète. La planète survivra bien après nous d’une façon ou d’une autre, la planète se remettra de toutes sortes de cataclysmes possibles, la nature n’a pas besoin de nous de survivre. Ce qui n’est pas notre cas, si nous déséquilibrons la planète sans nous préoccuper de ce qui pourrait nous arriver, méritons-nous vraiment les bienfaits qu’elle nous offre. Si nous pillons, détruisons, polluons sans jamais nous remettre en question ne méritons-nous pas une bonne leçon?

Je crois, tout comme les premiers habitants de ce continent, que la Terre est ma mère. Elle est la mère de toute l’humanité et si nous nous conduisions comme des moins que rien, elle a tous les droits de nous remettre dans le bon chemin. À chaque fois que je vois « Sauvez la planète » à chaque fois que j’entends cette phrase de plus en plus présente dans les conversations humaines, j’ai les poils qui se hérissent et les pensées qui maugréent « Mouais, c’est pas la planète qu’il faut sauvez bande d’abrutis, c’est nous même que nous devons sauver de notre propre connerie!!! »

L’homme m’explique sa théorie, il croit que l’humanité évolue au fil des générations car l’on veut toujours essayer de faire mieux que ses parents. C’est ainsi, d’après lui, que petit à petit mais à grande échelle, l’humain s’améliore, progresse, évolue. J’aime bien sa théorie de l’évolution humaine. J’aime cet optimisme qu’il porte en lui. Il possède une noblesse de cœur et d’esprit qui me donne espoir en ce monde meilleur auquel j’aspire…

En ce monde meilleur où nos enfants devront trouver les manières intelligentes pour vivre en harmonie avec leurs pairs et cette nature qui les protège, qui les nourrit, qui les fait vivre. Arriverons-nous un jour à vivre en accord avec cette si jolie planète bleue? Une planète exceptionnelle puisque du peu que l’on connaisse de la galaxie, nous savons qu’elle est de nature rare. Les planètes aussi agréables que la notre ne courent pas l’univers, une raison de plus pour en prendre soin. Je jette un œil dehors pour voir une poudrerie de neige remplacer la pluie liquide. La température redescend. L'air blanchit le paysage mouillé. Les flocons s'épaississent et dansent avec les vents fous. L'hiver revient à la charge...

Jour de pluie

lundi, janvier 28, 2008

En transition,

Le froid qui cryogène mes jours me pousse à une intime introspection. J’ai recommencé à écrire de la fiction, j’ai recommencé à regarder aller tout le « houpla » littéraire. Je n’ai pas encore décidé de reprendre la traduction. Je me détache avec peine de mon enfant sereine. Autonome, ma profession quelle qu’elle soit se doit d’être de la catégorie des travailleurs autonomes. Je suis pigiste dans l’âme et auteure de cœur. Ma liberté intérieure est plus puissante que toutes les tentations matérielles. J'ai la solitude comme fidèle collègue...

Depuis deux ans, je suis Maman (dans un premier temps en convalescence puis pleinement consciente de ce quotidien dédié à mon bébé, de cette vie de couches et de biberons qui élève le petit être vers une autonomie de fond). Deux ans tournés vers ma fille qui est désormais bien autonome. M'zelle Soleil a aussi besoin de se frotter aux autres. Vigilante, je la laisse aller expérimenter sa vie. Deux jours, avec d'autres enfants, chez Manon et depuis peu une journée chez sa grand-mère avec qui elle va à la piscine. Elle me manque plus que je ne lui manque. Même si pour la première fois de sa vie, elle commence à ressentir mon absence. Je le sens dans cette nouvelle affection dont elle me caresse tendrement, elle me serre plus fort, elle me câline plus souvent et l’on dirait bien qu’elle commence à apprécier ma compagnie plutôt que de la trouver acquise. Quant à moi, je dois désormais retrouver mon autonomie personnelle.

C’est avec des bouffées de froid arctique que je planifie mes mois à venir. Accompagnée de ce froid glacial, je me reconstruis. Ce froid incroyable, celui qui dépasse facilement la barre des -20 est une entité en soi. Connaitre ce type de froid est à mon avis une expérience terrienne qui renforce et humanise à la fois. Par une étrange circonstance que je ne comprends guère, l’intensité du froid m’éloigne de l’ordinateur. Plus il fait froid et moins j’ai envie de m’asseoir pour me « virtualiser » la pomme. L’écran me donne soudainement des boutons, je ne désire que l’éviter. Je ne supporte que « Word » et sa page blanche...

Les températures remontent, il fait -10 au soleil, c’est presque doux et c’est définitivement agréable. La fin de semaine à été superbe, une petite fête à la maison en soirée de samedi, beaucoup de chaleur humaine, des rires et de partage. Beaucoup d'amour entre lui et moi. Une petite fille pleine de bonheur et de caractère. Mon amie Dee s'exclame "Vive la vie" à chaque fois qu'elle passe du temps avec Lily. Cet enfant respire la joie de vivre qui émane de toutes les vibrations de son petit être. Je me sens honorée d'être sa mère. Lorsque je la regarde exister si joliment, je ressens l'envie de donner naissance à un autre petit être issu de notre amour consommé. Et puis je n'aime pas trop l'idée d'en faire une enfant unique...

Aujourd’hui j’ai décidé de prendre l’auto. Nous avons déposé l’enfant chez Manon, j’ai déposé l’homme à son bureau en ville. Sur le chemin du retour je me suis arrêté à ce centre où je sculpte les détails de ma chair. Commencer la semaine en se bottant bien les fesses de plus en plus dures, c’est une bonne manière de se prendre en main. Enfermée dans une bulle musicale, j’offre à mon corps le respect qu’il mérite en le malmenant volontairement. Après plus d’une année disciplinée à faire des poids et du cardio, je possède désormais une musculature de fond qui m’épate. Mon endurance grandit et mes douleurs changent de forme. Peu à peu je retrouve le goût d'être belle.

Contre toutes attentes, ces nouveaux muscles commencent à chuchoter sous ma peau. Ils aiment brûler la graisse qui les entoure, ils y prennent en malin plaisir que j’approuve. Entre mes muscles et ma tête, une nouvelle relation se développe. Désormais si je ne vais pas assez m’entraîner mes muscles me font la gueule, ils me minent subtilement le moral, ils réclament leur dû d’efforts et de sueur. Puis à ma grande surprise ils me remercient en accentuant mon bien-être lorsqu’ils sont satisfaits. Mon corps est en pleine transition. À ce rythme là il aura bientôt vaincu la bête de graisse qui l’a transformé en un coup de grossesse. Mon corps combattant s’en trouvera amélioré avec juste la peau du ventre un peu fripée. J’aperçois la lumière au bout du tunnel. Je vois se rapprocher le but sans trop savoir sur quel pied danser.

De plus en plus souvent, Juan me parle d’un petit frère ou d’une petite sœur pour M'zelle Soleil. Il sait qu’il est hors de question que je ne soumette mon corps à une nouvelle grossesse tant que celui-ci ne sera pas au top de sa forme. Plus l’homme voit que je m’en approche, plus son envie de bébé se fait ressentir. Plus je le trouve mignon et touchant, plus il me fait craquer et plus j’ai envie de féconder! Plus je m’approche de mon objectif santé et plus j’arrive à concevoir l’idée de me relancer dans une autre aventure de gestation. Je ne suis pas une bonne pondeuse, je doute que la prochaine grossesse passe comme une lettre à la poste. Et pourtant il semble que je fasse de jolis poussins! Certaines de mes copines se foutent un peu de moi, elles n’arrivent pas à croire que je peux m'entrainer de la sorte tout en sachant que c’est pour recommencer à grossir. Yep, l’ironie de la vie est un concept qui souvent me fascine…

Je ne veux même pas penser à ma carrière puisque l'idée d'un autre enfant met obligatoirement celle-ci en suspension. La traduction me glisse entre les doigts comme une anguille enduite d'huile d'olive! Heureusement que l'écriture vit dans une autre dimension d'existence qui cohabite sans trop de mal avec mes choix de vie. Enfin on va au moins essayer de garder la traduction vivante en mes sens, afin que je puisse la chevaucher de nouveau d'ici que "mes" enfants soient rendus à l'école. En ces mots l'avenir aspire mon présent, je me secoue les puces en délire.

Comme le soleil brille avec passion et que pour une fois je ne suis pas à pieds, je vais en profiter pour aller capturer des effets de jour et de glace en ce palais de froid qui me réconcilie avec les rudesses de l'hiver. À suivre…

En transition,

jeudi, janvier 24, 2008

Au creux de l'hiver

Alors que l'hiver reprend de ses forces arctiques, la journée se déroule dans un froid mortel sous un soleil de glace. Je ne mets pas un pied dehors. Ce soir, c'est l'inauguration de l'hôtel de glace, ceci veut dire cérémonie et célébrations en plein air! J'en grelote d'avance. Comme si chaque inauguration devait se tenir durant les nuits les plus froides de l'hiver. Évidement c'est de circonstance...

Cela va être tout un défi photographique. À cette température là, le froid pince tant qu'il brûle! Je deviens une experte de la photographie en conditions extrêmes. Si la température ressentie dépasse le -30, je ne suis pas sure d'en ramener les meilleures prises! Enfin, il y a toujours l'hôtel où se réfugier puisqu'à l'intérieur il ne fera qu'un tout petit -5! Accompagnée de mon homme pour me réchauffer je vais courageusement aller mettre mes deux pieds dehors et essayer de ne pas perdre mes doigts sous les étoiles....

* T. ressentie: -28
* Vents: O 19km/h
* Humidité relative: 49%
* Pression: 101.91 kPa
* Visibilité: 24.0 km
* Plafond: illimité

-28

mercredi, janvier 23, 2008

Grandir.

Petite filleJeu de fillette

Il neige, il neige et il neige encore. Le ciel se voile d'ivoire. Le soleil lunaire éclaire les journées blanches qui se suivent et se ressemblent. Je vis en un monde monochrome. Par la magie de la Toile et d’envies féminines, je découvre une voisine de brousse. S'en suit une visite amicale qui illumine ma morosité matinale. Mon enfant sommeille, la solitude feutrée de la journée est à son comble…

Quelques instants de liberté pour accrocher quelques mots éparpillés. Depuis des semaines, j’ai cette impression partagée par mon homme que nous vivons des moments bénis avec notre brin de fille. La petite enfance est une période merveilleuse pleine de curiosités, de découvertes, d’émerveillements, d’apprentissages, de pureté et d’innocence. M’zelle Soleil habite la maison de ses vibrations angéliques, c'est ainsi qu'elle nous donne, au quotidien, des petits goûts de paradis humain. L'amour est au beau fixe. Elle nous fait rire, elle nous inspire, elle nous fait réfléchir. Bien-sur le revers de la médaille et que l’on doit sérieusement commencer à éduquer plutôt que poupouner. Éduquer c’est bien, c'est difficile, c 'est complexe (il n'y a pas de recette toute faite), c'est inspirant, c'est notre touche sur l'avenir. Par contre la discipline qui enrobe cet épineux concept est plus ou moins intéressante. Je n’aime pas me raffermir le ton pour le rendre net et tranchant, pour faire monter le nuage de menace en mes yeux et dire d’un ton sec :

- Lily-Soleil, veux-tu que je me fâche???

C’est présentement la phrase qui constitue ma limite. Une phrase qu’elle ne cherche pas souvent à dépasser. Je lui en sais gré. Je n’aimerais pas devoir me fâcher six fois par jour. Il y a donc cette discipline à conquérir, rester ferme et calme. Stimuler ses neurones, tisser le fil de ses réalités. Grande est l'influence du parent sur le petit enfant innocent! Lui offrir un environnement paisible et cohérent. Il y a cette stabilité à acquérir, cette routine à maîtriser pour que l’enfant ait des repères concrets, pour qu’il puisse se construire en un terrain vierge de mines. J’ai lu quelque part que l’enfant était comme un canevas blanc sur lequel les parents dessinaient leur futur. Tout cela pour dire que l’on récolte les graines que l’on sème! La petite enfance est un terreau fertile. Il ne faut pas se tromper dans la variété des graines que l’on y plante…

Pour l’instant je cultive des pousses de bonheur, de respect et de compréhensions. Cela ne lui fera certainement pas de mal si je lui offre un début de vie avec des moindres maux. Un début de vie ouatée par mes bons soins, sans violence et sans haine, sans méchanceté ni vulgarité. Je sais que cela ne correspond pas à certaines théories adultes mais c’est ainsi que j’ai décidé d’exercer ma mamamitude. Juan soutient ma cause. Je sais bien que la vie est amère et j’anticipe avec horreur le jour où son innocence enfantine s’effritera sous les compréhensions de la cruauté humaine. J’espère que l’éclatement de sa bulle se fera graduellement, sans heurt brutal. Je sais bien qu'un jour elle réalisera que certaines facettes de l'humanité ne sont pas belles à voir. D'ici là, j'aimerai lui donner le plus d'armes possibles. Je sais bien que la vie se chargera de lui mettre des obstacles sur son chemin, j’espère qu’elle aura la force de les dépasser sans gravement se blesser. J'utilise l'espérance pour mieux diminuer mes angoisses maternelles. J'espère (comme une prière), je cultive des jardins abstraits et je conjugue ma vie à la sienne, à la nôtre...

Je sais que nous vivons présentement une période bénie où le petit humain que l’on chérit éclot en une jolie personne autonome. Je m'égratigne le coeur à me détacher un peu, à me reculer pour ne point l'étouffer, pour laisser la vie faire ses propres leçons. Je sens que ce processus me sera douloureux. Je prie pour que la vie lui soit douce. M'zelle Soleil se découvre la personnalité à nos yeux emplis d’émotions. Je m’en gave les yeux et le cœur. Elle m'est exquise. L'homme la trouve si délicieuse que parfois après une séance d'enfance particulièrement affectueuse il s'exclame:

- Je sais pas comment je vais pouvoir faire...
- Quand elle va te quitter?
- Oui, je n'ai jamais été quitté...
- Cela va te briser le coeur...
- Arrêtes tu me fais mal rien qu'à y penser!

J'ai lu quelque part que l'on élevait nos enfants pour qu'ils nous quittent. Lorsque j'en ai parlé avec Juan, je l'ai vu pâlir devant cette vérité. L'homme et l'enfant s'aiment d'un amour teinté d'Oedipe qui me fascine. Je n'ai pas la même relation que lui avec ma fille, parfois je me sens un peu rejetée devant leur union en pleine fusion mais je ne le prends pas personnel. L'homme ne me laisse jamais longtemps dans le champ, de plus je ne crois pas que mon coeur se brisera le jour où elle vivra ses premiers amours...

Je vois son visage et son corps changer, je la vois grandir, sans trouble d'éveil, je la vois s’épanouir et s’affirmer. Je remercie le ciel de la santé qu’elle possède. C’est une enfant précieuse qui nous apporte en ses gestes gratuits des petites gouttes de paradis, des capsules de bonheur qui nous irradient l’esprit. À travers elle, je crois bien que nous grandissons aussi pas mal plus que nous nous en rendons compte…

Inspiration enfantine

Grandir.

mardi, janvier 22, 2008

Se promener...

My creation

Atmosphères boisées...

Une carrière réussie est une chose merveilleuse, mais on ne peut pas se pelotonner contre elle, la nuit, quand on a froid l'hiver.
Marilyn Monroe

Et le moindre moment d'un bonheur souhaité Vaut mieux qu'une si froide et vaine éternité.
Pierre Corneille

L'hiver, cette saison de silence froid, mais aussi d'attente féconde.
Danièle et Stefan Satrenkyi

brrrr...

lundi, janvier 21, 2008

Être nordique

Sensations frileuses au réveil, point de rosée -28 degrés. Le froid enserre la maison de ses griffes de givre qui recouvrent les fenêtres. Moins 41 dans le vent prévient la chaîne météo. L'hiver retrouve un soupçon de force.

Huit heures du matin, le ciel est pervenche. Le soleil se lève, éclatant, il fait étinceler le paysage immaculé de neige fraiche. Entre les arbres de la forêt j'observe peu de courants d’air. J'habille chaudement mon enfant enchantée tandis que l'homme en retard se prépare. M'zelle Soleil a bien hâte de revoir ses petits amis. Elle gazouille gaiement. Elle se fout du temps qu'il fait. L'homme prie pour que démarre son "char"...

Neuf heures du matin, l'homme et l'enfant ont ouvert la porte, le soleil s'est mélangé à la vague de froid qui a pénétré la maison. Mes amours se sont faufilés dans l'air frigorifié. La voiture a démarré. L’air fige le temps, tout est congelé sur place, il fait plus "frette" que "frette". Sensations de faiblesses. Travailler à ces concentrations personnelles qui font avancer l'esprit coincé sous une couche de givre. La matinée est superbe, traitresse, aussi belle que gelée.

Dix heures du matin, de légers vents viennent effleurer les cimes des arbres, ceci brise le charme de suspension temporelle qui m'hypnotisait subtilement. Un soleil glacé vibre dans la pureté du ciel. De légers vents s'éveillent. Ils soulèvent la poudrerie qui scintille dans les rayons de cette vive lumière qui m'éblouit. Ce n'est pas moi qui mettrai le nez dehors aujourd'hui! Lovée en une bulle de chaleur moderne, je m'exile les idées entre deux tâches quotidiennes...

Être nordique

dimanche, janvier 20, 2008

La fiction de Zélie

J’ai rattrouppé toutes les nouvelles qui traînaient en ce jardin virtuel. J’en ai trouvé presque vingt en son sein. Dix neuf en fait mais une vingtième a soudainement germé en mes idées durant la dernière semaine…

Certains de ces brouillons de nouvelles ne sont formés que de quelques centaines de mots alors que d’autres en comptent des milliers. J'ai laissé de coté les brouillons de nouvelles qui ont déjà été publiées sur papier même si certaines histoires seraient à explorer davantage.

De certaines je me souviens à peine alors que d'autres restent bien ancrées en mon esprit qui patiente. Mais qui se souvient de Goom, de Maria ou de Sarah? Il fut un temps où ce petit coin de toile se tissait les fils de mes diverses fictions. "Avec le temps va tout s'en va" dit la chanson d'antan mais avec la Toile va tout s'archive! D'ailleurs la version en pâte à modeler que fit Julie de mon Goom est désormais sur YouTube...

Cependant il m’est impossible de me « recueillir » car ces histoires sont de tous genres, de la sorcière perdue dans une clairière à une jeune femme rebelle sous le régime nazi, il y a trop de pas à franchir pour pouvoir les lier en un même ouvrage. Ce sera donc une histoire à la fois que je reprendrai du service...

Évidemment il m’est venu l'inspiration de commencer par celle qui était la plus inachevée du lot! C'est aussi la dernière archivée ici. Depuis quelques semaines, j’ai commencé à la triturer pour mieux l'absorber. C'est une bonne histoire pour me remettre la main à la pâte. J'ai bien avancé sur ce sujet, cette fiction se développe avec facilité en mes idées. Elle déroule son histoire sur mon clavier qui caquète de nouveau sous les élans de mon imagination. Elle prend doucement forme même si elle n’a pas encore de titre précis. En voici un bref extrait...

« (…) Ses doigts s’agitent dans le vide. Elle se laisse porter par cette fatigue qui l’enrobe toute entière. En son sommeil tourmenté, Zélie explore un monde qu’elle ne comprend pas. Des couleurs irisées l’éblouissent. Des sons distortionnés l’intriguent. Elle cherche des repères dans cet univers inconnu. Elle sombre. D'étranges créatures auscultent son corps. Une trouble frayeur s’empare de ses sens. Zélie cherche le contact de son homme mais ne le trouve pas. Elle se tourne et retourne, elle le cherche, elle s’étonne de cette absence sans arriver à franchir la frontière du réveil. Elle frissonne de la tête aux pieds. Elle a froid. Trop fatiguée pour s’inquiéter davantage, elle se laisse bercer par ce vrombissement qui l’assoupit inexorablement. Le temps se fige. Elle dérive.

Elle sent pointer ses mamelons durcis. Elle sent monter le lait en ses seins gonflés. Une douleur sourde lui vrille la poitrine. D’un coup, l’impression de se faire téter lui parcoure la chair. Elle se cambre, elle résiste, elle essaie de repousser cette bouche frigide. Elle n’arrive pas à se réveiller. Son esprit se débat mais son corps ne répond plus. Sa volonté fond comme neige au soleil. La fatigue, tentaculaire, l'emporte. Elle n’a plus la force de se débattre. Trop épuisée pour batailler, elle imagine que son homme a pris le petit affamé. Elle plonge encore plus profondément dans cet incompréhensible songe. Il l’aura emmené dans leur lit pour qu’elle puisse l’allaiter sans bouger. Elle est si fatiguée. Elle se rassure. Elle se détend. Toujours ce même vrombissement pour bercer ces sensations étranges qu’elle n’arrive pas à déchiffrer. Elle essaie de décrypter ce qu’elle ressent sans y parvenir. Elle s'inquiète. Sa peau nue se couvre de frissons. (…) »

La fiction de Zélie

samedi, janvier 19, 2008

Plusieurs de mes "expressions choisies de la semaine" sont en fait des hommages à ma Mère-grand disparue. Des instants souvenirs qui me font chaud au coeur et me rappellent à mes racines. Celle de cette semaine se situe en plein dan ce jardin d'émotions là...

Mon enfance a été bercé par cette expression, ma grand-mère aimait beaucoup l'utiliser, ma grand-mère était, je crois, très bavarde. C'est une expression que j'ai toujours trouvée "drolette", bourrichon était l'un de ces mots qui, petite fille, me faisaient sourire à chaque fois. En mon présent, je ne l'entends plus, je ne la pratique pas non plus mais lorsque je la lis, c'est la voix de ma grand-mère que j'entends résonner en mon coeur...

EXPRESSION via Expressio.fr
« Se monter le bourrichon / Monter le bourrichon (à quelqu'un) »

SIGNIFICATION
Se faire des illusions / Exciter l'imagination (de quelqu'un), monter une personne contre une autre.

ORIGINE
'Bourrichon' est un mot apparu pour la première fois en 1860 chez Gustave Flaubert. Il vient de la 'bourriche' qui désignait autrefois un panier sans anses servant à transporter du gibier, du poissons, des fruits ou même des huîtres (ce qui explique notre "bourriche d'huîtres" actuelle). En argot, en effet, il est fréquent que la tête soit appelée par le nom d'un récipient comme la carafe, la tirelire, la fiole ou la cafetière. Et c'est encore ce que désigne ici la bourriche ou le bourrichon. Cette expression n'est donc qu'une variante argotique de "se monter la tête" ou de "monter la tête à quelqu'un", le verbe monter ayant ici le sens de "accroître la valeur, la force, l'intensité, la consistance de quelque chose".

EXEMPLE
« Oh ! comme il faut se monter le bourrichon pour faire de la littérature et que bienheureux sont les épiciers ! »
Gustave Flaubert - Correspondance

« Et surtout on ne se livre pas à ce que j'appellerai ces acrobaties de sensibilité, huit jours avant de se présenter au Cercle ! Elle est un peu roide ! Non, c'est probablement sa petite grue qui lui aura monté le bourrichon. »
Marcel Proust - Du côté de Guermantes

bourrichon...