mardi, mars 13, 2007

Petit matin sous la bruine

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Petit matin sous la bruine.

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Les températures remontent de quelques degrés au dessus de zéro, le temps est gris, humide, fantomatique. L’air se respire sans peine. Au loin, une nouvelle saison est en chemin…

Bien sûr il ne sert à rien de s’emballer trop vite puisqu’une nouvelle chute des températures est prévue à moyen terme et que les feuilles ne sortent pas avant début juin! Sans compter que le lac ne « cale » pas son dernier morceau de glace avant le mois de mai. Cependant il semble que nous ayons essuyé la dernière vague de grand froid. Ce qui n'est pas dommage! De plus, le changement d’heure aide à rallonger considérablement les journées, ce qui n’est pas pour être désagréable. Les -30 à répétition commençaient à peser sur le moral givré! L’hibernation des dernières semaines tire à sa fin…

Avec l’été qui nous fera voyager les sens, je devrai me préparer à l’idée de faire garder mon bout de chou sur une base régulière durant l’automne prochain. Ceci de manière à reprendre des contrats de traduction. C'est la dèche des déches. La ceinture même bien serrée ne boucle pas. L'homme s'inquiète, je sens la culpabilité me gagner avec cette même impression de ne jamais rien faire comme les autres. Comme un poisson d'eau douce dans la mer. Je lis les magazines féminins et c'est toujours la même rengaine qui finit par m'énerver: "Ne culpabiliser pas à travailler, blablablabla!", jamais je ne trouve d'article qui titre : "Ne culpabiliser pas à ne pas gagner d'argent car votre quotidien a aussi de la valeur!". Je trouve tout à fait normal que les femmes puissent travailler à leur guise selon leurs envies mais n'est-ce pas le pouvoir de choisir qui est à la base de cette liberté bien méritée? Dans tout choix, son lot de sacrifices. Celui-ci n'est peut-être pas tant un sacrifice puisque de toutes façons je ne suis encore jamais arrivée à diriger ma vie selon les principes de mon banquier! Rien de mortel, juste la vie matérielle qui s'enraye.

D’ici l’automne, quelques projets d’écriture en attente depuis trop longtemps à fignoler et à finaliser. Il est temps de reprendre de la plume et du clavier! Doucement mais sûrement, je m’y remets . Avec le printemps revenu, mon travail bénévole avec l'association à la défense du lac reprendra du service actif. Et toujours je me consacre à l’enfant. J'en fais mon emploi. Une ou deux fois par mois, je m’offre une escapade urbaine en compagnie d’une amie chère qui m’ouvre une petite fenêtre sur le monde extérieur. Cela me donne des bouffées d’air, cela me rafraîchit les idées et cela me permet de ne plus être mère couveuse durant quelques heures de liberté personnelle…

L'homme marmonne et grogne sur l'état de nos finances mais ne supporte pas l'idée que je me mine. Il a l'élégance de me rappeler que je participe activement à l'équilibre de notre petite famille. Durant une visite administrative au palais d'hiver, j'apprends avec plaisir que les produits dérivés de mes photos, en vente à la boutique de l'Hotel de glace, se sont tous vendus. Peut-être un zeste d'espoir pour mon portefeuille d'ici le printemps. Nouveau coup de fil avec la gardienne potentielle (qui semble des plus parfaites) en ce qui concerne ce projet en cours. Je dois la rencontrer d’ici le printemps. Heureusement qu’elle est des plus compréhensives et empathiques car je suis plus lente que l’escargot de service. Lily-Soleil fêtera ses deux ans l'automne prochain, elle devra alors amorcer le long processus d'intégration sociale.

En ma fonction de digne maman, je profite d'une escapade urbaine pour l'emmener avec sa grand-mère faire un tour au paradis des enfants. Une fois sur place, je réalise que je suis tombée en plein dans la semaine de relâche, l'ambiance est pour le moins électrique! Cela pullule d'enfance et d'adolescence. Indépendante, Lily-Soleil se faufile entre les gens, elle ouvre grand ses yeux d'azur où brillent mille étoiles.

Elle observe tout ce qui l'entoure. Elle absorbe l'atmosphère survoltée avec un calme et des sourires qui m'embaument le coeur. Elle charme quelques passants. Elle se laisse hypnotiser par la ronde des patineurs sur la glace. Elle croise un petit garçon dans ses pérégrinations. Elle ne parait pas particulièrement intéressée à interagir avec les autres bébés (sauf peut-être les petits garçons). Elle me semble beaucoup plus stimulée par ses sessions avec les copines de la rue. Deux heures plus tard, je sors de l'endroit avec un soupçon de migraine et un bébé épuisé dans les bras. J'en profite pour filer à l'anglaise pendant que l'enfant se fait couver par sa mère-grand.



L'homme regarde les vidéos de sa fille en vadrouille et me dit d'un ton ému qui me fait l'effet d'une flèche dans le coeur:

- Oh! J'ai l'impression qu'on la perd déjà un peu!


L'homme n'aime pas l'idée des petits garçons dans la vie de sa petite merveille. Ce matin, avant de partir il attrape dans ses bras notre petit bout de Soleil. Il la fait voler dans les airs tout en l'embrassant gaiement et tout en exprimant cet amour qu'il lui voue. Amour que je contemple et savoure avec une insatiable curiosité. Pour la première fois de ma vie, je découvre un père dans ma maison...

Pour l'instant, je lâche prise et je vis au rythme de ma fille. Je fonde les bases de mon éducation en apprenant à me connaître en tant que parent. J’installe une nouvelle dynamique. Je réalise ce qui me convient le mieux. Je délimite les limites permises. Et je profite au maximum de ces instants de petite enfance ravissante. Je désire le plus possible prendre les moyens de réussir cette relation naissante entre une mère et sa fille. Je sais que la route est longue, périlleuse et que je vis présentement mes jours dans de la guimauve bambine. Alors je m'en gave à volonté sans m'en retourner l'estomac...

Nos journées passées ensemble tissent la toile de fond de cette relation qui se déroulera sur le restant de ma vie. L'amour que je ressens pour ce petit bout de nous est sans pareil. Ces journées précieuses se transforment au fil du temps en des houblons d’or que l’on dépose dans le coffre de notre trésor familial. J’accepte de lâcher prise avec certaines facettes de mon individualité pour enrichir ce coffret intime. Je travaille à mes patiences, je grandis.

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