vendredi, octobre 10, 2003

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Rewind in daytime :

Ça y est c’est l’été indien! Le vrai, celui qui rappelle que même en plein automne, l’été est au rendez-vous des indiens disparus. Je me fais griller la couenne sur ma terrasse ensolleilée…

Je me suis réveillée à l’aube pour étudier mon cours de traduction juridique puis est arrivé l’examen. La tête pleine de notions de droit et de tournures de phrases juridiques, je sors enfin cette salle de cours sans fenêtres. Un petit bisou à Juan qui travaille dans la tour près de mon bâtiment et zom-zom retour à ma campagne…

Sur mon trajet, le paysage est superbe. Les couleurs particulières de l’automne contrastent avec le vert des pelouses fraichement tondues. Les collines à l’horizon, là où se trouve ma maison, sont rousses et le soleil les éclaire de sa lumière nordique. Comme une fresque gigantesque se déroulent les montagnes sur mon passage. Il doit faire 25 en plein soleil, un vrai plaisir. Sur mon chemin, je rencontre des "bœufs" en ballade. À moto ou toutes lumières clignotantes, ils décorent la route et me font légèrement lever le pied de la pédale…

Après m’être arrêtée au IGA du village pour acheter ma baguette de pain quotidienne, du prosciotto et quelques sushis, enfin je suis de retour dans ma bulle !

J’ai vu le lac, aussi lisse qu’un miroir, étinceler sous les rayons chauds du soleil. Il m’appelle et je l’entends, encore un moment et je le rejoindrai…

D’abord enfiler à la hâte une jupe bariolée et m’asseoir sur ma chaise au soleil de midi, en profiter une autre fois, le corps comblé de chaleur comme en plein été…

C’est si bon…

Pas un nuage dans le ciel…

Les mots par centaines inondent mes idées, des mots avides de liberté et de n’importe quoi. Même s’ils ne sont plus qu’en semi-liberté durant ces jours occupés, c’est la fête au soleil…

Atlantik vient me miauler des caresses. Mon Dieu, faites que cela ne soit pas son dernier été à mes cotés…

Je le nourris de caresses, je lui transmet mon affection sous la paume de mes mains, mon vieux matou, mon doux matou. Une bosse lui pousse sur le dos, à peine visible, cette bosse m’inquiète au plus haut point. Depuis son apparition en plein milieu de l’hiver dernier, elle grossit petit à petit et est maintenant presque aussi grosse qu’un petit œuf. Mon Atlantik…

Atlantik qui a traversé l’Atlantique, qui a perdu son frère dans un boisé du Parc du Vexin naturel. Atlantik qui s’est trimballé entre les murs du 16ième lorsque son premier père en eut la garde, ces quelques mois où je me suis échappée et où j’ai rencontré Juan…

Avec Juan, une fois l’attraction enclenchée, ce fut comme un feu qui embrase tout sur son passage. Une passion intense qui nous emporta et en un été nous fit visiter tous les recoins de nature cachés du Jura. Nous sommes partis en voyage d’amour sur les chemins de nos ancêtres, (enfin ça c’est la version romantique ! Malheureusement la France et la vie sont plus complexes que ces simples mots !) Nous plantions notre tente là ou le paysage était le plus sauvage, et nous aimions à tous champs, à tous vents…

Pendant ce temps Atlantik errait à Paris au gré des aventures tarabiscotées de l’Autre. Je revins m’installer en ce village, l’Autre me ramena mon chat (qui était encore notre chat en ce temps là) et il disparut dans la brume de son inconsistance. Nous attendîmes Juan de longs mois avec mon matou. L’été suivant arriva enfin et nous étions mariés, l’été 2000 commençai, et avec lui une nouvelle vie se façonnait…

Lorsque Juan vint habiter avec nous, Atlantik trouva cela un peu difficile au début. Il était comique, il regardait Juan de son regard intense et dés que celui-ci s’approchait, il se mettait à l’ignorer complètement et lui tournait le dos ! Qui a dit qu’un chat ne pensait pas ? Au fil des jours, il s’habitua pourtant à cette nouvelle dynamique et se mit à aimer Juan qui m’aimait…

Aujourd’hui avec ses onze ans d'existence, mon bel Atlantik est un vieux seigneur. Quand il se promène dans la forêt, il aussi beau qu'un lion dans la brousse. Il est maître de son harem, si doux, si gentil, un amour de chat, mon amour de chat…

Je sais bien qu’il est malade et que cette bosse est de mauvaise augure, mais je n’ai pas les moyens de le faire opérer. Juan refuse de dépenser 70% de notre budget sur un chat, aussi adorable soit-il, il n’a pas tort dans le fond, je le sais…

Alors ce soir, c’est décidé, grâce à ces mots concrétisés en phrases, je suis «mindée», je vais aller à Santé Laurier lui trouver de l’argile. Voilà des semaines que je me dis « fais-le », et voilà des semaines que je laisse faire. Well, no more !

Parait que l’argile en cataplasme, c’est très bon pour les grosseurs de toutes sortes…

Je ne perds rien à essayer même si c’est juste un petit peu fou. Pourquoi j’essayerais pas la médecine douce sur mon chat, après tout c’est logique, un animal ça se soigne comme un humain. Après avoir lu Les chasseurs de Mammouths, j’ai l'impression d'avoir une nouvelle ouverture par rapport à ce savoir hors industrie, à cette époque lointaine où les plantes étaient la seule médecine possible…

Il fait si chaud au soleil, c’est presque magique. Les oiseaux chantent, pas un souffle de vent ne vient déranger l’atmosphère toute douce. Juste cette chaleur presque écrasante lorsqu’on se fait griller la couenne en plein soleil. Du bonheur à l’état pur…

Les petits minous viennent gambader entre les tournesols qui disent bonjour à la terre. Profitez-en bien les petits, bientôt le père fouettard viendra vous emporter et vous posera à l’orphelinat, comme d’habitude, à mon plus tendre désarroi…

Gaïa vient s’installer prés de moi au soleil, en deux coups de pattes et trois sifflements elle délimite son espace pour se faire dorer les poils au soleil, les yeux clos. Elle offre son ventre au rayons chauds, elle reste ainsi de longues minutes et finalement elle vient poser sa tête à l’ombre tout prés de moi…

Le vent se lève, je veux aller à la plage mais j’attends un téléphone qui doit sonner d'une minute à l'autre. Je reste pognée sur ma chaise à regarder filer le temps, sous le soleil de midi, un sourire aux lèvres que je ne peux faire disparaître, c’est plus fort que moi, il fait trop beau c’est incontrôlable, le besoin de sourire est trop fort…

Boeuf: familier, utilisé pour parler des policiers
Mindée: être mindée, être décidée à exécuter son idée.
Pognée: coincée
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