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dimanche, mars 09, 2014

Cette année l'hiver est coriace. Il nous "rentre dans l'dash" comme un semi-remorque.

Avec de la neige à profusion et des froids polaires qui se succèdent, ça fesse! 

Une petite bronchite plus tard, alors que je m'enfonce en un spleen hivernal personnalisé je constate que je ne suis pas la seule à en souffrir. Tout le monde en a plein son sac!

Par les temps qui courent, parler de l'hiver c'est être certain d'être compris. Tous dans la même galère. 

Ceux qui aiment les sports d'hiver sont les mieux lotis. Ils restent minoritaires. Les autres n'en peuvent plus à différentes nuances. Tout le monde rame.

Dans un sens c'est rassurant. C'est l'un des rares spleen humain que l'on peut partager de concert. En un même souffle. Ça soude. Je me suis dit toujours dit qu'il n'y avait rien comme un bon hiver pour faire ressortir le meilleur de l'humain au Québec. La solidarité est innée par grands froids. Instinctivement, personne ne laisse personne crever sur le bord de la route par -30. À force de se les geler, on a moins envie de se faire la guerre. On a juste le goût de cocoonner.

 Et c'est d'ailleurs là où le spleen se faufile, au cœur du cocon, selon les ingrédients de chacun, il mijote. Le mien bouillonne...

Je spleen... Spleenes-tu?

mercredi, avril 06, 2011

Bleus d'avril (April Blues)

Avril en ma nordicité est le mois qui achève l'hiver. Le mois qui met le cap sur l'espérance estivale. Avril en ma nordicité n'a rien à voir avec le printemps tel que la majorité des gens le conçoivent.

Les nuits y sont toujours bien gelées. Ma pelouse sommeille encore sous une bonne butte de neige pilée. Certains matins, il ne fait pas froid mais bien frettte! Et ma rue est recouverte d'une bonne couche de glace blanchâtre.

Avril en ma nordicité est une espèce de transition fondante entre l'hiver et l'été. Une transition qui dégouline lorsque réchauffe le soleil et qui nous rapproche les idées de l'été. Un été qui débutera d'un coup sec avec les beaux jours revenus. Un été qui nous fera changer de vie comme si l'on avait changé de pays! Mais en ma nordicité, avril n'a vraiment l'air de rien! Rien à voir avec le romantisme qui enrobe Paris où avec les tulipes qui fleurissent à Amsterdam...

Au coin de ma brousse, le lac est toujours glacé. Fragilisé il devient de plus en plus dangereux d'y marcher mais ce n'est pas encore du domaine de l'impossible. En mon coin de brousse, le printemps est une abstraction givrée à laquelle on rêve en couleurs. En mes parages, l'on ne trouve ni jonquilles ni perce-neiges ni autres pousses vertes. D'ailleurs, ma rue ne ressemble à rien d'autre qu'à l'hiver qui refuse de se faire la malle. Ma mère-grand disait souvent: "En avril ne te découvre pas d'un fil, en mai enlève ce qu'il te plait.". Vivement mai qu'on se déshabille!

Ceux qui ne connaissent pas nos hivers s'imaginent souvent que c'est le froid qui est le plus dur à supporter. À mon sens ce n'est pas le cas. Le froid, on s'y habitue, on fait avec. Le froid solidarise, humanise. Le froid c'est presque l'aventure quand on le prend bien.

Ce n'est pas le froid (ou même la neige) qui est le plus difficile de l'hiver, c'est la durée. Ici, le mois d'avril arrive et c'est toujours l'hiver. Même si l'on sent qu'il perd de sa puissance, que les oiseux chantent sa délivrance, il n'en reste pas moins présent. Il a encore neigé hier! Ici avril est toujours synonyme d'hiver. Et le moral soupire tandis que pleurent les bancs de neige...

Bleus d'avril (April Blues)

jeudi, février 18, 2010

Spleen hivernal...

Je vis au Québec depuis vingt trois ans et j'en ai connu des hivers. Je suppose que j'en connaitrai encore plein d'autres avant que je ne m'éteigne...

Mais à chaque année, c'est pareil, la deuxième moitié de février me "spleene". Je pense que c'est une conséquence du manque de lumière, des jours raccourcis et de la blancheur perpétuelle. Et pourtant, cet hiver que nous vivons est l'un des plus cléments à ma mémoire. Un mètre de neige, deux ou trois vagues de froid et beaucoup de douceur. Et pourtant...

Pourtant le spleen me rattrape l'âme. Je fatigue. L'envie de dormir me hante l'éveil. L'envie de me recroqueviller en boule et de dormir longtemps. Comme une oursonne. Jusqu'au printemps. Une certaine lassitude enrobe mes pensées intimes. Je deviens ultra méditative. Les soucis du quotidien semblent plus lourds à porter. Car nos avons tous nos montagnes à grimper, nos obstacles à traverser, nos douleurs à gérer, notre vie à vivre... Et fin février, c'est souvent l'hiver au fond de mon coeur. Un peu comme dans la chanson de Cabrel...

C'est aussi le temps où plusieurs de nos amis partent ou reviennent du Sud. Pas le sentiment le plus agréable à vivre pour ceux qui restent. Année après année, les mêmes vagues québécoises qui vont se réchauffer la couenne sous les Tropiques. Et pourtant je les aime et je suis contente pour eux, à peine si je les envie. Mais, alors que le temps se fige, je me sens triste pour ma pomme des bois. Et en mon spleen intérieur, je vogue...

En soi, le spleen n'affecte pas vraiment l'extérieur. À peine s'il ralentit le rythme de ces traductions qui me font voyager de la cervelle. Il m'aspire l'inspiration mais la traduction ne demande pas d'être inspirée. La traduction muscle et entraine les neurones. Elle fait du bien à l'intelligence. La traduction est discipline. Et cette discipline me plait particulièrement lorsqu'il s'agit de textes cools. Et franchement, cet hiver, je n'ai pas à me plaindre, mes traductions peuvent difficilement être plus cools! J'entre dans la tête d'un chroniqueur-voyageur et je fais le tour du monde en sa compagnie. Et puis, ma fonction de journaliste web (pour ce gros portail que j'ai apprivoisé) est une expérience stimulante. Tout va bien madame la Marquise. Alors pourquoi elle boude la Marquise? Elle ne boude pas, elle spleene...

Cette année, en même temps que je capte avec philosophie ce spleen hivernal que je connais trop bien. Je me rends compte que je le comprends assez bien pour le contrôler, l'observer, le canaliser. Ce faisant, je médite sur l'Amour qui porte notre vie quotidienne. Cet amour que je ressens pour lui et en lui. Cet amour qui fait que l'on peut se contenter d'eau fraiche et vivre avec le sourire. Ensemble, l'on s'équilibre les maux. Lorsque je tangue, il le sent, s'en inquiète et fait ces petits efforts qui m'aident à me tenir de nouveau droite. Et lorsqu'il se perd en ses propres méandres intérieurs, je vais le chercher, je lui tends la main et je le ramène en ce plateau de réel que l'on partage au jour le jour.

Expérience fondue

Cette année, reconnaissant lui aussi mon spleen annuel, il fait ces petits efforts qui font le romantisme de ces sentiments que nous cultivons en un même champ. Cette année, Juan a trouvé Élisapie qui passait par là. Cette fille du nord qui a toujours le don de me requinquer les idées...

J'adore Élisapie. Je la trouve belle en dedans comme en dehors. Je craque pour cette vibration humaine qu'elle dégage. Cela date d'une entrevue que j'avais fait avec elle pour la sortie de son premier album. Son essence humaine m'avait fascinée, charmée. Il y avait en elle un souffle d'inconnu qui m'avait fait chavirer. Elle m'est entrée dans le cœur. L'on s'est ensuite croisée plusieurs fois durant ma grossesse. Et à chaque fois, elle me faisait vibrer de l'intérieur. Élisapie et ses mélodies sont, en effet, le remède parfait à mon état présent. Et d'un coup, je reprends pieds, un peu moins perdue sur mon iceberg à la dérive...

Cette année, je réalise aussi que ma fonction parentale me rend plus forte face aux spleens qui m'accrochent l'être.

L'arrivée en nos vies de M'zelle Soleil a érigé un puissant garde fou qui protège mon coeur (et mon âme). Comme une solide rambarde que je ne dépasse plus.

J'ai conscience de ma responsabilité de maman. Je n'ai pas peur même si parfois je crains le pire. Je suis reconnaissante d'avoir reçu en mon ventre une jolie petite fille avec un bon potentiel à exploiter. Une petite fille qui me donne espoir en un futur lumineux. Consciente des défis adultes qu'implique son éducation, je me plie à cet instinct maternel qui m'habite. Et je réfléchis...

La fusion de nos deux êtres compose cette petite personne. Fruit de nous mais unique en son genre. Le processus d'évolution humaine me fascine. Être à la source de son humanité me captive. Je comprends la fragilité (et la force) de l'enfance, ainsi que les implications que comporte toute forme d'éducation. Le tout me plonge en d'intenses réflexions...

Dans les élans de mon spleen hivernal, je réalise à quel point être parent est une sacré tâche existentielle. À quel point j'adore cette fillette qui m'élève le coeur. À quel point cette famille que l'on construit me fait du bien à l'intérieur.

Je médite aussi sur le deuil d'un deuxième bébé qui ne pourrait qu'entrainer davantage d'attention maternelle pour M'zelle Soleil. Une petite fille qui se fout pas mal des spleens de sa mère car ils n'affectent pas sa réalité enfantine. Une petite fille qui grandit joliment et que je chéris passionnément...

En mes spleens qui méditent, je chasse toutes ombres qui pourraient entacher son futur. Je positivise. Souvent, je prends du recul. Je l'étudie pour mieux l'accompagner durant ce long périple qui la rendra femme. Et je prie les étoiles de toujours nous guider du bon coté de la vie...

Spleen hivernal...