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jeudi, mars 19, 2009

Processus de fonte

Airs de village

Ma grossesse, en plus de gentiment me montrer la grande faucheuse, m'a méchamment déformée la peau. Tant et si bien que je défie quiconque de me battre sur ce terrain glissant...

Ceci m'a donné l'occasion de mieux comprendre mon corps et les dommages que je lui ai infligé durant plusieurs années de privation (ou j'étais si mince et si dysfonctionnelle). Prendre conscience des conséquences de mes actes alimentaires et de mon métabolisme débilitant. Okay, j'ai compris la leçon! J'ai assimilé une nouvelle considération pour ma chair! J'ai acquis certaines sagesses. Merci la vie.

Une fois ma santé plus ou moins rétablie, j'ai donc commencé l'étape de restructuration corporelle. En dix-huit mois d'efforts, de pleurs, de colères, de résignations et d'exercices j'ai finalement perdu soixante livres. J'ai senti cet état dans mes muscles plus que je ne l'ai vu dans le miroir. Cette leçon là est si difficile à apprendre. Être femme et ne jamais être satisfaite de ses formes. Un mauvais sort qui fait des ravages féminins. À vingt livres de mon poids d'avant bébé, je revoyais pourtant la lumière au bout du tunnel. J'y étais presque. J'avais des mollets d'acier et des fesses fermes qui faisait saliver mon homme coquin. Je retrouvai ma taille et le plaisir de m'habiller! Et puis je me suis pétée les chevilles! Coup sur coup, plus de trois mois d'inactivité complète.

Un automne de mer.... avec un seul mantra: patience et volonté. Le retour à la forme ne se fit pas sans peine. Après une suite de petites maladies, ma santé finit par se stabiliser. Je pus reprendre une routine d'entraînement. Entre temps, j'avais eu la bonne idée de monter sur une balance! Ainsi j'avais pu constater que ces mois d'inactivité forcée avait entraîné une nouveau gain de poids! Merci métabolisme rancunier, bonjour la vingtaine de livres gagnés! J'étais franchement écœurée.

Découragée, affaiblie, je mis quelques semaines à avaler l'amère pilule. L'impression d'avoir tant reculé tout en ayant encore tant souffert m'était intolérable. J'avais la hargne. Une rage sourde aveuglait ma raison. Finalement, à force de réflexions, j'ai réalisé que je ne pouvais pas capituler et que c'était en capitulant que je perdrai totalement la partie. J'avais perdu une bataille mais je n'avais pas encore perdu la guerre! J'étais bien consciente que de là où ma grossesse m'avait emmenée peu en étaient revenues. Certaines âmes charitables avaient d'ailleurs essayé de me le faire comprendre. Mais c'était sans compter sur la sale bête que je suis. J'ai le gras mauvais. Je l'admets. Certains ont l'alcool mauvais, moi c'est le gras! Dans ce cas, être grosse devient un calvaire intérieur, un enfer personnel. Comme je ne souhaite pas devenir conne et méchante, ma seule issue était donc de reprendre le chemin de la salle de gym. J'y suis allée avec crainte et sans entrain. Sur mes oreilles mon casque, le soutien de la musique enfermée dans ma petite boite magique. Redémarrer la machine à muscles. En une bulle de musique, j'ai recommencé à suer...

Aujourd'hui, je suis presque revenue au niveau que j'avais atteint avant de me blesser. Un niveau qui consiste en un entraînement d'une cinquantaine de minutes cardio accompagnées d'une cinquantaine de minutes composées de musculation et d'abdos: des machines et des poids, un peu de pilates, un tour de ballon, un zeste de yoga. Le cardio fut le plus difficile à retrouver. Mes chevilles si douloureuses, raides comme du bois, ne voulaient plus avancer. « Y'en aura pas de facile! » me suis-je dit. Petit à petit, j'ai dû recommencer à marcher, pas après pas, de plus en plus rapidement. Je me suis obstinée malgré la souffrance engendrée. Et non, je n'ai que rarement envie d'y aller! À chaque fois, le processus commence par un bon bottage de fesses molles, puis il faut m'organiser avec le quotidien pas toujours enclin à m'arranger puis, une fois sur place, la véritable torture commence. Enchainer les efforts. Surmonter les faiblesses. Pousser la chair récalcitrante. Heureusement que la musique existe en ma petite boite magique!

Lorsque je remonte sur le tapis, les premières vingt minutes sont infernales, l'envie de pleurer est contenue en mes entrailles. L'envie de hurler est réfrénée par les élans de musique qui entraînent mes jambes à suivre la cadence. Je prends un rythme et je souffre en silence. Je grimace et je persévère. Je me dis « Okay, tu pourras prendre de l'eau après quinze minutes. Arrête de regarder passer les secondes! » Lorsque les minutes me semblent vraiment trop longues, je prends des chansons comme repères de courage. « Après celle-là, tu ralentis un peu. Garde le rythme on se fait un loop sur celle-ci ensuite tu t'arrêtes pour boire de l'eau! ». Les vingt premières minutes ne sont que misères. Se concentrer sur un point, s'y accrocher et laisser le rythme me porter. Tout est dans l'endurance, l'important est de ne pas lâcher...

Picnik collage

Sur la tapis la texture du temps s'étire, elle devient presque infinie « Mais cela finira donc un jour!!! ». Les minutes ralentissent, elles se font interminables. Dire qu'elles passent si vite lorsque l’on est assis devant l'ordi! Mes chevilles me font cruellement souffrir, je grimace et j’avance. Par miracle, le temps se consomme malgré tout. Autour de la trentième minute, je commence à percevoir un second souffle qui vient sauver mon moral en berne. Les cinq dernières minutes sont toujours les plus faciles. Allez comprendre! Les cinq dernières minutes sont comme du beurre sur un gâteau!

Lorsque le tapis s'arrête enfin, je suis en eaux, rouge comme une tomate bien mûre. J’étire mes muscles qui pétillent comme du Perrier. Le processus de fonte est en marche. Tout comme la flaque devant le banc de neige qui rétrécit sous les assauts du soleil. J'aspire durant quelques secondes la profonde satisfaction d'être passée au travers de l'épreuve, d'avoir traversé l'effort, d'avoir conquis mes douleurs. La satisfaction d'avoir fait un pied de nez au royaume de l'impossible. Malgré les courbatures qui viendront me punir, je prends conscience de ces sensations agréables. Mes cuisses se redéfinissent et mes fesses rebondissent sous mes pas musclés. Je reprends le contrôle de mon corps. Au loin, j'aperçois une lueur, c'est le bout du tunnel qui m'appelle...

March Lake

Processus de fonte

mercredi, décembre 03, 2008


la sal de la vida
Originally uploaded by virginiaz
Brève de chair

Depuis que je me suis déchirée les ligaments de la cheville à la fin de l'été, j'ai dû suspendre ma discipline d'entrainement. Puis je suis tombée malade à répétition ce qui a rendu impossible la reprise d'une routine d'entrainement digne de ce nom. Le corps médical m'enjoint à la patience et je prends mon mal en silence. Autant j'ai toujours un peu besoin de me botter les fesses pour trouver le chemin du Gym. Autant j'apprécie d'en ressortir avec un derrière d'acier! Suer me manque...

Ces dernières semaines, à chaque fois que j'ai essayé de recommencer, j'ai attrapé une cochonnerie qui m'a aplatie. Parait que mon corps n'avait pas encore assez récupéré. Je le pousse trop quand je m'entraine me disent les spécialistes. C'est que quitte à aller suer autant ne pas lésiner. Je ne fais pas trop dans les demi mesures. Je ne suis pas capable de m'entrainer sans faire souffrir ce corps qui me possède. Sans le pousser dans ses extrêmes. Je n'arrive pas encore à atteindre un équilibre sur ce point délicat. Alors j'attends et je me ramollis. Ma libido s'étiole et je bougonne. Évidement, je pourrai faire des séries d'abdos à la maison, entretenir quelques exercices sur une base régulière mais je n'y arrive pas. Je me flagèle un peu l'esprit à ce sujet. Mais cette semaine, c'est décidé, je vais mieux, j'y retourne! Advienne ce qu'il pourra...

Depuis plusieurs semaines je réalise que le manque d'entrainement affecte le cours de mes humeurs. Et même si je sais pertinemment que je n'aimerai jamais aller au Gym, je réalise à quel point il est bon de s'y plier pour le bien de sa chair. Je sais aussi que je vais en arracher pour me reprendre en main. Ma routine personnelle consiste en 45 minutes de cardio et 40 minutes de poids-pilates-abdo plus un 10 minutes d'échauffement. J'entre dans la salle. J'allume mon vieux ipod, je place le casque sur mes oreilles et je pénètre ma bulle de musique. Je pousse. Je force. J'accueille la douleur avec un certain plaisir (presque masochiste). Je brûle des toxines. Je finis souvent sur les rotules, (parfois hargneuse comme un pittbul, parfois sereine comme un saint). J'avale la souffrance et le lendemain mes muscles en éveil semblent toujours me remercier de ma peine. Lorsque je suis bien rodée, lorsque mon corps est huilé alors disparaissent les douleurs. Il ne reste plus que le bonheur du "second souffle", la fermeté de ma peau douce et mes flexibilités retrouvées.

Bientôt je vais recommencer cette discipline pour: Apprécier la chaleur de l'effort. Sentir mes muscles qui bandent sous ma peau moite. Fondre...

Brève de chair

mercredi, septembre 05, 2007

Dans la balance de mes cogitations internes

Nature-road

Positiver existe dans le dictionnaire, il signifie l’action de rendre positif, d’améliorer, de démontrer confiance et optimisme. Pourtant, malgré son évidence, son contraire le verbe « négativer » est un pur barbarisme, absent du dictionnaire il n’existe tout simplement pas dans l'univers sacré de Robert! Voilà qui m’étonne profondément, pourquoi cette absence puisqu’il exprime tout aussi bien l’idée de rendre négatif, de dévaluer et de démontrer pessimisme et insécurité?

En mon dictionnaire interne, « négativiser » c’est ne penser qu’à ce que l’on a pas pu faire, à ce que l’on a raté, à ce qui nous a déçu ou déplu, à toutes ces petites choses que l’on aurait souhaité mais qui, pour une raison ou une autre, nous ont échappé. Alors que positiver ou selon mon propre barbarisme : « Positiviser » c’est penser à toutes ces petites choses que l’on a accompli, à tout ce que l’on a réussi, à tout ce que l’on a fait de bien malgré les obstacles et les misères du quotidien humain.

Je crois fermement que pour avancer dans la vie, il est nécessaire de la « positiviser », ainsi l’on envoie dans l’univers des vibrations chargées d’espoir et de bonne volonté. Et si l’univers est un miroir, comme beaucoup le croient, il nous enverra du bien-être en retour, c'est tout aussi logique. Si la violence entraine la violence, si la haine appelle la haine alors il est clair que l'espoir trouve l'espoir et que l'amour amène l'amour...

Sans avoir besoin de le lire, je sais que c’est l’idée de fond du fameux « Secret » qui ne révolutionne pas grand chose sous les tropiques puisqu’il ne fait que rappeler un certain bon sens. S'il me tombe sous la main, je le feuillèterai l'esprit ouvert mais je suis certaine qu'il ne fera que me rappeler ce que je sais déjà au plus profond de moi. Travailler sur soi est la tâche la plus importante de son existence.

En théorie, la pensées positive c’est évidemment bien simple, beaucoup plus facile à dire qu’à faire! L’humanité tend vers le chaos, c'est parait-il un fait établi. Ainsi l'humanité entraîne bien souvent ses âmes en des endroits obscurs d’où il est difficile de se dépatouiller le moral. Il est plus facile d'entrer dans les tunnels que d'en sortir. Mais savoir les choses ne veut pas dire que l'on est toujours en mesure de les appliquer. C’est pour cela qu’il faut parfois se forcer à positiver, se forcer à voir le meilleur de nos vies afin de mieux combattre le mauvais qui traîne sous nos semelles sales. Et si l’action de positiver pouvait aider les ficelles du destin à nous conforter?

Je médite régulièrement sur ce sujet, ce carnet est aussi une sorte d'outil pour cheminer dans cette direction. Ici, je refuse de disséquer en long et en large mes craintes, mes angoisses, mes souffrances intérieures, mes horreurs. Ici, je ne veux planter que des graines de bien-être et de bonheur. Ce n’est pas facile tous les jours, mais c’est l’idée de fond.

Plus on regarde ce qui est bon dans sa vie et plus on a envie de la vivre. C’est d’une logique sans faille. Plus jeune, je n’ai pas toujours eu cette conviction, cette envie de vivre. Plus jeune, j’ai parfois succombé aux chuchotements de mes démons. Plus jeune, je pouvais être désabusée même si j’étais entourée d’amis, je pouvais me trouver laide même si j’étais jolie comme un cœur, je pouvais me trouver grosse alors que j’étais filiforme, je pouvais me trouver nulle lorsque tant m’adoraient. Je ne pouvais voir que mes défauts, mes imperfections, mes échecs, je ne voyais que les petits détails négatifs de ma personne. Un filtre opaque distortionnait mes réalités. Je me vidais de mes forces. J'oubliais mes lumières et je sombrais dans l'abîme de mes ténèbres. Je les explorais et je m'y noyais. Plus jeune, j’avais parfois bien de la difficulté à accrocher mes bonheurs, à surmonter mes faiblesses, à consoler mes douleurs, à avoir confiance en un monde meilleur…

Avec l’âge, je me fais plus sage. Je reconnais mes chances et mes privilèges. Je les dépose consciemment sur ma balance intérieure pour équilibrer le dur coté de ces malchances et désespoirs qui alourdissent mes idées. J’incorpore et je forme en mon cerveau l’idée de positivisme afin de percevoir mon propre équilibre. Avec l’âge, je prends mon destin en main. Je le façonne en des pensées légères. Je le désire épanoui. Je m’exerce à m’améliorer l'être. J'accepte désormais les souffrances et les obstacles tout en gardant espoir de les traverser. J'affronte. Je prends patience devant les étapes de la vie. J'aime sans complexe. Avec le temps et grâce à l'affection de mes proches, j'apprends à m'aimer. Je dérape encore un parfois mais ce n'est plus grave. Je combats. En devenant mère je réalise chaque jour à quel point j'aime vivre, je réalise que je veux vivre pour être mère, épouse, femme. Il va s'en dire que l'on sait mieux aimer l'autre lorsque l'on arrive à s'apprécier à sa juste valeur sans se déprécier pour un oui ou pour un non. Avec amour, j'écarte ces haines qui me détruisent. Je suis encore bien imparfaite mais je me perfectionne un peu plus chaque année. Je me construis tel que je l'entends, tel que je le ressens, telle que je suis.

Le moteur de ma vingtaine ne carburait qu'avec un seul mot : liberté. J'ai misé sur ce concept toute ma volonté. Je l'ai assimilé à mon identité. Libre je vieillis. Le moteur de ma trentaine tourne désormais autour de cette subtile sensation d’équilibre qui me tient les neurones par les fesses, je découvre cette sensation fragile que je m’évertue à apprivoiser. Quel sera le moteur de ma quarantaine pour ma quarantaine? C’est encore tout un mystère. Pour l'instant, je ne m'en préoccupe point, j'ai encore le temps de murir. Mois après mois, je mets tout mon courage à essayer d'atteindre ce meilleur auquel j'aspire. Je ne veux pas pleurnicher lorsque sonneront mes trente-cinq ans dans les coups fracassant la nouvelle année 2008. Je ne veux pas pleurer toutes les larmes de mon corps, malgré les rides qui s'affirment, je veux sourire à pleines dents (enfin avec celles qui me restent tout du moins!) en soufflant la multitude de bougies qui brilleront sur mon gâteau gourmand...

Dans la balance de mes cogitations internes