mardi, juin 10, 2003

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Biographie P'tite Sauvage...

Tous ceux qui s’attachent à ces animaux domestiques qui accompagnent nos vies connaissent ce petit serrement intérieur lorsque la mort les frappe. Je n’ose imaginer le jour où Atlantik me quittera. Non je n’ose pas !

J’aimais P’tite Sauvage parce-qu’elle était si jolie, gentille, douce et elle existait, elle vivait sa vie à mes cotés, indépendante…

Je ne la connaissais pas bien, pas autant que certains de mes autres chats. Elle était née au mois d’août dernier dans des circonstances difficiles. Petite Crevette, sa maman venait d’avoir un an. C’était sa première grossesse. Lorsque ses premières contractions arrivèrent, elle paniqua. Dans son incompréhension, elle s’enfuit dans la forêt. « Eh ! Petite Crevette, c’est normal, tu accouches, capotes pas, ça va aller ». Allez essayer d’expliquer ça à un chat ! Dans sa douleur, elle laissa tomber un bébé sur les feuilles mortes à dix pas de mon défunt potager. Puis elle continua sa route et alla se cacher en un coin secret de la foret. Le petit échappé qui piaillait sa première tétée à l’orée du bois était cruellement touchant. Nous étions perplexes à savoir que faire. Nous avions déjà deux couvées qui comptabilisait une dizaine de chaton et ouf, on se sentait pas mal submergés !

Keisuke et Vesna étaient venus passer le week-end au lac, je devais les ramener à Montréal. C’était un dimanche. Keisuke qui adore les chats, mais Ves est allergique, et qui est en extase à chaque fois qu’il vient nous voir. Keisuke était tout paniqué :
-What are you gonna do ?
-Well, we have a lot right now, maybe we should let nature take its course and let the crying baby in the forest, see what happens?
- Oh! Oh! But, can we do nothing? Me demande Keisuke, légèrement pâle.

Juan, qui travaille le lendemain, me dit :
- Ok, ramène les. Je vais m’en occuper. On la va le laisser là cette nuit, si il survit, je le mettrais avec la couvée de Gaïa…
L’on s’embrasse et l’on prend la route. Ves et Keisuke retrouvent leurs pénates montréalaises et le lendemain je rentre chez nous.

Juan m’apprend que le petit a piaillé toute la nuit, que Crevette n’est pas revenue, et que devant la ténacité de ce petit accroché à la vie, il était allé le récupérer au petit matin, et l’a posé avec les petits de Gaïa qui ont déjà trois semaines. Le petit a commencé à téter et ne décroche plus de sa tétine. Incroyable ce petit. Nous le nommâmes Petit Rescapé, il y aurait une histoire à écrire de ses premiers mois de vie. Mais les histoires de chats, on va pas faire que ça, même si cela serait possible en notre maisonnée ! Cette petite rescapée habite maintenant chez Didine et Phil, elle s’appelle dorénavant Mia, elle va très bien. Son lien dans ce post ? Mia est la sœur de P’tite sauvage.

Un mois plus tard alors que nous avions donné le plus gros des chatons. Petite Crevette revient s’installer avec ses deux petits chatons dans le cabanon du jardin. Ces petits étaient sauvages, c’était P’tite sauvage et Fantomette. C’était aussi un dilemme. Toutes ces histoires de chats, je l’avoue, c’est de ma faute. Je me suis laissée emporter contre l’avis de Juan à garder la première couvée que nous avons eu il y a deux ans de cela ! Mais c’est encore une autre histoire…

Donc durant la fin du mois d’août Petite rescapée vivait avec nous et se nourissait avec les chatins Gaìa dans la maison. P’tite Sauvage et Fantomette vivaient avec Crevette dans le Cabanon. Crevette venait à la maison, mais les petits chatons restaient autour du cabanon. Puis arriva l’accident, l’hôpital, la portée sacrifiée de Bamboo. Lorsque la vie reprit son cours, que Juan fut rentré à la maison, septembre était déjà bien entamé. À ce moment là, les petits chatons vivaient tranquilles, leurs petites vies à part. Je leur donnais des croquettes chez eux, je ne pouvais les approcher de bien prés.

C’est à cette époque que j’ai prise la photo sur le coté de P’tite sauvage, c’est le plus prés que je pouvais l’approcher ! Je l'avais espionné avecle zoom! Je m’inquiétais de l’hiver qui viendrait chasser ces petites bêtes du jardin. Mais j’avais aussi d’autres soucis. Finalement lorsque octobre tira à sa fin, à force de patience, je réussis à attirer les petites minettes dans la maison. Elles passèrent l’hiver avec nous. Fantomette s’acclimata mieux que P’tite Sauvage. Je ne lui trouvais d’ailleurs jamais de meilleur nom que celui-ci, elle avait une étincelle de liberté si farouche dans ses pupilles que je l’aimais pour ce caractère si peu apprivoisé ! Et puis, elle était si belle, vraiment superbe, franchement l’une des plus belles enfantées en ces lieux ! Gracile, elle marchait avec la grâce persane de sa grand-mère et le nez fin et allongé comme une dame de société. J’aimais ce coté farouche de félin libre qui faisait qu'elle nous prenait plus qu’elle nous donnait…

Je la surprenais en rentrant étalée sur notre lit, pffiitt, elle se sauvait dés que j’approchais. Coquine, elle s’était construit une sorte de hamac dans le sommier du lit, et je découvris un jour qu’elle habitait là, dans le lit, avec nous !!! Ce printemps, je la vis souvent, grande fille, téter sa mère en compagnie des petites crottes. Je la regardais interloquée devant le tableau, elle était presque plus grande que sa mère ! Pourtant elle mangeait avec les autres de son âge, mais elle restait toute mince, aussi belle et maigre qu’une mannequin sur un podium. J’arrivais à la caresser parfois, je disais souvent :

- Tu vois, Juan, y’a de l’Espoir, elle s’apprivoise

Juan, me regardait indulgent, Étol, tu dis ça à chaque fois, mais tu sais qu’elle est sauvage, elle est inapprochable…

- Mais, elle nous aime quand même à sa manière…
- J’en doute pas ! Mais personne ne voudra d’une chatte sauvage, aussi belle et gentille qu’elle soit, et qu’est-ce qu’on va faire si elle a des petits ?
- Heu ? Heu ? Ben… Heu !….

La nature est grande et se conjugue avec le destin pour nous construire de drôles de réalités !


La nature a encore une fois pris soin des choses à sa manière. Je sais qu’elle a eu une bonne vie, une vie sans restrictions, ni concessions, une vie libre et sauvage comme nous n’en aurons jamais. Elle n’aura pas eu le temps ou le désir de faire plus ample connaissance avec notre race, ce qui est peut-être mieux dans un sens. Elle restera dans mon souvenir, c’est avec un sourire tendre que je pense à elle. Je suis heureuse de l’avoir connu, elle a donné à mes sens sa beauté naturelle, je n’oublierai pas son regard farouche plein d'intelligence, je suis sure que quelque part au paradis des animaux, elle est heureuse maintenant et se dit : « Ben, finalement, c’était des mythes toutes ces histoires, des légendes pour faire peur aux enfants. Les humains, c’est pas des monstres, ils sont cools, je les aime bien finalement ! »
THE END.

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