mardi, janvier 15, 2008

Fondue de maman

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Fondue de maman

Avec la semaine qui recommence s’enclenche le processus de gardiennage qui nous étire le cordon deux jours par semaine. Je n’ai plus les malaises des premières fois où nous nous quittions. M'zelle Soleil adore aller jouer chez Manon et celle-ci fait un très bon travail. Je ne peux qu'apprécier la qualité de ses services. Alors je m’y fais. Mais encore, j’ai le cœur qui grince lorsque je la sens partir. Je me force à la raison et me bâillonne les émotions récalcitrantes. Mes journées sans elle trouvent de nouveaux rythmes. J'avance.

D’un autre coté, je commence enfin à reconquérir mon individualité, je recommence à écrire, j'ai des fictions qui me titillent, je m’organise, je concrétise, je reviens à la vie adulte. Cela fait aussi du bien de penser un peu plus à ma pomme. Mais je m’y fais sans trop m’y faire. Il arrive de ces lundis matins où je la regarde partir le cœur lourd. Je fais mes affaires quotidiennes comme je me dois de les faire mais je traîne mon pauvre cœur qui se languit d’elle. Je me botte les fesses. Je reprends mon intellect en main tout en trimballant une petite peine maternelle. Mon intellect s'en réjouit et mon coeur fait la moue.

Le soir arrive, je n’ai jamais eu le temps de faire tout ce que je voulais faire, j’avale mes petites frustrations adultes. J’enfile mon habit de mère pour retrouver mon brin de fille. Elle est toujours satisfaite du temps passé avec ses petits amis. Elle est toujours contente de retrouver sa maison. Je suis heureuse de la voir si bien s’épanouir. Mon cœur s’allége et retrouve son équilibre.

M'zelle Soleil se fiche pas mal des tourbillons d’émotions qui tourmentent sa mère. C'est tant mieux. J'espère bien arriver à ne jamais lui faire porter le fardeau de mes peines. Mais la vie est longue et rien n'est jamais acquis. "Tout est toujours à refaire" disait souvent ma grand-mère de son vivant. Ma mère-grand me manque tant, son absence est un poids avec lequel j'apprends à vivre. Je garde en moi ces petits mots d'elle qui me soutiennent l'esprit. Je m'approche de mon petit soleil qui illumine ma bulle de salon. Je lui pose des questions, elle me répond du mieux qu'elle peut. J'apprécie sa présence qui m'enchante. Je la câline et je lui dis :

- Tu n’as pas fait de bisous à maman aujourd’hui…

Elle lève la tête de ce qui pique sa curiosité, elle me regarde et ouvre grand les bras pour me serrer fort de ses petites mains. Elle s’exclame de sa petite voix toute pure :

- T’aimes maman!

Je la serre fort en retour tandis que mon cœur n’est plus qu’une flaque de sentiments dans laquelle je patauge. Je lui souris tendrement. Elle retourne jouer. Elle m’échappe tout autant qu’elle s’attache. Je suis si émue que je n’ose bouger. Je reste quelques instants figée sous le choc de l’émotion qui me parcoure l'être tout entier. Je la regarde les yeux pleins d’amour. J'ai les pensées qui pétillent de bonheur et je me dis que la vie ne peut pas être plus belle…

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