dimanche, avril 17, 2005

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Souvenirs rebelles

Lorsque j'avais 20 ans, la société humaine me pesait tant que je refusais obstinément d'y contribuer. J'étais si révoltée par ce que j'y voyais, par ce que je comprennais, par ce monde adulte qui m'entourait que je refusais d'y participer. Pas d'université pour moi, pas de moules, pas de troupeaux pour enchaîner mon être libre. Juste l'amour et les mots pour nourrir mon âme abreuvée d'idéaux. Dans ma tête vibrait un monde pur et intègre. Un monde sain qui n'existait pas dans le regard de ces adultes qui m'entouraient, de ces gens qui me révoltaient par leurs vices et défauts. Ceux-ci m'apparaissaient avec clarté et cela me bouleversait. Je voyais clair derrière leurs façades bien polies avec lesquelles l'on essayait de m'aveugler. Je voyais le mal dans la transparence de leurs gestes inavoués et j'étais déterminée à ne pas succomber.

Le monde adulte me dégoutait. Je croyais en l'Amour et la Vérité. Mon coeur palpitait de bonté. Je ne voyais pas quelle place je pourrais trouver en ce monde pourri qui hébergeait mes jours. Je rêvais de générosité mais j'étais baignée dans l'avarice de ceux qui se disaient mes parents. Je cherchais la beauté pour fuir la laideur de ces gens vautrés sur leurs montagnes d'Argent, l'âme salie et le coeur vide. Je souffrais tant que j'ai failli mourir plus d'une fois. Mourir de peine, mourir de honte, mourir...

J'ai trouvé un semblant de solution en m'exilant au pays des arbres. Cela tombe bien, le Canada recèle multiples contrées boisées où se cacher. J'y ai découvert la paix intérieure. Loin des hommes et de leurs turpitudes, j'ai laissé la nature absorber ma jeune beauté en quelques années de solitude bien pensée, avant de me replonger dans le tourbillon de l'humanité. J'ai vieilli, j'ai souffert, je suis devenue adulte malgré moi et j'ai fini par me résigner à l'Université pour échapper à une pauvreté peu appréciée. Et voilà que d'ici quelques jours à la sagesse de mes 32 ans, j'obtiendrai contre toutes attentes ce diplôme qui me fera pénètrer dans ce monde adulte qui me révolta si intensément. Voilà que d'ici quelques mois si tout se passe bien, je serai moi-même parent...

La vie est pleine d'ironies. La coquine a plus d'un tour dans son sac! La mort n'a pas voulu de moi alors il me faut accepter de vivre, accepter de contribuer à cette société malgré ses angles qui me déplaisent tant. Je ne veux pas être ce que j'ai vu. Je crois, qu'à date, j'ai réussi à conserver ces différences qui en dérangèrent plusieurs à l'époque de mes 20 ans. Apprendre par contre-exemple est bien fatiguant et j'aimerai montrer à cet être qui loge en moi ce que l'on m'a si peu montré lorsque j'étais enfant. Lui montrer qu'être adulte ne rime pas obligatoirement avec pourritures et déséquilibres. Lui montrer que l'Amour est inconditionnel et que la Vérité ne tue pas...

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