lundi, novembre 03, 2003

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Sarah et Wojtek

À la fin des années 30, quelque part en Pologne, s’aimaient d’amour fou Sarah et Wojtek. Voisins depuis toujours, ils avaient grandi ensemble. Tout en venant de deux milieux très différents, ils s’étaient aimés dés l’enfance, partageant ces petites choses de la vie qui la rendent si bonne. Insouciants, ils se retrouvaient le soir, dans la petite cabane, perchée en haut de l’énorme chêne au fond du jardin de Sarah. Au clair de lune, il la prenait dans ses bras et l’embrassait tendrement. Ils passaient ainsi des nuits entières à discuter, à s’aimer gentiment, à refaire le monde, toujours plus beau, toujours plus grand…

Lorsque la guerre éclata, elle avait 20 ans et lui presque 18 ans. Leur innocence se brisa violemment un matin d’avril. Mais leur amour, invincible, était plus fort que toutes les haines que l’humanité pouvait engendrer…

Voici comment tout commença ou s'acheva suivant l'angle où l'on se penche...

Un matin de printemps, alors que le soleil brillait et que chantaient les oiseaux, deux nazis cognèrent à la porte. Hésitante Sarah ouvrit le lourd battant, elle sentit immédiatement la catastrophe effleurer son corps, une odeur de souffre lui emplit les narines et la peur au ventre, elle guida les deux officiers dans la cuisine où déjeunait toute sa famille.

Sa grand-mère, ses parents et ses deux petits frères étaient à table, les sourires se figèrent à la vue des uniformes verts. Sarah lut dans les yeux de sa mère le désespoir frapper ses pensées. En silence, alors que les deux hommes expliquaient à ses parents que le temps était venu préparer leurs affaires, elle s’éclipsa par l’arrière porte. Une fois dehors, elle courut comme une folle jusqu'à la maison de Wojtek qui déjeunait, lui aussi, avec ses parents. Lorsqu’il l’aperçut par la fenêtre, il enfourna la dernière tranche de pain qui reposait dans son assiette et sortit en trombe de chez lui. Sarah lui expliqua la situation, il sentit son cœur se serrer cruellement, il crut un instant défaillir, mais il reprit rapidement ses esprits et lui ordonna d’aller se cacher. Elle ne pouvait partir avec les nazis, des rumeurs folles circulaient sur les déportations des juifs. Elle devait fuir, il l’aiderait, elle devait aller se cacher dans la forêt…

- Mais Wojtek, et mes parents ? Et mes frères, je ne peux pas les abandonner !
- Sarah, ils te tueront j’en suis sure, j’ai entendu mes parents discuter avec le général Wilsman hier soir, j’ose à peine croire ce que mes oreilles ont entendu. Tu dois fuir…

Du bout de la rue, elle entend sa mère l’appeler d’une voix chevrotante.

- Ma mère m’appelle, je dois les rejoindre...
- Non ! Sarah ! Tu ne peux pas, cours, va te cacher, je t’en prie, cours…

Les appels de sa mère se transformèrent soudainement en cris, puis un coup de feu retentit et les cris se transformèrent en pleurs déchirants. Sarah sentit couler les larmes sur son visage, mais elle ne fit rien pour les arrêter. Elle avait l’impression que son cœur allait exploser ou son cerveau, elle n’était pas certaine duquel flancherait le premier. Elle sentit Wojtek la tirer par le bras et courir, courir, courir jusqu’à grimper l’arbre le plus haut, et pleurer, pleurer jusqu'à inonder la chemise de Wojtek de larmes amères et brûlantes comme l’enfer de ses pensées qui déchiquetaient sa raison…

Ils restèrent serrés l’un contre l’autre jusqu'à la tombée du jour, se faisant l’ultime promesse de ne jamais s’oublier quoi qu’il arrive, de toujours garder au fond de leur mémoire cette lueur qui éclairait leurs cœurs battant la même cadence, encore, toujours...

Finalement ils se décidèrent à redescendre sur terre, tenaillés par la faim et grelottants dans l'air gelé de la nuit. À l’instant précis où ils arrivèrent doucement devant la porte de la maison de Wojtek, un chien aboya et le perron s’illumina. La porte s’ouvrit et deux uniformes verts agrippèrent Sarah par les épaules et la poussèrent de force dans la voiture garée non loin…

À suivre…

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