mardi, avril 04, 2006

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Entre neige et pluie.

Cette journée a oscillé entre averses de pluie et bourrasques de neige, grisaille de ciel, bébé qui pleurniche pour un rien, qui croque tout ce qui lui passe entre ses sensibles gencives. Pianoter le clavier d’une main, sous les yeux de Bébé qui danse sur ma cuisse. L’on s'imprègne de Jeff Beck. Attentive, dubitative, elle se calme et écoute. J’entends son père qui me dit:

-Cette enfant va te faire tourner en bourrique, tu fais tous ses caprices!

C’est vrai qu’elle absorbe tout mon temps, toute mon énergie, qu’elle ne laisse pas une minute tranquille. Lorsque nous sommes toutes les deux, ensemble dans notre solitude boisée, elle s’agrippe à moi et refuse toute autonomie. Elle pleurniche dès que je la dépose et accepte seulement de jouer dans son Jolly-Jumper si elle n’est pas fatiguée. Ma chair est son monde. Dur, dur d’avoir une vie de femme avec un bébé continuellement sous le bras! Même pour dormir cela va mieux si je suis là! Et je la laisse faire, j’obtempère. Après tout c’est ma première!

TeethingLily-Soleil-(almost-5-monthJolly-Lily

J’étais à peine vivante pour ses premiers mois, maintenant que je reviens à moi, j’accepte de lui donner toute mon essence qui flambe. Pour un sourire, pour un baiser, pour un regard rempli d'affection, pour cette émotion intense que je ne contrôle pas. Bébé gigote sur ma cuisse. Elle observe les mouvements de mes doigts sur les touches. Chaque jour, elle s’éveille davantage, elle m’émerveille et j’en perds un peu les pédales. J’assassine ma vie sociale. Recluse, plus rien ne compte, plus rien ne se passe. Pas la force de répondre aux invitations, pas la force de jaser au bout du fil, pas la force d'écrire des courriels. J’ai ma grand-mère sur le cœur et mon bébé qui fait ses dents! Je me souviens des paroles réconfortantes d’Hugo de Polémil lors de notre (ma) dernière entrevue qui m’a dit :

- Bah! T’inquiètes pas, profites de ton bébé, isole-toi et les gens t’oublieront pas, lorsque cela sera le temps, ils se souviendront de toi!

Moments de doutes entre deux boires. Un coup de blues qui ralentit ma production laitière et un petit bout de chou en pleine croissance qui en redemande toujours plus. Devoir me résoudre à lui donner du supplément me navre un peu. D'autant plus que ses grimaces me culpabilisent! Évidemment mon homme me raisonne, mais je n’y peux rien, la nourrir me fait du bien. J’ai comme une impression de réussir quelque chose d'utile après avoir échouée à lui offrir une mère dynamique et en santé!

Un souffle, une respiration, enfin Bébé accepte de se reposer trois minutes et je peux peut-être finir ce billet si l’inspiration ne s’éteint pas avec ce calme soudain. J’ai le cerveau en marmelade, le corps en salade, le cœur en compote. Pourtant, il y a au fond de ma tristesse, ce bonheur de la sentir là, tout près de moi, de l'entendre gazouiller, bredouiller, chantonner, bonheur de ce petit être qui respire l’innocence et la pureté des anges.

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