mercredi, mai 30, 2012

Frissons

Dans la forêt, le souffle d'une tempête lointaine. La brume étouffe le lac silencieux.

Une nuit fraîche tombe sur les arbres qui frissonnent leurs feuilles nouvelles... 

Dans les grandes villes québécoises, la rumeur du peuple a des airs de casseroles. Gronde la révolte. L'urbanité frissonne sous l'exaltation de sa jeunesse.

 À Montréal, l'orage inonde les rues qui résonnent des cris du peuple.

 Sur la toile circulent les images des inondations qui détournent l'attention de l'atmosphère survoltée.

 Elle regarde l'actualité se dérouler sous ses doigts habitués à trouver l'information en temps réel...

À Miami, un cannibal attaque. Drogue ou virus? Les zombies rodent et les esprits s'enflamment. Elle frissonne.

 L'humanité vibre d'un drôle de sons que détectent les capteurs des vaisseaux extraterrestres cachés derrière Jupiter.

La nuit tombe sur la petite maison de pierre cachée dans la forêt et l'obscurité se gorge du bruit des feuilles qui bruissent sous le vent...

Huit mois plus tard 

1ère option: Le climat social continue son petit chemin révolutionnaire jusqu'à ce que la menace zombie le rende obsolète. Le Canada essaie de fermer ses frontières. C'est la guerre. Jésus n'est pas revenu sur Terre mais le diable s'éclate. Les extra-terrestres finissent par se manifester et s'en mêler. Sauver la Terre est leur objectif. Quant à l'humanité c'est mal barré!

2ième option: Le climat social s'apaise et les choses changent pour le mieux. La menace zombie est éradiquée à la source. Partout sur Terre l'humanité trouve les moyens d'évoluer et de grandir. L'espoir d'un monde meilleur renaît. Les extra-terrestres cachés derrière Jupiter sont satisfaits des progrès de l'humanité et continuent d’attendre qu'elle soit assez mûre pour les rencontrer et échanger...

En réalité 

Qu'il est bon de sentir la fiction reprendre ses droits en mon imagination. Signe de guérison intérieure. Maudit virus grignoteur de nerf facial! Sentir bourdonner les sens qui font vibrer les entrailles. Un an et demi après le choc de ma paralysie faciale, l'impression subtile de recommencer à vivre.

Continuer la bataille pour retrouver la forme. En chemin, retrouver des forces intérieures.Retrouver l'énergie de regarder autour de soi et d'observer un monde en turbulences.

Enfin l'humanité n'est-elle pas turbulente depuis la nuit des temps? Peut-être que dans le fond, il n'y a rien de bien nouveau sous les Tropiques célestes...

Comme dans un roman (de science-fiction)

lundi, mai 28, 2012


Petite, en France, je me souviens encore de ces diners de famille qui viraient en bataille dès que la conversation tournait autour de la politique. 

Gauche, droite. Cela parlait, cela parlait et cela s’engueulait…

Petite fille de 7 ans, je n’y comprenais rien. Comment des adultes supposément sensés pouvaient ainsi perdre les pédales pour une question de droite ou de gauche? 

Cela dépassait mes compréhensions autant que cela m’énervait.

À l’époque, déjà, sans m’en rendre compte, je rêvais de conversations pacifiques et profondes. Je rêvais de fins de dîners où tout le monde sortirait de table avec le sourire d’un bon dessert et du bon moment passé ensemble. 

Pas à ces au-revoir amers remplis de malaises, avec de la colère plein les yeux, et une gueule de cent pieds de long. Bonjour l'ambiance! Toute petite, la politique m'a rebutée pour l'effet qu'elle avait sur les adultes...

En ce temps là, en ma petite caboche révoltée, politique rimait avec non-harmonie. Je ne voulais rien savoir de la politique…

En grandissant, même si j’ai bien fini par comprendre le principe de droite et de gauche, je m’en suis toujours tenue éloignée. J’aimais la liberté avant tout et je voulais d'abord étudier le genre humain. Histoire de mieux comprendre cette race qui était mienne...

En vieillissant, j’ai décidé que l’équilibre était un mode de vie pertinent. Ni la droite ni la gauche ne sont jamais arrivés à me toucher. Le milieu, il est où le milieu? Gauche, droite. Noir, blanc. Et les zones grises alors?

Aussi j’ai décidé que je serais apolitique. Après tout, il y a bien des athées qui se respectent et que l’on respecte. Si je crois en certaines spiritualités mais pas en aucune politique, alors être apolitique me semble logique…

Des racines et des ailes

J’ai immigré au Québec, à Montréal, à l’âge de 14 ans.  En pleine adolescence. Ah! Que je t’ai aimée Montréal... 

Puis à mesure que j’ai pris racines en ces latitudes nordiques, à mesure que mon affection pour ce pays d’adoption a grandi, j’ai voulu connaitre le Québec. J’ai alors réalisé que le Québec, c’était bien plus que Montréal. Je suis partie.

Coté études,  j’ai décroché, j’ai voyagé, j’ai inspiré de grosses bouffées de liberté. J'ai suivi des chemins hors des sentiers battus. Je me suis mariée, j’ai réfléchi, j’ai raccroché. 

Je me suis ainsi retrouvée à l’université Laval de Québec. En couple. Lui dans un pavillon et moi dans un autre. Rendu là, je comprenais si bien le Québec que les touristes français ne me reconnaissaient plus. Ce qui avait le don d'interloquer mes amis québécois...

Rendu là, même si je resterai une minorité auditive à vie, je suis chez moi au Québec. Intégrée. En mon cœur, je suis québécoise. Avec des racines françaises certes, mais si bien implantée en ce terreau fertile qu’est le Québec que la France n'est plus qu'un souvenir lointain. Un souvenir d'enfance...

Avec le temps (un quart de siècle), je suis devenue québécoise en mon cœur sinon en mon sang. Vivant en un coin de brousse entre lac et forêt. Non loin de cette capitale nationale qui n’est pas sans me faire penser au village d’irréductibles gaulois…

En montréalaise que j’étais j’ai appris à aimer et à apprécier la ville de Québec. Et j’aime le Québec en son entier, ses grands espaces, sa nature sauvage, ses gens, son accent et son Histoire. 

Hybride, je suis devenue. Avec ma langue comme patrie. Comment ne pas tomber en amour avec ce bastion francophone qui m’a adopté et accepté en son sein? J'aime le Québec mais je n’aime toujours pas la politique…

À mes sens, une société éduquée est une société riche. Valorisons-nous la richesse intellectuelle à sa juste valeur? C'est une question qui me revient souvent en tête...

Étudier ne veut pas dire devenir riche pour tous mais étudier c'est s'endetter pour tous...

Mon homme n’est jamais vraiment sorti de l’université Laval. Après son Bacc, il a trouvé une job respectable sur le campus. Il s’y plait bien. Il n’a pas un salaire à tomber par terre mais il aime ce qu’il fait, il aime son environnement de travail, il s’y épanouit.

Pendant ce temps son artiste de femme, pigiste de son état, continue sa bohème intellectuelle. Écrire, piger, materner. Pas de quoi enthousiasmer ma banquière! Mais de quoi nourrir mes neurones...

En tant que couple, nous avons commencé notre vie « adulte » avec 30 000 dollars de dettes. 30 000 dollars de dettes et rien d’autre dans nos poches qu’un diplôme universitaire chacun.

Un diplôme qui ne nous rendra jamais riche. Mais une réelle dette à rembourser. 300$ par mois pendant des années et des années et des années. Ceci est une réalité qui semble peu comprise de ceux qui ne la vivent pas. Et je ne parlerai pas des taxes et impôts! Un tout autre sujet...

Alors revenons à nos moutons:  le prix de l’université. Prenons l'exemple d'un étudiant de classe moyenne qui travaille pendant ses études et qui s'endette tout à la fois.

Un étudiant normal qui vit en appartement et qui n'a pas des parents richissimes derrière lui. Un étudiant qui mange des pâtes (et parfois du pain sec). Un étudiant qui étudie et qui travaille pour arriver à boucler ses fins de mois. Un étudiant qui ne part pas dans le Sud quand vient Spring Break...

Car quoi qu'en disent les mauvaises langues, ces étudiants là font aussi la norme...

Pensons à ceux là, en un futur imparfait, ceux là qui devront payer quoi? 300$ par étudiant (le double d'aujourd'hui)  de remboursement mensuel pour avoir obtenu un simple bacc? Mettez les en couple. Ils n'auront pas de quoi s'en plaindre n'est-ce pas? Après tout, quand on a l'amour, on peut vivre d'eau fraîche...

Parce-que, vraiment, y'a pas de quoi se plaindre de commencer sa vie avec un tel handicap financier n'est-ce pas? Pas de quoi en faire un scandale...

Ouais... et bien moi, si je me mets dans les chaussures de ces étudiants futuristes et bien je les plains! Marcher dans leurs chaussures me fait mal. Et c'est sans parler des multiples exemples de diplômés américains qui croulent sous les dettes d'études jusqu'à s'étouffer...

L’idée de devoir vivre ma vie actuelle et de devoir rembourser le double de ce que l’on rembourse déjà pour avoir eu le privilège d’étudier me semble si exagéré que cela me révolte…

L’option d’un salaire à 35 000$ - 40 000$ - ou même 55 000$ par année pour une matière étudiée. Le tout avec un remboursement annuel de plus de 500$ (en couple) me semble si aberrant que la peau me hérisse et voilà que je suis rouge!

Qu’on ne vienne alors pas me parler de politique mais de réalité! Car c’est pour cette réalité là que se battent les étudiants en ce printemps d’érable qui fait les manchettes…

Parlez-moi de bon sens et d'ouverture d'esprit....

Ceci sans oublier de se rappeler que sortir de l'université avec un bagage intellectuel ne veut pas obligatoirement dire avoir un emploi qui apporte la richesse sur un plateau d'argent. Étudier, cela veut parfois juste dire obtenir un emploi où l'on peut se nourrir les neurones...

Coté techno: Les manifs dans mon salon...

Sous peu en ce petit coin de Web : Miss Soleil et nos casseroles…



Voir rouge...

Ah! Que les feuilles ont verdit! Avec le printemps, le Québec se réveille dans un drôle d'état. Un état qui m'hypnotise et m'emporte les idées...

Alors que je dois rénover ce coin de Web. Histoire de lui fêter ses neuf ans d'existence. Alors que j'ai des textes bloquesques qui s'empoussierent, je suis entraînée dans ce courant qui bouscule le Québec...

Aussi avant de me dépoussiérer les idées légères, je vais laisser libre l'inspiration. Ne pas l'encadrer juste la laisser couler. Histoire de ne pas laisser déborder...

Dans la forêt qui s'habille...

vendredi, mai 11, 2012

Après des semaines de grisaille et de pluie où l'on a pu compter sur les doigts d'une main les jours ensoleillés, enfin la météo se fait optimiste...

Il était temps. Car la monotonie du ciel commençait à sacrément me peser sur le système. Un peu plus et je me sentais prête à hululer à la lune!

Cette fin de semaine c'est la fête des mères. Généreuse, la météo prévoit du soleil pour l'occasion. 

Et en cette occasion particulière ma tête oscille entre mon rôle de mère et ma condition de fille.

Ma condition de fille m'est douloureuse et difficile. Est-ce que mon salut se situe dans ma condition de mère?  Je sais que la douleur de l'une motive l'ambition de l'autre. Ces sensations s'entremêlent en mon cœur de femme. Mes émotions s'y noient.

Ne pas revivre ce que l'on a déjà vécu. Apprendre du passé pour construire un meilleur avenir.  

Je ressens beaucoup de  gratitude pour cette petite fille qui est mienne. L'esprit vif, en bonne santé, elle grandit en beauté. Je sais que c'est une chance. J'en suis reconnaissante. Cette émotion est enrobée de tendresse. Et cette tendresse s'enracine dans l'amour inconditionnel.

Tandis que je veille sur ses jours, je sens peser sur mes épaules le poids de ma responsabilité maternelle. Un poids qui m'est tombé dessus à partir du moment où je l'ai sentie frétiller en mon ventre.

Parfois je me demande si la sensation aurait été la même avec un fils. Sûrement. Elle aurait été différente mais pareille. Car tous les parents de la Terre ne sont-ils pas logés à la même enseigne?

Mais ce n'est surement pas un hasard si mon enfant unique est une fille. C'est l'une de ces leçons qu'aime donner la vie. Si je suis bonne élève, j'aurais peut-être la chance de réussir là où ma mère a échoué. Réussir à construire une relation mère-fille harmonieuse.

Cette année, la fête des mères fait jaillir en moi l'envie de célébrer mon enfant. Car c'est elle qui fait de moi une mère. Avec elle, je puise quotidiennement en cet instinct maternel qui me rend sensible à tous les enfants. 

Mais c'est sa maman à elle que je suis. Grâce à elle j'affronte les souffrances de mon passé pour essayer de les dépasser, pour ne pas lui léguer.

Et de là je me pose la question à savoir ce que je peux lui léguer. Vaste question. L'héritage émotionnel (et/ou spirituel) fait partie intégrante de cette responsabilité que je ressens envers elle.

J'espère arriver à lui transmettre ces valeurs qui me tiennent à cœur. J'espère arriver à lui léguer l'envie d'améliorer le monde. Car n'est-ce pas ainsi que l'humanité s'améliore, de générations en générations?

Et pendant que ces pensées m'agitent les entrailles, je regarde aller le mouvement présent des étudiants avec empathie. Cette nouvelle génération qui ose lever la voix pour affirmer ses convictions. Cette nouvelle génération qui fait front.

Je ne les regarde pas comme des enfants gâtés mais plutôt comme des jeunes qui se battent pour un monde meilleur. Je les trouve beaux...


Cuisine de tripes maternelles...

mardi, mai 01, 2012

Avec l'entrée de Miss Soleil dans l'âge de la raison, je me pose plein de questions. Encore et toujours. Dans tous les sens. Le cœur battant, je me tortille quelques neurones.

Je réalise ainsi que la parentitude est comme une pelle avec laquelle on peut se creuser l'intérieur.

Et puis, tant qu'on y est, pourquoi ne pas faire de la spéléologie interne? Histoire de se dépasser un coup. Après tout être parent n'est-ce-pas aussi passer par dessus soi?

Armée d'une lampe frontale partir en exploration existentielle. Descendre des gouffres. Ramper dans des couloirs obscurs. Apercevoir quelques chauve-souris. Nager dans des rivières limpides. S'émerveiller devant quelques stalagmites. À moins que cela ne soit des stalactites?

Et enfin, après maints efforts, découvrir ces grottes mystérieuses remplies de trésors insoupçonnés...

Abstractions parentales...

Les jours filent. Défilent. Avril monotone. Morose grisaille. Temps de m...

Grisaille, grêle, neige et froid mordant font le quotidien d'avril. Le soleil se fait fugace. Il agace.

Dieu merci voici mai qui se pointe le nez! Joli mois de mai? À quand les feuilles sur les branches nues des arbres?

Au fil des saisons, je tisse ce quotidien qui est mien. Les années passent et la vie continue...

Petit à petit la maison reprend vie. Une finition par ci, une finition par là, un coup de peinture. Pièce par pièce, avec conviction et détermination, on remet à neuf le passé. Investir dans l'avenir.

Piges, mamamitude et douleurs chroniques font le rythme des semaines. Inutile de parler des douleurs faciales. Invisibles de l'extérieur, elles n'existent que de l'intérieur. À chacun ses fardeaux d'existences.

Trouver l'équilibre nordique sous un ciel bougon. Se geler les fesses. Attendre l'été. Prendre son mal en patience. Avancer. Penser. Exister.

Regarder les manifestations étudiantes du coin de l'écran. Soutenir en silence. Du coin de ma brousse espérer que les étudiants arrivent à changer le monde. Partager un lien ou deux. Penser à ces prêts bourses qui nous grugent les finances et grommeler.

Croire que l'éducation enrichit un pays et penser qu'il serait juste que tous puissent en profiter. Les riches comme les pauvres. Croire en la culture et le savoir. Détester la politique et le pouvoir de l'argent et ses turpitudes.

Trop souvent l'argent pourrit l'humanité. Et que dire de la politique? De ses dérives. Et que dire des gaspillages en tout genre? L'argent, gaspillé par la mauvaise gestion des universités, est rarement mentionné dans les débats sur le sujet...

Rêver d'un monde ou le troc serait roi et où le savoir et la culture seraient valorisés à leur juste valeur. Utopies et fantasmes intellos.

La misère financière est une chose et la pauvreté mentale en est une autre. Si l'on parle souvent de l'une, on mentionne beaucoup moins l'autre. Pourtant la misère intellectuelle fait des ravages et me révolte souvent.

Bref, arrive le jour où Miss Soleil me demande ce que je regarde sur l'écran. Je regarde le lipdud des étudiants qui manifestent contre la hausse.

La Miss s'approche. Elle reconnait la chanson "Le bruit des bottes". Elle veut savoir ce qui se passe. Je lui explique le principe.

Son visage se durcit. Elle veut comprendre. On en discute...

Elle réalise que la vie coûte bien des sous. J'en profite pour lui expliquer que l'on met de l'argent de coté depuis sa naissance pour qu'elle puisse aller à l'université.

En effet, si l'on économise pas pour nos vieux jours, on le fait pour son avenir à elle. Je lui explique que les étudiants se battent aussi pour elle.

Avec cette conversation, elle réalise que l'école est longue et coûteuse. D'ailleurs du haut de ses 6 ans et demi, elle réalise de plus en plus de choses. Je la vois entrer dans l'âge de la raison. J'ajuste mon rôle maternel à cette nouvelle équation d'enfance.

Ses goûts sont de plus en plus prononcés. Ses réflexions sont de plus en plus approfondies. Je mets un point d’honneur à les écouter et les comprendre. À les considérer.

Je sais qu'un jour l'apprentissage sera commun. J'apprendrai d'elle autant qu'elle aura appris de moi.

Selon les livres, 7 ans est l'âge de la raison. Le moment crucial où l'enfant entre dans la "grande enfance".

Avec cette étape l'autonomie s'affirme et l'enfant approfondit ses raisonnements. Il n'est plus la continuation de ses parents, il s'individualise.

Libertés et angoisses vont souvent de pair. L'enfant tire ses propres conclusions sur le monde qui l'entoure. Il commence ce long chemin qui mène vers l’âge adulte. Un chemin périlleux autant pour l'enfant que pour les parents...


Joli mois de mai et âge de raison...

jeudi, avril 19, 2012

De la difficulté de revenir...

Revenue au lac depuis deux semaines, je peine à reprendre le fil de ces mots que je cultive en ce coin de Toile.

Revenue avec le printemps encore timide, je m'étire en sa compagnie...

C'est que lorsque l'on vit de l'extraordinaire durant un certain temps l'ordinaire retrouvé est d'un coup bien fade.

En 8000 kilomètres, l'aventurière en mon sang a repris les brides pour profiter au maximum de ce voyage américain. Même la pirate a repris vie au bout de la US1!

La nomade est revenue à la vie. De retour en son quotidien, elle a de la difficulté à lâcher prise...

Partir est facile, revenir l'est moins. Cette pige si cool a transformé le travail en plaisir. Délicieuse sensation. Un voyage où la conciliation travail famille était à son meilleur. Un voyage où les palmiers étaient de la fête.

En quelques jours, l'homme s'est adapté au rythme effréné du voyage. Il a vite réalisé la frontière entre le voyage de presse et les vacances. Il a accepté le rythme que cela impose. Et il a si bien fait cela que je le ramènerais avec moi sans aucune hésitation!

Miss Soleil a juste eu besoin de profiter. Stimulée, fatiguée, dépaysée, la puce a vécu l'aventure avec joie. Il faut dire que c'est une petite roadie hors pair qui se plaint à peine des longues heures de route qui nous font parcourir la Floride.

Au cœur du voyage, elle s'exclame: " Maman, on fait tellement de choses que j'ai plus le temps de penser à faire pipi!".

Je souris. Mission maternelle accomplie.

En voyage, l'on vit des moments d'exceptions. Ces moments soudent la famille que nous construisons, année après année...

Ces moments cimentent les failles causées par les différents obstacles de la vie. Routines, ennuis de santé, soucis en tout genre..

En fait, ce voyage fut si merveilleux que revenir est douloureux...

D'autant plus que la Miss a attrapé une gastro deux jours après avoir repris l'école. Bon retour à la maison les parents!

En rentrant, je reprends mes piges technos tout en continuant d'écrire sur le voyage.

Mon corps est revenu mais ma tête, pas tout à fait. Je me replonge dans ces milliers de photos et je range soigneusement les souvenirs en mon sang.

J'en profite pour apprécier les bienfaits de l'aventure en ma peau. Je prends le temps de digérer toutes ces sensations, de les insérer en mon âme et conscience.

J'adore prendre la route. Avaler les kilomètres et voir défiler les paysages. Absorber l'inconnu qui nous emmène là où nous porte l'aventure...

Mon fantasme ultime serait de prendre la route pour 3 à 6 mois, traverser l'Amérique de long en large et d'écrire au fil des rencontres, des inspirations, des réalisations.

Je n'ai pas le pied marin mais j'ai définitivement l'âme d'une roadie!

I'm a beatnick at heart! Loving the wide open spaces and the poetry that comes from the road...

Heureusement que le printemps fait son œuvre de renaissance pour m'aider à revenir. Il aide à conjurer cette nostalgie qui m'évade. L'appel de la route reste ancré dans mes idées. À quand la prochaine aventure?

Mais avant de penser à repartir, il me faut habiter de nouveau le quotidien. Mon quotidien. Celui qui fait pousser toutes ces graines que l'on a planté en notre terreau nordique. Graines de couple, graines parentales, graines d'enfance, graines d'amitié, etc.

Entre deux sapins, quelques bourgeons et un lac calé, la vie reprend son cours. Et je reprends la plume...

De la difficulté de revenir...

dimanche, mars 11, 2012

Prendre la route...


La semaine dernière, en faisant ma marche quotidienne, je rencontre la fée Chevrolet sur le bord du chemin. Elle me fait signe de venir lui parler. J'hésite un peu mais sa beauté m’interpelle. Je m'avance vers elle.

Vêtue d'une longue robe signée par un logo facilement identifiable, elle me sourit. Une sorte de baguette de bois à la main, elle me fait signe de la rejoindre. Je m'approche. Sans dire un mot de plus, elle lève sa baguette dans le soleil et pouf! Apparait alors une Chevrolet Orlando toute neuve devant moi! Elle me regarde avec des yeux pétillants d’espièglerie et me dit:

- Oups, je voulais le modèle blanc et c'est le gris que j'ai capté. Il va encore falloir que j'affine ma formule! Bon tant pis! Prends ce carrosse et rentre au château avec ta famille. Mickey et Minnie t'attendent dans 4 jours, surtout ne sois pas en retard!

À peine est-ce que j'ai le temps de fermer ma bouche bée qu'elle disparait en une vapeur mystérieuse.

Je réalise alors que j'ai la clé de la voiture dans la main. J'imagine donc que je n'ai plus qu'à obéir! On ne tergiverse pas avec une fée! Et on ne fait certainement pas attendre Mickey...

On the road again...

Bon okay, ça c'est la version enchantée que l'on retrouve dans les livres. En réalité, je travaille sur un projet de voyage de presse depuis l'automne dernier et maintenant que je suis sur le départ, je peux enfin en parler!

Au réel, tout n'a pas été si simple. Il faut ajouter à la recette magique des heures de travail, de la sueur mentale et une bonne dose de stress. Mais bon, tant que s'alignent les étoiles, c'est tout ce qui compte non?

Et s'il y a une job de rêve à mes sens, c'est bien celle que je vais vivre dans les prochaines semaines...

Nous voici donc prêt pour un road-trip de quelques 7000 kilomètres qui nous fera parcourir la Floride de la côte Est à la côte Ouest. Des bouffées de Kerouac me montent à la tête. Après l'obscur tunnel que j'ai traversé l'hiver dernier, la lumière est aveuglante.

Et puis, sous la tristesse des douleurs traversées, il y a cette joie qui monte, la joie de prendre la route, la joie de prendre le large...

Depuis que je suis devenue sédentaire, enracinée en mon village de lac pour y fonder une famille, la nomade en mon sang a le vague à l'âme.

Maintenant que la famille est fondée, la maison presque rénovée, la nomade en ma peau réclame de l'air, et des palmiers, et de l'aventure! Aussi celle-ci est extatique à l'idée de partir...

La professionnelle en ma peau est pas mal plus stressée que la nomade en mon sang, celle-ci sait que c'est avant tout un voyage de presse et que ce n'est pas des vacances! Mais c'est certainement la job de ses rêves alors elle est aussi bienheureuse...

Avec ce voyage, je prends des vacances du portail techno où je travaille pour faire une excursion du coté du portail voyage.

Mais on n'enlève pas la geekette de la princesse! Mon carrosse est doté d'un wifi. Ainsi c'est reparti pour un autre road-trip connecté!

Je ne sais pas si j'aurais beaucoup de temps pour nourrir ce coin de blogue perso que j'affectionne. Un blogue presque préhistorique qui fêtera ses 9 ans en avril prochain.

Alors en attendant, si cela vous dit de venir road-tripper avec nous, voici quelques coins numériques où nous retrouver: Twitter, Flickr, Instagram, Tumblr et le blogue voyage de Sympatico.ca...

Prendre la route...

Au détour de l'hôtel de glace...


L’hôtel de glace fait partie de nos traditions familiales. J'ai été bien triste de le voir déménager si loin de chez moi. J'en ressens encore de la peine lorsque je dois faire les 45 minutes de trajet pour m'y rendre­...

Mais une fois arrivée sur place, toujours, la même magie opère. Ce palais de glace m'enchante l'hiver. Il offre un angle de vue féerique et la saison s'embellit comme dans un conte de fée! Je craque et je mitraille...

M'zelle Soleil y retrouve ses repères, l’hôtel de glace fait partie de ses hivers. Il s'incorpore, pour le meilleur, à la texture de son enfance tissée aux fils des saisons...

Au détour de l'hôtel de glace...

vendredi, mars 09, 2012

Solidarité féminine...

La semaine dernière, alors que j'attendais dans la salle d'attente du docteur, je parcoure un vieux Paris-Match qui traine par là et... je scotche sur un reportage qui montre en images une lapidation féminine!

Un trou que l'on creuse pour une femme. La femme que l'on pousse dans sa tombe. Silhouette droite sous sa burqua grillagée. Et les pierres que l'on lance jusqu'à la mort. Une vie qui s'achève avec 2 balles dans la tête...

Ressentir le barbarisme avec révolte. Essayer de se mettre à la place de ses villageois sommés de participer à cette lapidation. Ces hommes, femmes et enfants pris en un tel engrenage de violence et d'ignorance.  Et penser à ces femmes. Citoyennes de troisième zone. Ces femmes sans destin...

Se faire submerger par une vague de reconnaissance qui rappelle combien j'ai de la chance de vivre au Québec. La chance d'être une femme libre... à l'égal des hommes...

Au fil des millénaires qui font l'histoire de l'humanité, le sort des femmes fait trop souvent pleurer. Personnellement je ne pleure pas tant que je me révolte. Pas tant que je sens monter la rage. Je ne crois pas que j'aurais la vie longue dans un tel contexte...

C'est peut-être pour cela que je ressens une telle émotion à regarder l'image de cette femme anonyme, si droite devant sa mort. Tuée pour avoir osé vouloir vivre un peu. Vaut-il mieux vivre un peu que ne jamais vivre vraiment?

Car la vie de ces femmes emprisonnées par la haine des hommes n'est pas la vie telle qu'on la conçoit ici...

Hier c'était la journée de la femme, j'en apprécie toujours l'initiative. Mais en ce qui me concerne, ce n'est pas une fête, c'est un rappel. Un rappel à la mémoire féminine. Un rappel à la mémoire de toutes celles qui sont tombées au combat et qui tombent encore.

Car l'on ne pourra fêter que lorsque toutes les femmes sur Terre seront libérées des stupides chaines de la force brute...

L'histoire de cette lapidation en est une romanesque. Une jeune femme de 22 ans et un jeune homme de 26 ans. Lui est marié. Dans l'absolu il pourrait la marier en deuxième noces mais elle est déjà promise à un autre et puis elle n'est pas de la même tribu. Les amants s'enfuient. Reviennent sous de fausses promesses. Se font emprisonnés puis lapidés sur la place publique.

L'on dira que dans ce cas-ci l'homme a connu le même sort que la femme. C'est vrai. Mais si les femmes étaient libres de vivre comme bon leur semble et de se marier selon leurs vœux, rien de tout cela ne serait arrivé. D’ailleurs au Canada, rien de tout cela n'arrive jamais!

Et tous les cas de meurtres de femmes ne sont pas si romanesques. Il y a tous ceux que l'on imagine à peine. De ceux dont on parle pas, dont on sait rien même si l'on sait qu'ils existent au loin. L'on sait mais l'on en chasse les pensées d'un coup d’égoïsme quotidien.

Et n'est-il pas égoïste de célébrer notre condition féminine sans penser à toutes celles qui meurent encore?

À notre ére numérique, où YouTube est un royaume d'humanités, l'on peut trouver la vidéo filmée lors de cette lapidation. C'est presque comme y être. Et pour ne pas en être complice, ne doit-on pas parler pour celles qui sont muselées?

Le féminisme n'est peut-être pas parfait, mais il a au moins le mérite d’exister. Il est au front d'un combat qu'il ne faut pas croire terminé...

Solidarité féminine...

lundi, mars 05, 2012

Une vie humaine, un grain de sable dans l'éternité...

Lorsque j’étais toute petite, élevée par ma grand-mère, je l'écoutais parler de ma pomme aux adultes environnants. Souvent elle disait combien j'étais gentille et je trouvais que c'était une piètre qualité.

À l'époque je me souviens que je n'en comprenais pas vraiment le point. Est-ce que ce n'était pas le cas de tout le monde?

La gentillesse me semblait si simple, si naturelle, est-ce que tout le monde n'était pas ainsi?

À cette époque, en mes sens d'enfance, tout le monde était gentil! Franchement, je ne voyais vraiment pas en quoi c'était une qualité digne de mention...

Et puis en grandissant, j'ai commencé à percevoir les méchancetés autour de moi, à l'école et aussi chez les adultes. Avec la découverte de la méchanceté humaine j'ai commencé à comprendre ce qu'était la destruction.

Être méchant était humain mais je n'en voyais pas le point. La méchanceté rend la vie plus difficile et aride. Pourquoi choisir cette voie? D’après moi, être gentil était bien meilleur à la santé.

D'ailleurs, s'il m'arrivait d'être méchante avec autrui, jamais je n'aimais la sensation que j'en ressentais, cet arrière-goût amer dans la bouche...

Cela dit, être gentille ne faisait pas de moi une personne influençable ou faible, j'avais aussi la chance d'avoir un caractère bien trempé et la repartie facile. Je n'étais pas du genre à me laisser marcher sur les pieds.

Ma vie d'enfant n'a pas été un long fleuve tranquille. Avec les années j'ai su construire une carapace pour protéger cette gentillesse qui couvait en mon cœur.

À l'adolescence, la colère extrême pouvait parfois me rendre méchante et je n'en appréciais guère le principe. La souffrance et la méchanceté sont souvent complices. Mais c'est toujours dans la méchanceté que je me suis sentie faible, jamais dans la gentillesse.

En murissant j'ai réalisé à quel point j'aimais la gentillesse humaine. Quitte à être rose bonbon ou fleur bleue. Avec le temps, j'ai appris à respecter la gentillesse, à en apprécier la qualité. Et j'ai décidé de la cultiver plutôt que de l'étouffer.

Aujourd'hui, je crois que la gentillesse est une force que l'on sous-estime trop souvent. À mes yeux elle est synonyme de paix. De paix avec les autres mais aussi avec soi..

La gentillesse est un état d'être, c'est un sourire gratuit offert à un inconnu dans la rue. En mon âme et conscience, la gentillesse est compère du bonheur...

Une vie humaine, un grain de sable dans l'éternité...

mardi, février 21, 2012

Bric à brac parental

La semaine dernière M'zelle Soleil à fêté ses 100 jours à l'école. Pour l'occasion, les enfants devaient amener une collection de 100 trucs ou bidules...

On a opté pour la facilité avec des pâtes. Ai pensé aux perles trop tard! Du coup la Miss n'était pas révolutionnée par mon idée. Paraît que les pâtes, c'était pas le choix le plus cool!

Cela dit, dans la foulée, M'zelle Soleil a certainement apprivoisé les centaines.

Après une journée d'activités autour du cent, elle est rentrée en me demandant des chiffres à écrire et elle a continué d'apprendre un peu en pratiquant ses centaines à l'écrit.

Dans ces moments là, le parent ressent une fierté bien agréable à absorber. Une sensation qui nourrit l'âme et le cœur. Un doux sentiment qui compense pour les moments où l'on se sent mal d'être ce parent pas drôle qui fait la loi...

Avec cette centaine de jours d'école dans les pattes, M'zelle Soleil a bien grandi. Bonne élève, elle adore sa maîtresse. Elle l'aime tant que j'ai l'impression que Mde Manon égale ma brillance en son royaume d'enfance.

Parfois elle nous mélange, m'appelle par son nom et l'appelle Maman par mégarde. Elle lui est bien attachée. Ce qui l'aide à s'intégrer à l'école. Je ne peux que reconnaître les bienfaits de cette première maîtresse en sa vie...

Et même s'il m'arrive de sentir une petite jalousie effleurer mes émotions maternelles, elle est vite remise en contexte. En tant que parent j'accompagne l'éducation scolaire de ma fille, donc j'accompagne la maîtresse (qui elle aussi m'accompagne dans l'éducation de ma fille), c'est un travail d'équipe, pas une compétition!

J'ai beaucoup d'estime pour Mde Manon qui fait un excellent travail avec ma puce en plus de devoir se dépatouiller d'une classe difficile. Sur les onze garçons de la classe de M'zelle Soleil, plusieurs ont des troubles de comportements. Le bémol est certainement l'ambiance de la classe.

Bruyante, difficile à gérer, sa classe n'est pas un cadeau. M'zelle Soleil s'en plaint parfois et j'ai beaucoup d'empathie pour la maîtresse. D'un autre coté, la barre n'est pas si haute et ma puce peut performer sans se casser la tête. Et performer l'aide à prendre confiance en elle, un point important en début de scolarité...

Comme elle communique beaucoup avec moi, je peux soupeser les comportements déplaisants de son environnement scolaire. Je peux apporter une lumière à sa lanterne en espérant qu'elle s'en éclaire lorsque passent les nuages. Je crois dans les vertus de la communication. Et je dois aussi serrer la vis. Pas le choix.

Je n'aime pas la discipline. Je n'aime pas la rigidité qui en découle. Mais je m'y plie avec différentes raisons. C'est un défi permanent. Du coup cela pousse ma réflexion et j'y réfléchis souvent. C'est aussi ça être adulte. Savoir qu'il faut parfois faire ce que l'on a pas envie pour obtenir ce que l'on veut. Puis essayer de l'expliquer à sa puce qui refuse une consigne avec un virulent "Non, j'ai pas envie!"

Bref, à l'école tout va bien. Il y a évidement les petits drames de la cour d'école mais la puce semble trouver sa place sans vrai problème. Elle y a ses amis, il y a les meilleures amies qui s'ajustent selon les jours et les humeurs. Tant qu'elle a des amies, le reste c'est juste la vie...

M'zelle Soleil fait partie d'un petit groupe de filles qui s'entendent bien mais je souris (parfois jaune) devant les péripéties sociales de maternelle. Un jour meilleure amie, un jour je lui parle plus, un autre jour je l'adore, ouf! Être une fille est tout un exercice de style...

M'zelle Soleil me parle de ses histoires de filles. L'on en discute facilement. J'essaie d'instiller des gouttes de philosophie en ses émotions. L'idée étant de guider la réflexion plutôt que d'affirmer sa supériorité adulte.

Pendant ce temps Mde Manon fait un bon travail d'éducation scolaire. Je vois progresser mon enfant semaine après semaine. Maîtriser de nouvelles notions. S'épanouir. La deuxième rencontre parents/professeur s'en vient. Cette semaine c'est le bulletin. Le début d'une longue série...

Le premier était excellent. Si le deuxième est à la hauteur du premier, l'on pourra partir à l'aventure l'esprit tranquille. Car à l'école de la vie, le voyage est certainement un cours à ne pas manquer!

Mais pour en revenir à l'école, M'zelle Soleil est revenue de sa journée de Saint Valentin avec de bien bonnes idées inventées par sa maîtresse...

En plus de nous ramener de jolis bricolages en cœur, la puce nous offre deux bons pour services. L'un deux mentionne un petit déjeuner au lit pour les parents!

M'zelle Soleil m'explique alors qu'elle a très hâte de nous faire un petit déjeuner au lit, elle en a parlé avec sa maîtresse et elle compte nous faire des tartines. Mais soudainement une idée me vient. Pourquoi ne cuirait-elle pas aussi des œufs brouillés? Après tout, dans les pays pauvres, les enfants savent cuisiner à 6 ans!Et puis n'est-ce pas le rôle des parents d'aider les enfants à grandir?

J'ai soudainement une bouffée de confiance en mon enfant et je réalise qu'elle est certainement capable de se débrouiller à la cuisine. Je n'aime pas l'idée d'étouffer les enfants dans une société ultra ouatée. Même si je sais combien mon enfant est couvée en sa vie.

Je poursuis ma pensée, nous avons des plaques en vitrocéramique qui sont certainement faciles à utiliser et peu dangereuses! J'explique mon plan à Miss Soleil qui s'emballe. Son enthousiaste me fait plaisir...

L'on élabore le plan d'action, coté tartines, elle est correcte. Coté œufs, prendre une poêle, la mettre sur la plaque et mettre le bouton à 5. Jusqu'ici tout va bien. Prendre un gros bol, y casser les oeufs et enlever les coquilles si besoin. Battre un peu les oeufs avec une fourchette, ajouter le fromage et le jambon (préalablement préparé) et mettre dans la poêle...

En les yeux de ma puce je vois briller la fierté de cette confiance que je lui accorde. Je suis convaincue. Elle est déterminée et capable! Le soir, j'affronte les réticentes paternelles avec conviction et l'expérience est approuvée. Samedi matin, c'est la pratique et dimanche, M'zelle Soleil nous prépare seule un petit déjeuner au lit...

Arrive dimanche matin. J'entends se lever tôt la puce. Trop tôt. Trop bien en mon sommeil, je ne me réveille pas. Elle est assez grande pour nous laisser nous lever le dimanche à une heure décente (neuf heures).

J'entends bardinguer dans la cuisine et je me dis qu'elle se fait son bol de céréales du dimanche matin devant télé. Mais lorsque j'entends l'eau bouillir, la mère en ma peau réveille la femme endormie. Du coup, je réalise qu'on est dimanche matin!

Incapable de résister, je vais jeter un œil à la cuisine. Et quelle n'est pas ma surprise de voir trois plateaux garnis de leur petit déjeuner!

La puce est fière. Et la mère aussi. Elle me renvoie au lit. J'obéis après avoir pris le thé en main!

M'zelle Soleil nous porte nos plateaux au lit, l'on se regarde quand même estomaqués, l'on sourit. Sur chaque pain elle a déposé une pétale de rose (pour faire plus joli nous explique-t-elle), l'on craque. Les oeufs sont bien bons même si bien froids!

Juan me chuchote qu'il veut aller les réchauffer, je lui indique d'un regard courroucé que ce n'est pas une bonne idée. Il en parle à la puce qui se renfrogne un peu. Il laisse tomber. L'on apprécie l'instant magique. L'on absorbe cette émotion parentale si spéciale. L'on mange nos œufs brouillés bien froids le cœur bien chaud!

Et, silencieusement, je remercie la bonne idée de la maitresse d'école...

Bric à brac parental