vendredi, juillet 25, 2003

Milvia

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Le départ des petits chats de la maison crée un silence nouveau…
On se retrouve un peu plus chez nous ! Juan est content, et je comprends…
Ça me peine un peu à chaque fois, c’est comme ça…

Il faut dire que Juan m’aime vraiment pour supporter ma tribu de chats, reflets félins de mon excentricité humaine. Heureusement à la base, il aime les chats, mais encore là, on peut aimer les chats et trouver que la dizaine c’est un peu beaucoup, je comprends…

Mais ce n’est pas assez pour parler d’amour manifesté, « ce qui le fait », c’est que c’est lui qui change les deux litières ! J’avoue. Je suis pas capable ! C’est un travail d’homme, vous imaginez pas comment ça peut être terrible…

Et mon homme, ben il accepte la job ! Pas toujours de bon cœur, après tout, il est bon mais pas con. Mais il m’aime et comprend que de par sa relative jeunesse, du haut de ses 23 ans, il n’est pas prêt à me faire un enfant. Et du fait de mes trente ans, « c’est pas que », mon horloge biologique fait tic-tac.. tic…tac… tic…

Vu que l’on se comprend parfaitement l’un l’autre, on ne s’engueule pas sur ce sujet, j’ai juste beaucoup de chats ! Je laisse la nature chez eux s’opérer, j’adore l’animation, la vie de toutes ces petites crottes de chats qui courent partout, si mignonnes….

Étant orpheline de père. On peut avoir un géniteur vivant mais ne jamais savoir ce qu’est un père. Le mien disparut de ma vie à peu prés au même moment où arriva Oui-Oui, vers 5 ans…

Je refuse de me retrouver dans la position de mère monoparentale dans laquelle j’ai vu ma mère se débattre et échouer à la tache. Jamais je n’aurais la force de revivre ce même cycle. Alors j’attends, j’attends le moment parfait où la vie sera de circonstances pour que je puisse fonder une famille, je vieillis, et j’attends…

Certains disent que ce sont de fausses excuses, que si l’on veut vraiment un enfant, il faut le faire, même si l’on est pauvre, même si on est pas encore super équilibrés, même si on a mal de l’intérieur. C’est sûrement vrai ! Et à force d’attendre, je risque l’infertilité ! Et tant d’autres choses dont je vois se pointer le bout du nez, une sorte d’égoïsme, des habitudes qui s’installent… Mais mes cicatrices intérieures sont trop profondes, elles me défigurent trop le cœur. Je préfère adopter dans ma cinquantaine si c’est la seule chose qui me sera possible, et puis à 50 ans, si je n’ai pas de couple, je compte avoir la stabilité financière et émotionnelle pour offrir un foyer aux enfants qui n’en ont pas…

Mais là comme dirait Juan, je prends la voie du pessimiste. Il faut croire au bonheur Etolane. Croire que la vie n’est pas le même cycle sans fin…

J’ai « adopté » Milvia au Guatemala, à 30 $ par mois. Elle avait cinq ans. Elle en aura bientôt sept ! Elle devrait bientôt savoir écrire, depuis un an, je dois lui envoyer un colis, mais où le temps, où l’argent me manque et la pauvre petite n’a toujours aucune idée de qui nous sommes. Je ne suis pas cool ! Ça m’écœure raide ! Je me suis promis d’envoyer ce colis avant la rentrée, je sens que ce coup ci, je vais y arriver…

Malgré le manque de communication de ma part, elle m’envoie des dessins, elle va à l’école, nous l’aidons à avoir une vie de petite fille légèrement plus facile. Le cycle de pauvreté où vit sa famille fait des nous des rois. Et la pauvreté étudiante canadienne dans laquelle nous vivons est bien relative si on la compare à certains dans le monde….

Mais quelle tristesse ce serait de ne jamais connaître ce processus étrange de l’enfant qui croit de l’intérieur. Il y a des moments où l’envie de bébé me submerge toute entière pour se fondre au soleil de ma vie…

Nous formons un couple qui se construit, et c’est vrai, cela prend forme, d’ici 2 ans, je devrais être officiellement traductrice, et lui il vieillit. D’ici 4 ans, il devrait avoir une job conséquente ! 33 ans, il paraît c’est un bon age de nos jours pour avoir des enfants, tout ce que j’espère c’est que d’ici là, mes ovaires ne se seront pas flétris comme deux vieilles pommes…

En attentant, Petite Crevette devrait bientôt accoucher. Gaïa va passer au bistouri. Bamboo m’a fait prendre conscience avec force, que trop de grossesses, même si c’est la nature, c’est dangereux pour la vie de mes petites bêtes…

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