L’Europe manque d’eau et nous, on en a trop !
Il a plu sur l’Italie hier peut-être que le soleil va daigner réapparaître chez nous…
Juan est parti porter les petits au Pet-Shop, ce n'est jamais un moment le fun. Si seulement il pouvait arrêter de pleuvoir...
Je fais un petit tour de la blogosphére, les oiseaux paillent dans les arbres, et je tombe sur la polémique de la langue. Ça fait jaser ! Ça me fait penser…
Je suis pour la liberté des mots et je suis pour la sauvegarde de la langue, c’est un dilemme dés le départ. Je suis d’origine française (de France), j’ai été nationalisé canadienne à 20 ans, j’ai adopté le Québec comme un orphelin adopte des bons parents, et j’y ai pris un peu de la langue aussi…
Je suis bilingue anglais-français, même si ma pratique orale de l’anglais, depuis mon départ de Montréal, a tendance à prendre le large. Je me baigne souvent en anglais dans les thermes linguistiques de ma vie…
Je me rappelle mes premières semaine à Montréal, débarquée toute fraîche de mon petit village jurassien, à l’aube de mes 15 ans, parachutée en plein centre-ville, Guy-Maisonneuve, on ne peut guère faire mieux, coté ouest (anglophone), au 21ième étage d’un long immeuble avec vue sur la ville qui s’étend de tous bords...
Je vais à l’école française (de France) dans un quartier anglophone (Westmount), et je tombe en pleine guerre 101 ! Autant dire que je ne comprends rien à rien…
Les six premiers mois, je me rappelle évoluer dans un univers étrange, comme dans un film. Je découvrais la ville qui me semblait gargantuesque, je ne comprenais rien au québécois, c’était affolant ! Je me rappelle d’une anecdote de métro, alors que je n’étais là que depuis quelques semaines, je prenais le métro, et j’ai du faire quelque chose d’incorrect, je ne sais quoi. D’un coup, le contrôleur (poinconneur du futur) sort de sa guitoune et commence à m’engueuler, je le regarde les yeux écarquillés, je comprends rien ! Je lui explique que je suis désolée, mais que je ne comprends pas ce qu’il essaye de m’expliquer, et bang, c’est reparti pour un tour de sacre ! Il finit par me laisser passer, choquée principalement de n’avoir rien compris, je reprends mon chemin ! C’est ainsi que je me rappelle mes premiers mois à Montréal, je me rappelle clairement évoluer dans un brouillard francophone, qui mois après mois s’éclaircissait….
Cela m’a pris deux ans pour comprendre « pentoute », je ne sais pas pourquoi cette expression en particulier avait le don de m’échapper. Un jour, coup de foudre à l’intérieur de moi, j’avais assimilé pentoute…
Cinq ans plus tard, à 20 ans, lorsque je suis devenue canadienne officiellement, j’étais trilingue, je parlais Français (de France), Québécois et anglais…
À 23 ans, je quitte Montréal et sa folie urbaine pour aller me ressourcer et écrire, isolée loin, dans la forêt sur la montagne de Rigaud. Pour vivre, je donne des cours de français aux madames aisées d’Hudson ainsi qu’à leurs enfants. C’était le début de ma carrière de soutien scolaire…
J’adorais au volant de ma minoune, aller porter la bonne parole française dans les maisons anglophones, je me sentais comme Marianne, je participais à la propension du français, j’étais missionnaire de la langue… C’était une sensation que j’adorais, je trippais toute seule…
Je faisais découvrir le petit Prince aux enfants comme aux madames ! C’était mon outil de travail favori… Et quel challenge je pouvais trouver à essayer d’expliquer en anglais une règle de grammaire française! Au début, je suais intérieurement, puis mon anglais se perfectionna avec la pratique, et je devins réellement bilingue, aussi à l’aise dans les deux langues…
Puis je retourna deux ans dans les environs de Paris. Les premières semaines, je me rappelle de l’enfer de la langue dans lequel je me sentais. Voilà pas que je parlais trop québécois pour les parigots qui ne faisaient pas l’effort de me comprendre ! Je passais mon temps à me faire envoyer paître, c’était pas gai ! Jusqu’au jour où j’ai réalisé que plus je parlais à la française, plus socialement on était sympathique avec moi! Si je ne me forçais pas, j’avais droit à des gueules de cochons monstrueuses…
Pourtant à Montréal, on ne trouvait jamais que mon français était québécois, il était international ! Pas pour Paris en tout cas! Je repris donc, bon gré, mal gré des intonations et des tournures de phrases plus françaises, enfin tout est relatif, parce-que le français en France, c’est mortel pas à peu prés par bout, et je perds le fil de mon écriture, je bloque sérieux, plus une ligne, plus un mot pendant plusieurs long mois…
Retour à Québec, fief de la francophonie québécoise, les premiers mois de mon retour, je travaille dans une école française (de France). Je déménage dans ma brousse et reprends ma business de cours privés, bientôt je ne travaille plus qu’avec les enfants du village…
Là mon français est chic, il est à sa place, ma business de cours roule sa bosse…
Je retourne à l’université, direction traduction, j’adore l’exercice de passer d’une langue à l’autre. De plus une bonne maîtrise de la langue (des langues) est nécessaire, je trépigne d’impatience de toute cette rigueur que je vais devoir m’imposer. Mon écriture se délie à la tâche, mon écriture revit, je retrouve le fil de mes mots, et l’espoir de vivre un jour correctement de la langue autrement que dans l’éducation…
De mes expérience linguistiques, je garde une liberté immense. J’adore le québécois autant que le français, le québécois est à mes yeux une bouture de la langue qui survit par miracle dans une jungle anglophone. Les québécois sont tout comme les anciens gaulois. Je les aime beaucoup ces fervents défenseurs de la langue, grâce à eux, je peux vivre de la langue…
À l’université, mon parler intrigue beaucoup les premières semaines, je ne suis pas québécoise, mais je ne suis plus française, je vogue entre deux eaux, (le cul entre deux chaises, dirait ma grand-mère). Avec un anglais qui généralement flotte au dessus de la moyenne de mes camarades de classes. C’est l’expérience mes petits ! Être vieille a aussi ses avantages…
Je suis consciente d’être une sorte d’énigme pour plusieurs, so what ? I speak freely as i’m feeling it, when i feel like it! And that’s it!
J’ai la chance de maîtriser plusieurs niveaux de langues, parfois j’aime barbariser et parfois j’aime parler avec une langue plus soutenue. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est ne pas être prise dans un moule particulier…
Lorsque j’écris sérieusement, je me fais un devoir de respecter les règles de la langue. Je deviens conservatrice à la moelle.
Lorsque je niaisouille, lorsque j’ai envie d’écrire familièrement, ou que j’écris simplement pour la joie de voir vivre les mots, je deviens alors fervente avocate de la liberté des mots. Des mots à employer à tout va, des mots pour exprimer sa propre identité à sa façon et vive les régionalismes…
Durant des années, j’ai suivi les chemins du cœur et de la langue. Avec ma trentaine qui prend le cap, je consulte désormais un peu plus les chemins de la raison ! Il faut des règles, mais les règles sont ensuite faite pour être transgresser, c’est la dure loi de l’évolution. Je suis pour connaître les règles, mais je ne suis pas sure d’être capable de toujours les suivre, après tout on n’est jamais sure de rien…
Je ne suis ni blanche, ni noire sur le sujet de la langue, je voudrais être rose, bleue, verte, ou mauve, mais certainement pas grise…
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