dimanche, septembre 26, 2004

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Mots d’antan

Court extrait de : Voyage de Perlh Kalm au Canada en 1749, p 315

"Les femmes au Canada sont de deux sortes : celles qui sont nées en France et celles qui sont nées ici. Les premières ont ordinairement bien plus que de savoir-vivre que les autres. On peut encore distinguer deux groupes parmi celles qui sont nées au Canada : les femmes nées à Québec et qui y demeurent et celles nées à Montréal. Les premières sont assez proches, en matière de savoir-vivre, des femmes venues de la vieille France; mais on trouve chez les femmes de Montréal une sorte de fierté sauvage."

Saviez-vous que Québec fut principalement fondé et nourri par des parisiens? Les gens des régions se retrouvèrent quant à eux, en grand nombre, à Montréal, ce qui donna dés le départ, deux goûts bien distincts à ces deux premières villes américano-québécoises…

Extrait de : G. Demanche, Au Canada et chez les Peaux Rouges, année 1890, pp15-17

"Quelques voyageurs et écrivains français visitant le Canada ont jugé assez sévèrement le pays au point de vue du langage. Ils ont eu tort, car ils n’ont pas tenu suffisamment compte de l’abandon dans lequel avait été laissé le peuple canadien et du contact permanent d’une autre langue qu’on cherchait à lui imposer. Le Canadien traîne les mots en parlant et se sert de certaines expressions et de quelques tournures de phrases qui découlent évidemment de la langue anglaise. Le paysan, l’habitant, pour employer l’expression canadienne, a parfois un langage un peu altéré. Mais au lieu de constater et d’enregistrer le fait purement et brutalement, que ne compare-t-on avec la mère patrie, que ne met-on en parallèle et les efforts faits et les résultats obtenus? On verra alors de quel coté se trouve la supériorité.

Si le Canadien a souvent un langage traînard et monotone, quelle surprise n’éprouvera-t-on pas en France en entendant parler successivement un Normand, un Gascon et un Provençal? Si l’habitant canadien se sert parfois d’expressions surannées ou de mauvais français, que ne dira-t-on pas alors des paysans français, car il faut comparer les classes entre elles, et ne pas conclure, en entendant parler les gens du peuple, que c’est là le langage de la société? Dans tous les pays du globe, le langage du peuple est défectueux, et ce n’est pas uniquement sur ce langage qu’un voyageur doit baser ses observations.

Si un étranger parcourait nos campagnes et jugeait la langue française sur le langage des paysans, à quelles conclusions surprenantes n’arriverait-il pas? Laissant de coté les anciennes provinces où un patois est, trop souvent encore, la langue la plus usitée, que de défaillances de langage ne trouve-t-on pas dans les régions qui ont, bien à tort, il est vrai, la réputation d’être celles où la langue française se parle le mieux! Dans le Blésois, le Vendômois, par exemple, c’est à dire en plein cœur de la France et de la vieille monarchie française, que de fois n’ai-je pas entendu prononcer par des paysans des phrases dans le genre de celles-ci : « Quéque tu ieu (leur) za dit? – J’êtions bein allé à la rivière mener les vaches buve » et autres barbarismes à faire dresser les cheveux sur la tête d’un linguiste. Avec quelques comparaisons de ce genre-là on sera vite amené à reconnaître que, non seulement le langage de l’habitant canadien n’a rien de si défectueux, mais encore, comme dit M. Chauveau, qu’il est bien supérieur à celui de la masse des paysans français."

Et vlan! Il y va pas avec le dos de la cuillère ce monsieur Demanche. J’ai pas bien compris où ont disparu les Peaux-Rouges mais dans le contexte de l’époque, j’imagine que c’est normal! Cependant j’ai appris dernièrement que la France ne s’était unifiée sur le plan linguistique qu’après la première guerre. Paraît que la multitude de gens qui ne parlaient que patois dans les tranchées causa d’énormes maux de têtes aux officiers instruits! Paraît aussi que le français de France est en fait le dialecte de Paris qui a tout avalé des parlers régionaux. Conditionnée depuis des lustres par des grammairiens et de parisiens, la langue française évolue sous conditions. Au Québec cependant, le Français, libéré, s’est développé tout naturellement, au fil des patois enchaînés les uns aux autres, et d'une connaissance d'un parler commun, la langue forte et tenace s’est installée en cette province d'Amérique. Les colons ont eu la vie dure, mais ce sont les premiers francophones qui ont respiré une liberté d'exister, jusque là inconnue sur le vieux continent.

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