Ce matin, une drôle d’odeur flotte autour de l’ordinateur. J’investigue du nez. Je sens la mort, en de subtiles effluves, m’agresser les narines. Je sniffe et resniffe l’air, indécise. Sachant pourtant très bien à quoi m’en tenir...
Avec retenue, je me penche et me mets à quatre pattes sous le bureau. Mes yeux s’habituent à la pénombre, en trois secondes, je repère la source de l’odeur. Douce horreur!
Avec le retour des beaux jours, la saison de chasse féline a repris, souris après taupes et quelques malheureux oiseaux, c’est reparti pour d’autres tueries! Les chasseurs et les chasseuses de la maison vaquent à leur sport favori. Bien sur, ils s’empressent de rapporter leur précieux butin! Et si je hausse le ton, durcit le regard, Gaia me regarde de façon circonspecte : « Ben quoi! Faut bien que j’apprenne la vie aux petits! » Je lui réponds du regard : « Yeah, yeah, yeah, profites en parce-qu’ils ne sont plus là pour longtemps! »
Hier, justement, j’avais fait le tour de la maison. Histoire de voir si une proie ne m’aurait pas échappée. Jess avait un cours, depuis deux semaines, à chaque fois qu’elle vient, elle déniche en rigolant l’une de ses petites joies de la campagne! Alors, hier, avant qu’elle ne se pointe le bout du nez, je fis une petite inspection sans, je l’avoue, aller me pencher dans les entrailles obscures du bureau!
D’ailleurs, tandis que je fouillais les recoins du regard, une petite voix espiègle chuchotait : « Y’a de quoi, mais tu le trouves pas. Lalala. Y’a de quoi, mais tu l’as pas ma vieille! »
Et là, ce matin, alors que je passe innocemment à coté de l’ordinateur, cette petite odeur particulière qui m’interpelle...
Voilà! Je découvre enfin le trophée oublié par quelques félins apprivoisés. Je grimace à m’en déformer les traits! L’estomac noué pour ne pas qu’il s’échappe, je prends le balai et la pelle et je vais au front. Il me faut déloger l’intrus véreux. Yerk, yerk, yerk!!!!
Cela grouille de l’intérieur, cela me révulse le cœur! Je jette un œil curieux et j’en perds presque le contrôle de mon estomac contracté!!! Je ravale mon dégoût. Tu voulais de la campagne ma fille? Assume maintenant! Pas d’homme à l’horizon pour m’aider dans cette joie. Je suis une femme! Seule, j’irai jeter l’horrible carcasse grouillante dans la forêt! Oui monsieur!
Enfin, la chose est dans pelle! À moitié larmoyante, le nez envahi d’horreur, je cours jusqu'à la lisière du bois. D’un mouvement brusque, je lance le truc! Pas assez loin à mon goût...
Je respire à nouveau. Je retourne dans la maison et j’attrape le pot de Javel sur l’étagère. J’en asperge cordialement la céramique! Dieu merci, c’était l’endroit idéal où se décomposer! Armée de ma « mop », je récupère les quelques horreurs qui gigotent encore! Minuscules vermines répugnantes, transparentes, qui me donne envie de hurler au vent...
Je me contente de grimacer, écoeurée. Je ne peux m’empêcher de me demander d’où viennent ces trucs! La grosse souris ne peut pas être là depuis plus de deux jours! Comment sur un sol de céramique, les vers de la mort ont-ils pu naître? Une pensée pour Gil de CSI, passionné qu’il est par toutes les étapes de décompositions, vers compris, décidément, il ne m’en a pas assez appris!!! Yerk, yerk, yerk....
J’arrête le flot de pensées morbides qui me conduit jusqu'à mon cher Atlantik, libéré de son corps périmé. Je rattrape mes pensées avant que cela ne dégénère...
Je prends mon cahier, je sors au soleil et j’en profite pour dissiper mon dégoût en ce petit vol de quotidien...
Cela va mieux maintenant. Cela passe. La maison empeste la Javel citronnée. Après toutes ces émotions, une p’tite douche me fera le plus grand bien!
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