mercredi, août 13, 2003

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Petite Crevette et la mouffette...

Hier soir, vers 10pm, alors que nous discutions tranquillement dans la chambre des transformations que nous voulions ajouter au salon avant de le réaménager entièrement, Juan sursaute :

- La mouffette ! Elle est là! J’la sens, elle a sprayé, man ça pue…

Je renifle et me fait attaquer par une odeur vive d’un panaché étrange, cela sent le brûlé, le roussi, c’est acide et chimique et presque aussi irritant que de lacrymogéne. Je ferme précipitamment la fenêtre, nous nous précipitions dehors, en passant par le salon, l’odeur est horrible, arrivés au poubelles dehors, c’est moins pire, mais c’est toujours bien là…

Je regarde la pelouse, pas de chats, pas de mouffette! Puis lorsque je tourne mon regard vers l’allée, je vois ma Crevette qui se roule comme une folle, qui se gratte, qui se traîne dans le gravier, manifestement atteinte !

- Juan, c’est Petite Crevette qui s’est faite gicler !!! Viens, ‘tite Crevette, viens, on va devoir te laver, viens ma Crevette…
- Tu l’attraperas jamais, dit Juan qui m’a rejoint, regarde comme elle a l’air d’en chi… Il faut d’abord qu’elle enlève le plus gros du spray...

J’essaie malgré tout, mais Petite Crevette est comme folle, pas pentoute d’accord à se faire pogner ! Marie qui finit une soirée barbecue sur sa terrasse, se demande quelle est l'origine de toute cette commotion.

- Marie, t’as vu la mouffette toi…
- Ben non, ça sent un peu là, on vient de s’en rendre compte, mais c’est pas si fort de notre bord…
- Chanceux, parce-que chez nous, c’est terrible! Petite Crevette s’est faite skunker...

Marie qui rit avec ses invités...

- Ben vous avez plus qu’à la passer au jus de tomate, elle s’est faite skunker où?

On se regarde ébahi avec Juan qui commence un peu à capoter, il ne supporte pas l’odeur de mouffette! Ensemble la même idée…

- Oh ! Non, pas dans le salon refait neuf où toutes odeurs de vieilli, de renfermé et de chats ont été vaincues !

On se précipite au salon, le temps à Petite-Crevette qui allaite de se rapprocher pour venir voir ses petits. L’odeur est intolérable, elle envahit tout la pièce, là Juan capote…

- Non ! Ne me dis pas ! On vient de tout refaire, elle pu pas avoir sprayé là, non Etol, come’ on! Ça se peut pas !!!

On ressort prendre une bouffée de fraîcheur et réfléchir à l'air pur…

- Dis Marie, ça ressemble à quoi le jus de mouffette c’est liquide, ou c’est comme un gros pet ?

Marie et ses invités se concertent, c’est liquide, ce qui me paraît tangible, puisque j’ai vu Crevette, le cou mouillé, peut-être blanc et visqueux…

- Vous croyez pas qu’elle s’est faite skunké a l’intérieur !
- On en a bien peur, la porte était ouverte, l’on répond en chœur, en plus elle allaite, c’est-tu dangereux ou acide, un jet de mouffette ???
- Pauvres de vous ! Ben y’a qu’une solution le jus de tomate. On voit souvent des animaux, des chiens roses qui se promènent dans le village l’été, c’est juste un mauvais moment à passer !
- Des animaux roses, je m’interroge...
- Ben oui me répond Marie, ils sont teindus au jus !
- Ah ! Ok ! Man, je suis pas vite, ben c’est ça comme Petite-Crevette a ses petits, elle a du se battre avec …

Et l’on retourne investiguer le salon. Nous voilà à quatres pattes, à renifler le plancher en essayant de discerner la source de cette odeur puante qui nous étouffe. Moi, je ris beaucoup, je trouve cela trop drôle malgré tout, le comique de la situation m’agresse autant que l’odeur insistante. Juan, lui, fait plus la gueule, il rigole, mais ça tourne jaune sur les bords. Il me dit :

- Tu nous vois là à quatre pattes, j’te jure ! On a l’air de vrais animaux, la touffe au sol !

Morte de rire, malgré la gravité de notre cas, je ne peux m’empêcher d’être par terre dans tous les sens du terme…

Marie arrive alors, intriguée, elle nous amène un jus de tomates en bouteille. Elle est gentille Marie ! Elle acquiesce en notre sens que l’odeur à l’intérieur est intense. Mais si l’on a rien trouvé de concluant par terre, c’est peut-être juste à coté de la porte qui mène sur la galerie? L’on sort dehors et Petite Crevette est là, prés de moi, je la prends, elle pue, c’est effroyable ! Je me précipite à la salle de bain, Crevette qui se débat entre mes mains, je la colle au bain.

Marie rit et nous souhaite bonne chance avant de retourner en ses pénates. Juan arrive avec le jus, et nous voilà à badigeonner une Crevette pas d’accord de jus de tomates. Je la frotte, frotte et refrotte, puis Juan la rince et je l’enroule dans un linge, l’on se pose sur la galerie et je refrotte Crevette qui ne bouge plus sur mes genoux. Le jus de tomates c’est pas du premier coup que ça marche, cela atténue, mais Dieu que c’est atroce comme odeur ! Elle est gentille cette petite chatte, elle se léche toutes les parties de son corps qu’elle peut atteindre, désireuse elle aussi, de se débarrasser de cette puanteur, je la laisse aller dans l'herbe…

Nous retournons à la recherche de la source olfactive de cette horreur. Après une quinzaine de minutes, l’on détermine que c’est dans le coin, entre la porte et la fenêtre. C’est pour cela que cela sent si fort dedans, c’est tout prés...

Et nous voilà à minuit armés de javel, balai, et tuyau d’eau, à essayer d’enlever le plus gros de l’odeur ! Nous y arrivons avec un certain succès et l’on retourne enfin s’asseoir sur le sofa du salon, écœurés que cela pue encore mais bien contents que cela commence à s’atténuer à l’intérieur...

Nous déménageons Crevette et ses petits du placard. Parce-que une Crevette à la tomate qui pue la mouffette entre nos habits, non loin du lit, ce n’est plus possible. Elle se retrouve donc dans un coin du salon, toute malheureuse de son sort, c'est la vie qui injuste Crevette, pas nous!!!

Ce matin, elle essaie de gratter à la porte pour ramener ces petits dans le confort et la sécurité de la chambre, mais ce n’est toujours pas possible, elle sent encore trop fort ! Son poil a une odeur de roussi chimique saveur boule puante, c’est un délice !!! Je la retartine d'une couche de tomate, et elle se recouche pour se relècher encore. La pauvre doit partager avec ces petits l’odeur encore pour un temps, et nous avec, on dirait bien !!! Comme je la touche, j'ai bien de la difficulté à échapper à l'odeur qui me poursuit, i need help...

Ben oui, la campagne, c'est aussi ce genre d'action là! Une aventure de mouffette et de chats au milieu de la nuit étoilée, tranquille, et illuminée d'une énorme boule blanche bien pleine que l'on nomme la lune...

Moufette = putois, blaireau, petit animal noir et blanc bien connu pour se défendre d'un jet puant qui donne envie de fuir....
Skunké = québécisme dérivé de skunk (putois en anglais), action de se faire gicler par une mouffette...



Crevette rescapée de son
expérience moufette!

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