jeudi, mai 18, 2006

Méchant gadin!

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Méchant gadin!

Aujourd’hui ma fille s’est prise un méchant gadin! Méchant utilisé selon la connotation québécoise signifiant un sacré… Et gadin en souvenir de ma grand-mère qui aurait certainement utilisé ce terme pour désigner mon aventure maternelle du jour!

Lily-Soleil-VBaby-Soleil

Si cela continue comme cela, je vais finir bien rangée au rayon des mères indignes! Après avoir manqué de s’étouffer il y a quelques jours avec un morceau de Journal, là voilà qui me flanque aujourd’hui la trouille de ma vie en tombant de la table! Parait que c’est cela lorsque l’on devient parent: On vit toutes sortes d'aventures pas toujours faciles sur les nerfs! Je commence à saisir le concept. Elle me fout des trouilles mémorables, à me rendre quasi hystérique, et elle n’a que 6 mois et 7 jours! Parait que c’est à partir de 6 mois que le jeu embarque pour vrai! Avant cette période charnière, le mode larve souriante n’est pas si dangereux en soi. Il n’est pas nécessaire d’avoir des yeux dans le dos chaque fois qu’on quitte son mioche du regard! Ouais, ouais, je sais, paraît que cela arrive souvent ce genre de truc! Mais heu?!? Si cela pouvait arriver pas trop souvent je serais sure de ne pas mourir d’une crise cardiaque d’ici dix ans…

Alors la gamelle de mademoiselle? Mystère et boule de gomme! Comment cette petit chouette a pu se retrouver écrapoutie (écrabouillée) par terre, la face la première! C’est là où la sensation de mère indigne s’enchaîne à l’histoire…

L’on s’apprête à partir en ville pour la journée, Lily-Soleil est habillée à l'aise dans son panier (son siège d’auto), tout est sous contrôle. Juan part deux minutes dehors attacher Chanelle. Je me vire de coté, pour jeter un coup d’œil à mes plantes vertes assoiffées, que je torture depuis plusieurs jours. Pauvres plantes que je projette dans le désert de mon inconscient. Je me retourne et je vois que Bébé est en train se lancer en avant pour essayer de sortir de son panier. Ce faisant, elle balance son siège vers l'avant, ce qui change tout l’équilibre de sa position et ceci fait, la voilà qui glisse sous mon nez sans que je ne puis rien faire tant je suis quatre pas trop loin. Je pousse un hurlement assez vif pour qu’accoure Juan du dehors!

Un hurlement puissant digne du meilleur film d’horreur, de celui qui glace le sang, de celui qui sort du tréfond des entrailles. Je la vois glisser dans le temps de mon hurlement. En ce moment précis, le temps se transforme en un ralenti qui me fait exploser la tête de mille visions horrifiques. Elle glisse, je hurle! Bang!!! Elle s’écrase la tête la première par-terre! Je me précipite pour la relever. Elle hurle! Je crie. Juan arrive. Il prend la petite choquée, m’enjoint de me calmer et examine le petit bout de chou qui ne semble avoir rien de cassé. La panique envahit chaque neurone de ma cervelle. Je regarde son minuscule nez qui tourne au rouge, qui gonfle, je pense mourir. Mille émotions se bousculent sous ma chair. J’essaie de respirer mais j’étouffe…

La petite se calme dans les bras de son père. J’arrive à mieux respirer. Je me calme. Je me calme mais direction l’hôpital! Durant le trajet, Bébé semble avoir repris ses esprits, elle a juste le nez cabossé mais elle semble neurologiquement présente. Elle en profite même pour sourire gentiment à sa vieille mère au teint blême qui bredouille intérieurement des soucis sans fin. Arrivés à l’hôpital, toujours le même depuis 8 mois, le même où j’ai accouché, le même où j’ai failli crever, le même où j’ai eu une bonne dose de morphine un soir comme bien d'autres où j'étais comblée de douleurs féminines, le même où j’ai passé plus de tests en 6 mois que dans tout le restant de ma vie!

L’infirmière l’examine, ses signes vitaux sont bons. Bébé s’amuse dans la salle d’attente, elle gazouille, le nez amoché mais l’humeur au party! Un gentil docteur ( pas vilain non plus, ce qui ne gache rien) nous reçoit. Il est tout doux, il me fait autant de bien qu'un rayon de lumière dans la noirceur de mes peurs. Il me rassure, il me sourit, il m’oxygène l’esprit et le cœur…

Bébé est juste un peu cabossé, pas de quoi s’inquiéter (juste de quoi avoir un peu la honte!!!). J'avale ma leçon avec gratitude, heureuse d'avoir évité le drame. J'ai une saturation intérieure qui me donne envie de fuir toute scéne de drame présentement. Bébé ne semble pas trop se soucier de mes déboires maternels. Aux alentours du milieu d’après-midi, elle est prête à galoper avec ses nouvelles chaussures…

P'tit-pasLily's-Step

Je réalise que ce genre de peur est une sensation terriblement nouvelle. Moi qui ne suis pas (d’habitude) peureuse, je dois apprivoiser ces nouvelles impressions qui me bousculent l'âme et le cœur. Paraît que cela fait partie du fait d’être mère

Gadin, gadin (prendre un) ; gadin (ramasser un) : tomber ; chute
"ils furent projetés en avant sur la route et s'étalèrent dans la poussière. Tu parles d'un gadin [..]"

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