samedi, mai 07, 2005

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Vertiges et déluges

Cette nuit, j’ai fait un rêve aussi extravagant « qu’épeurant »! En je ne sais quel honneur l’on m’offrait un immense appartement entièrement vitré au centième étage d’une tour semblable à celles du World Trade Center mais seulement constituée d’appartements.

À l’age de quinze ans j’ai eu l’occasion de monter en haut d’une des tours du World Trade Center. Je me souviens m’être collée contre les immenses vitres pour prendre des dizaines de photos d’un paysage urbain absolument hallucinant, mais au bout d’une vingtaine de minutes, j’ai commencé à ressentir un étrange mal de mer. Une subtile nausée m'envahit et l’impression bizarre de sentir l’immeuble bouger me déstabilise. J'en parle autour de moi, j’apprends alors que certaines personnes peuvent ressentir cet étrange mal de l’air.

En effet, il semblerait qu'en son sommet, l’immeuble gigantesque ondulait légèrement avec les vents du ciel et les nuages! Heureuse de ne pas être trop folle, j’ai compris que je faisais partie de ce petit pourcentage de la population qui ressentait ces sensations pas vraiment agréables. Avant de vomir mes tripes, je me dépêchais de redescendre sur le plancher des vaches…

Cette nuit alors que je faisais mes premiers pas sur la moquette crème de ce luxueux appartement, je fis mon possible pour oublier cette sensation qui m’accueillit en même temps que l’incroyable paysage. La personne qui me faisait habiter là semblait me dire que j’étais extrêmement chanceuse d’avoir accès à un tel privilège et sans oser me plaindre, je me retrouvais bientôt seule, face à ces immenses fenêtres. Je m’en approchais doucement, j’étais à une telle hauteur que c’est à peine si je pouvais apercevoir le monde des humains plus bas. Le ciel m’étouffait presque et les vitres me semblaient si minces que j’étais persuadée que si je m’y appuyais, elles céderaient inévitablement et je serais aspirée dans le néant! Au milieu de cet immense loft un grand lit. Je m’y couchais en essayant d’oublier ces impressions d’horreurs. Crispée par la peur, c’est à peine si j’étais capable de bouger, un œil par dessus la couverture, je regardais onduler les fenêtres, je tremblais comme une feuille incapable du moindre mouvement.

Les jours passaient dans une étrange brume, parfois j’arrivais à ramper prés de ces vitrages pour les examiner de plus prés, complètement possédée par ces étranges vertiges qui me paralysaient. J'étais anéantie par la folie de ces hauteurs. Puis alors que je pensais mourir de honte, un orage violent se mit à fouetter cet appartement et d’un coup, le plafond commença à couler de milliers de gouttes. La moquette fut vite imbibée d’eau et je me résolu à sortir de mes draps humides pour descendre me plaindre au concierge. Et en profiter pour lui dire que j’en avais assez! Je pris la décision de déménager dans l’heure qui suivrai qu’importe les conséquences!

J’arrive à supporter la descente d’ascenseur, interminable, je me retrouve dans l’immense lobby aussi luxueux que tout le reste de cet environnement et je trouve la personne chargée de la manutention. Je lui explique le problème, me croyant à peine, il me force à remonter avec lui par l’ascenseur de service. Je n’y crois pas lorsque je vois l’engin, minuscule, ouvert sur le vide. Je manque de mourir tout le temps où l’on remonte alors qu’il rit de ces frayeurs qui me font me recroqueviller dans le plus petit coin que je trouve pour m’accrocher désespérément aux rambardes minuscules. L’on finit par arriver, je rampe hors de l’infernale machine sous son regard moqueur. La porte de mes voisins de palier est ouverte, eux aussi sont inondés! Rien à voir avec mon cas, où l’on nage quasiment dans l’eau qui s’infiltre de partout.

Je ne pense qu’à récupérer ma collection de chaussures auquelle je tiens tant. Je trouve le courage de rentrer une autre fois dans cet horrible appartement pour essayer de sauver mes chaussures du déluge. Un monsieur aux cheveux blancs âgé d’une soixantaine d’année me prend en pitié et m’offre sa compassion alors que je suis sur le point de m’écrouler. Son appartement souffre de fuites aussi mais il semble bien moins inquiet de l’état de la bâtisse que moi. Il habite là avec sa fille et sa famille, d’ailleurs sa petite fille d’une douzaine d’années arrive justement de l’école. Elle me regarde, étonnée de me voir si effrayée et entre dans l’appartement pour s’approcher des immenses vitres qui tressaillent alors qu’elle y pose les mains. Je manque de hurler alors que je vois dans ma tête ces fenêtres se craqueler sous son poids. Je me réveille d’un coup, complètement déboussolée! Heureuse de me retrouver sur Terre, à quelques centimètres du sol, le cœur rempli de vertiges et d’horreur luxueuse…

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