mardi, mai 10, 2005

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C.R.A.Z.Y (brouillon d'entrevues)

La découverte de soi passe-t-elle par l'acceptation des autres? Être accepté dans sa véritable nature est-il essentiel pour admettre ce qui se cache au plus profond de soi? Combien de gens refoulent ce qu'ils sont par peur de perdre l'amour familial qui leur est si cher?

C.R.A.Z.Y est avant tout une histoire de mâles qui se passe sur une période de 40 ans. Une histoire comme l'on en voit peu de nos jours. L'histoire d'une famille ordinaire qui explore le psyché masculin sans tomber dans les clichés maintes fois remâchés. Une observation de l'évolution des moeurs dans une société qui change, une société avec des valeurs qui se transforment et des humains qui se cherchent, se perdent, se retrouvent...

Michel Coté explique: "C'est un beau microcosme, un terreau formidable pour voir ce qui se passe dans bien des endroits." L'universel masculin se retrouve dans les non-dits, dans ces sentiments inexprimés, dans ces émotions refoulées que les hommes ont tant de difficulté à exprimer. "Un homme ne se livre pas beaucoup, souvent on a l'impression qu'on baisse la garde, qu'on devient vulnérable, le mâle a trop tendance à considérer l'autre mâle comme un ennemi. En te livrant, tu t'affaiblis, hors tu dois toujours rester fort!" enchaîne Michel qui tout comme la dernière fois me charme en deux regards étincelants d'intelligence et de modestie.

L'histoire tourne autour d'un père et de ses cinq fils, de sa difficulté à accepter celui qui lui semble le plus éloigné de ses valeurs personnelles. Il poursuit: "Avec ce film, on entre dans un endroit caché, secret. On fait tous des détours, on pensait ne pas être capable de livrer nos sentiments, nous les hommes, on manque de dialogue, l'amour est difficile à exprimer, les chicanes peuvent durer des années et pourtant la vie serait plus facile si on se laissait aller. Cela nous montre comment il faut s'adapter à chacun de ses enfants. Ceux-ci possèdent toute ton hérédité. En grandissant, ils finissent par faire évoluer les parents. Tout ça, c'est très réaliste, ce sont des réalités de famille qui sont, je crois, universelles"

Pierre-Luc Brillant joue le rôle d'un rebelle auquel l'on s'attache malgré ses attitudes plutôt repoussantes, hanté par un étrange mal-être intérieur qui le détruit à petit feu. Il me parle de son personnage en toute simplicité : " C'est un gars qui est à mille lieux de ma petite personne mais que l'on a tous rencontré un jour. C'est un gars qui plaît à certains types de filles par sa virilité même si dans le fond, il ne fait que jouir et finalement derrière son coté pitoyable, il fait pitié".

C.R.A.Z.Y, les initiales des prénoms des fils de cette famille aux prises avec les rebondissements de la vie qui se passe au fil de quatre décennies. L'environnement musical pose des repères qui nous accrochent malgré nous. Il flotte dans cette histoire une certaine magie, une poésie subtile qui captive. L'homosexualité est un détail qui ne fait qu'exposer une marginalité parmi tant d'autres possibles en ce bas monde. C'est un prétexte pour étudier les dédales de l'âme et décortiquer la complexité des relations humaines. Marc-André Grondin personnifie ce fils qui a si peur de perdre l'amour de son père, ce fils différent qui refuse sa vérité intérieure aussi longtemps qu'il le peut pour ne point blesser ce père tant vénéré, il approfondit: "Il y a ici quelque chose de rare. Dans la majorité des films de nos jours, on te met l'émotion dans la bouche et tu avales ou tu vomis. Là tu peux voir et revoir pis toujours faire plus de liens car il y a beaucoup de subtilités qui se cachent derrière la surface de l'image."

En salle dans tout le Québec à partir du 27 mai...

Michel-Coté-IIMarc-André-Grondin

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