Sous les nuages, fatigue, révolte et émotions…
Les idées vont et viennent, elles me pénètrent, elles glissent, elles me fuient, un peu comme un amant aussi infidèle que performant. Osciller entre plaisir et découragement, étranges sensations qui ne sont que la pointe de ces icebergs qui flottent en ma banquise…
Le soleil déserte nos jours voilés. La température grimpe à pas d’enfant la courbe de l'été qui s’installe difficilement. Les pissenlits font la fête dans ma pelouse sauvage. Mes émotions jouent sur les manèges d’une foire que je ne connais pas. Entre Mano Solo, Dobacaracol et Aznavour, j’erre…
Je l'avoue, la politique d’outremer me passe tant au dessus de la tête, qu’elle semble voler plus haut que les nuages gris qui sont légion en notre région boisée, où la nature vibrante de jeune vert console mon esprit retourné. Hier soir, j’ai été aspirée par mon petit écran de télévision lors de cette émission diffusée en France le 18 mai. J’ai découvert avec joie la verve de Fadela Amara. J’ai eu envie d’adhérer sur le champs à « ni putes ni soumises »! J’ai admiré son discours, cette force qui se dégageait de chacune de ses paroles. Je n’apprécie nullement les intégristes islamistes qui sont d’après moi le plus grand danger actuel au respect de la condition féminine. J'ai découvert Malika Mokeddem qui m'a aussi énormément touchée de l'intérieur, cette révolte perçue en elle que je peux si bien comprendre...
La condition des femmes est un sujet qui me tient à cœur, tout comme la pauvreté, l'injustice et l’inégalité. En tant que femme vivant au Québec, ayant la chance de jouir d’une liberté comme peu de femmes sur la planète, je ne peux que me sentir solidaire de toutes celles qui se battent pour un monde meilleur, un monde où la femme a autant de place que l’homme dans la société! Cependant, je ne renie pas le mouvement de masculinisme qui jaillit par ici. Toute injustice m'ennuie et je crois que l'équilibre est d'une importance capitale pour le bien de l'humanité même s'il est aussi difficile à atteindre qu'à définir. Mais ceci est un autre débat...
Lorsque j’écoute les intégristes et toutes les interdictions féminines qu’ils trimballent en leur sein, j’ai la folle envie d’aller me promener nue en Arabie! J’ai la folle envie de montrer mes seins à la ronde car être dénudée est bien plus complexe que la seule vision d’un corps sans tissu. Sans parler qu’avec ma longue chevelure aussi bouclée qu’indisciplinée, je suis déjà bien perverse à la base! Mais sans niaiser, je crois que les pervers sont non seulement ceux qui font le mal, pour ceux-ci la situation est claire, mais il y a aussi cette autre classe de pervers, ceux qui voient le mal partout, surtout là où il n’existe pas! En tout cas, un jour lorsque j’aurais plus d’énergie, j’aimerais écrire sur ce sujet aussi complexe que délicat.
En attendant, je vais essayer de contrôler mes hormones, de maîtriser cette fatigue et d’aller prendre un peu d’air frais….
Avant de m'effacer de ces quelques lignes, un petit lien vers une photo particulière: lorsqu'un bébé imprime la peau de l'intérieur, aussi émouvant qu'étrange. Ainsi que ce court extrait du dernier bouquin de Malika Mokeddem:
" (...) T'adressant à ma mère, tu disais " Mes fils " quand tu parlais de mes frères. " Tes filles " lorsque la conversation nous concernait mes sœurs et moi. Tu prononçais toujours " Mes fils " avec orgueil. Tu avais une pointe d'impatience, d'ironie, de ressentiment, de colère parfois en formulant " Tes filles ". La colère c'était quand je désobéissais. C'est-à-dire souvent. Par rébellion et parce que c'était ma seule façon de t'atteindre. J'essayais de te trouver des excuses. Les propos mortels des femmes m'en fournissaient tant. Quand l'une d'elles posait à une autre cette question obsédante : " Combien d'enfants as-tu ? " J'ai souvent entendu cette réponse par exemple : " Trois ! " Et l'interpellée de préciser après un temps d'arrêt, d'hésitation : " Trois enfants seulement et six filles. Qu'Allah éloigne le malheur de toi ! " A quatre, cinq ans, je me sentais déjà agressée par les propos de mon entourage. J'interprétais déjà que les filles n'étaient jamais des enfants. Vouées au rebut dès la naissance, elles incarnaient une infirmité collective dont elles ne s'affranchissaient qu'en engendrant des fils. Je regardais les mères perpétrer cette ségrégation. A force d'observer leur monstruosité, leur perversion, d'essayer de comprendre leurs motivations, je m'étais forgé une conviction : ce sont les perfidies des mères, leur misogynie, leur masochisme qui forment les hommes à ce rôle de fils cruels. Quand les filles n'ont pas de père c'est que les mères n'ont que des fils. C'est qu'elles-mêmes n'ont jamais été enfants. Qu'ont-elles fait de la rébellion ?"
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