dimanche, mars 06, 2005

Leave a Comment
Sans Titre

Une secousse dans la nuit. Hélène seule dans son grand lit regarde vibrer ses meubles. Elle ose à peine bouger. Les secondes lui semblent interminables. L'atmosphère se calme enfin. Sa maison a résisté à l'assaut inconnu. Elle se lève pour aller inspecter les lieux. Elle ramasse quelques pots cassés. Elle regarde par ses fenêtres la petite ville endormie. Les lampadaires clignotent un instant. Hélène se frotte les yeux. Tout semble normal. Elle secoue la tête, caresse le chat qui se frotte contre ses jambes nues, et retourne s’enfouir dans la chaleur de ses draps tièdes.

Elle se réveille avec les premiers rayons du soleil. Elle s’étire langoureusement avant de se lever pour enfiler une jupe sombre et un t-shirt usé. Elle fait son lit, comme à son habitude, elle prépare le café. Elle fait griller ses deux tranches de pain et s’assoit, silencieuse, pour grignoter son petit déjeuner. Le chat vient quémander sa pâtée. Sans un mot, elle ouvre la boite métallique et dépose la nourriture dans son assiette. Le chat se gave en ronronnant. Elle soupire, essuie ses miettes et lave sa tasse. Elle ramasse l’assiette sale et la passe sous l’eau sans y penser…

Hélène s’apprête à sortir lorsqu’elle remarque un objet insolite devant le garage de son voisin. Elle s’approche de la porte vitrée et aperçoit un drôle d’engin garé à la place de la vieille Cadillac du vieux Georges. Elle fronce les sourcils et agrippe son sac tout en se mordillant la lèvre inférieure. Elle échappe un cri lorsqu’elle aperçoit le vieux Georges sortir de l’engin. Il lui manque un bras et sa tête s’articule étrangement sur ses épaules. Une main sur la poignée, elle ferme les yeux sans se décider à déverrouiller cette porte qui la sépare de l’extérieur. Elle ouvre les yeux tout en se baissant derrière le battant de bois. Elle lève la tête et regarde timidement ce qui se passe chez son voisin. Le vieux Georges se dodelinant de façon surnaturelle entre chez lui et ferme sa porte. L’engin vibre et semble se suspendre dans l’air. Hélène, inconsciemment, se glisse sous l’évier. Elle ose à peine respirer. Elle entend des pas pesants dans son allée. Son cœur manque d’exploser. Le chat trouve son chemin sous sa jupe et se colle contre ses jambes humides. La vibration s’accentue comme si l’engin se posait sur son gazon. Elle se fait toute petite dans sa cage d’acier.

Un rayon lumineux traverse, sans bruit, la maison. Du coin de l’œil, elle aperçoit une lueur mauve enrober tout sur son passage. Son intérieur propre comme un hôtel déserté ne montre aucun signe de vie apparent. Hélène se replie sur elle-même, le chat au creux de ses jambes, elle frissonne. La lueur mauve ne semble pas pénétrer l’endroit où elle se terre. La vibration diminue soudainement. Le danger s’éloigne. Hélène ose à peine étirer ses jambes sillonnées de crampes, le chat sort le bout de son nez. Il avance timidement sur le plancher de bois. Rien ne se passe. Hélène rampe hors de sa cachette, à quatre pattes, elle descend au sous-sol. Dans la pénombre elle ouvre la porte de son gymnase personnel et allume le petit écran sur le mur. Elle baisse le son au maximum et regarde avec horreur défiler les nouvelles en couleurs…

0 commentaires: