Songe d’été
Une sauterelle couleur pomme verte se fait bronzer les ailes sur un tournesol jaune pinson. Les chatons courent après le vent qui trimbale l’automne. Une minuscule bestiole verdâtre, striée d’ocre, se grille les pattes sur une grosse feuille inondée de chaleur.
J’avance sur des tapis de feuilles mortes qui bruissent et s’effritent sous mes pas. J’arrive devant le lac d’un bleu électrique, étincelant, frissonnant. Il ondule silencieusement au fil du temps qui s’essouffle et arrache les feuilles qui tourbillonnent et recouvrent les pelouses attristées.
Je me couche sur le quai démonté. Je pose ma tête sur mon poncho en boule, je me prépare pour une dernière cuisson, l’eau m’emporte et je sombre…
Deux heures plus tard, je reprends le chemin de ma maison. Une dame d’allure très chic marche vers moi, elle m’accoste et me dit :
- Alors, tu as dormi?
J’écarquille les yeux de surprise :
- Heu, oui, ben heu non! J’ai somnolé fort, en fait…
- Je t’ai vue de chez moi, allongée sur le quai au soleil. Tu avais l’air si bien que cela m’a fait plaisir de te regarder…
Elle me sourit amicalement. J’essaie de ne pas écarquiller les yeux davantage, je lui réponds gentiment :
- Oui, c’était agréable, il fait si beau…
Elle me lance un dernier regard empreint de sympathie, je passe mon chemin, quelque peu estomaquée, à peine étonnée. Quel drôle d’endroit que ce petit village perché!
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