samedi, octobre 02, 2004

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Ce qu’il reste de nous

Après avoir eu vent de cette jeune "tibétaine québécoise", je souhaitais vraiment voir ce documentaire étonnant. Kalsang Dolma, tibétaine réfugiée, depuis son enfance au Québec, a voulu constater par elle-même, ce qu’il restait de la culture tibétaine au Tibet. Contrée occupée, à la barbe du Monde, depuis plus de cinquante ans par la Chine...

Minoritaires en leur propre pays, les tibétains, laissés pour compte par les Nations-Unis et le reste de la planète, survivent difficilement au régime de l'oppresseur. Dans le dos des autorités locales, Kalsang a porté aux habitants de sa patrie, prisonniers en leur propre pays, un message télévisé du Dalai-Lama dont l’image est interdite depuis des décennies. Bravant le danger et les hommes, elle s’est faite porteuse d’espoir pour nous livrer les images les plus émouvantes qu’il m’a été donné de voir…

Ce sont des images qui donnent beaucoup à méditer, des images dangereuses, des images rares… Comme tous, j’ai été fouillée à l’entrée par deux gardes en charge de vérifier qu’aucun appareil permettant de prendre des images n’entrait dans la salle. Étrange. Pour des raisons politiques, tant que les Chinois occuperont le Tibet, ce film restera subversif…

En regardant la souffrance de ce peuple si pacifique, je n’ai pu m’empêcher de penser que l’on essayait de détruire le meilleur de l’humanité. Quelle honte, une autre à ajouter au tableau de la grande Honte mondiale qui expose toutes ces horreurs que l'être humain peut imaginer et mettre en pratique d'une façon ou d'une autre...

Sur le toit du monde, tant mal que bien, subsiste, sans violence, un petit peuple écrasé sous la botte sadique des chinois. Sans violence, mais avec beaucoup de cœur, ce petit peuple résiste de son mieux au géant barbare. Les chinois voudraient éteindre cette flamme qui éclaire l'âme et le coeur du peuple Tibétain. N'est-ce pas inacceptable? Depuis 1950, la Chine s'acharne sur des gens sans histoires, ni malices, je ne peux que me révolter devant une telle réalité! Combien de temps et d'énergie reste-t-il à ce petit peuple au sommet du monde? Ne faudrait-il pas un jour ouvrir enfin les yeux et oublier, un instant, notre nombril pas si important?

Ce qui m'a, je crois, le plus émue, c'est que même dans les pires souffrances, ce peuple de six millions d'êtres, ne se laisse guère envahir par la haine. Dans les plus grandes injustices, même lorsque pointe la colère, il garde cette dignité silencieuse. J’ai été frappée par la beauté de ces gens, par cette beauté intérieure, singulière lumière qui m’illumina de l’intérieur. Malgré les apparences, j’ai trouvé qu’il restait encore assez de vous pour conserver cet espoir vacillant de voir un jour le Dalaï-lama rentrer au pays…

C'est un documentaire qui donne une bonne claque à toute personne possédant un minimum de conscience (personnes éveillées?). Les images quelquefois tremblotantes transportent le spectateur, de superbes paysages sauvages évoquent un ailleurs légendaire. Réalité opprimée. Kalsang, porteuse d’espoir, messagère du futur, pleine de courage et de volonté m’a profondément touchée. Toute une leçon de culture et d’humanité à digérer...

D’ailleurs n’y a t-il pas là-bas le meilleur de nous, le meilleur de ce que l’humain pourrait être? J’aime beaucoup le Dalai Lama, sa sagesse m’éclaire. Son ouverture m'enrichit et tout son être m'interpelle. Il parle de l'extraordinaire développement intérieur des tibétains, de l’évolution du cycle des temps, il les prie de ne pas laisser disparaître ces valeurs uniques, qui font de ces gens, un petit peuple si précieux pour la Terre entière.

J’ai ressenti des vagues de compassion devant ces regards mouillés. Longue vie au Dalai-Lama. Que les prières qui s’envolent aux vents trouvent des oreilles et des mains pour les aider. Émus, émouvant, émotions. Vision, visionnement, visions. Légèrement retournée, je me suis retrouvée. Un grand respect pour ces gens, je ressens, toujours et plus encore…

J'espère, de tout mon être, que je verrai de mon vivant un Tibet libre et indépendant. Et je ne peux m’empêcher de faire ce curieux parallèle avec notre présent. Si demain les États-Unis décidaient d’annexer le Canada, combien de temps le Québec survivrait-il à l’envahisseur gourmand?

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