samedi, août 02, 2003

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Raimus

Le jour décline lorsque Maria sent enfin le fardeau de fatigue s’alléger. Elle se sent rafraîchie, son estomac gargouille, elle a faim !

Elle sort, peu à peu, de ce qui lui semble être un long sommeil. Durant ces heures de réflexions, durant tout ce temps où la ville s’est enroulée comme une pieuvre gigantesque autour de son banc, elle a décidé qu'elle devait se laisser porter par le flot des événements, et advienne ce qu’il pourra…

Elle a décidé de laisser faire, ne pas lutter, se laisser bercer par ce monde insolite. Toute sa vie, elle s’est limitée, censurée, étouffée, enfermée dans ce carcan social dans lequel elle s’est moulée sans résistance. Elle fera donc ici le contraire, elle se laisserait vivre, ressentir, évoluer, tout en essayant de s’appliquer à être à l’écoute de ce qu’elle désire. De ce qu’elle souhaite, elle, et personne d’autre ne pourra lui dicter une conduite.

Elle réalise qu’elle est entrée dans un autre monde. Un monde où tout est différent. Alors sa vie, ici, ne pourra qu’être différente. Elle ne regrette pas d’avoir laissé derrière elle une existence grise et douloureuse. Elle peut désormais commencer une autre vie, une autre Maria est née. Elle se sent forte, vivante. Elle vibre de milles sensations inconnues, et pour la première fois de son existence, elle se sent libre…

Cette liberté lui semble être la sensation la plus enivrante qu’elle n’ai jamais ressentie. Son âme boit à cette nouvelle source et s’épanouit comme une fleur desséchée sous l’averse déchaînée. Son estomac grogne. Elle sort de ces pensées égarée. Elle a faim !

Au même moment, une voix masculine parvient à ses oreilles :

- Mademoiselle ?

Maria se tourne vers l’homme qui lui parle gentiment. Elle se retrouve face à face avec un jeune garçon d’une vingtaine d’années, blond comme les blés à l’automne, le visage souriant et auréolé de boucles folles. Elle plonge son regard dans ses yeux vert mousse…

- Mademoiselle ?

Maria, consciente de son air éberlué cherche les mots pour lui répondre. Il porte une longue toge couleur crème et des hautes sandales en cuir. Il s’assoit à ses cotés :

- Mademoiselle…
- Oui, arrive enfin à articuler Maria qui ne reconnaît plus le son de sa propre voix.
- Je ne voudrais pas vous sembler inopportun, mais voilà des heures que je vous observe, assise, là, seule, sur ce banc. Êtes vous perdue ? Oh ! Excusez mon impolitesse ! Je tiens le café en face, vous voyez de l’autre coté de la rue…

Il lui montre du doigt l’enseigne lumineuse qui leur fait face, elle lit « Ubi Jupiterus convivium»

- Jupiterus, c’est mon père. Mais c’est moi qui tiens boutique maintenant, il a pris retraite il y a peu, je m’appelle Romulus !

Il lui tend la main, elle accepte sa poignée et frissonne au contact de sa peau brûlante.

- Je suis Maria. Dites moi Romulus puis-je vous poser une question ?

Il sourit.

- Mais faites gentes dame, je vous en prie…
- Bien, cela va peut-être vous paraître bizarre, mais quelle est cette ville ? Où suis-je ?

Le jeune homme la regarde, surpris, intrigué, il cache sa surprise derrière un clin d’œil malicieux.

- Nous sommes à Raimus belle dame. Capitale de l’Empire. Auriez vous perdu la mémoire Maria ?

Maria se tait, elle absorbe l’information, elle cherche une direction, les secondes passent… Le cœur serré, la mine dépitée, elle finit par acquiescer.

- En effet, cher Romulus, j’ai bien peur d’avoir un ennui de mémoire. Je me suis réveillée dans la nuit couchée sur le pavé, depuis que j’ai repris mes sens, mes souvenirs s’échappent. Je n’arrive plus qu’à me rappeler de mon nom! Le reste est comme un gouffre sans fond où je me noie. J’avoue être effrayée par cette circonstance singulière ! Je me suis assise ici, espérant retrouver un fil qui ramènerait à la surface ma mémoire, mais rien ! Je ne me rappelle de plus rien, je sais que je suis et c’est tout !

Maria avale sa salive. Elle se sent mal de mentir à ce gentil garçon, elle a mauvaise conscience d’inventer cette histoire saugrenue. Pourtant elle ne peut avouer avoir traversé une dimension, venir d’un autre monde différent de celui-ci, et être égarée en un corps transformé ! Mieux vaut passer pour amnésique que folle…

C’est ce qui lui indique sa raison et même si son cœur rechigne au mensonge, un instinct de survie lointain jaillit subitement en ses veines et parle pour elle. Elle a décidé de laisser faire, alors elle se laisse aller à cette nouvelle identité. Après tout, elle ne reconnaît plus ni sa façon de parler, ni les mots qui sortent de sa bouche en cette langue étrange qu’elle semble comprendre sans jamais l’avoir apprise. Elle est certaine de ne pas être en plein délire, tout est trop réel et tangible, mais elle est sure de passer pour folle si elle explique comment elle avait atterri sur ce banc…

Elle décide donc de taire sa vérité. Romulus la regarde compatissant, il pose une main sur son épaule, encore les mêmes frissons qui envahissent ses sens.

- Pauvre Maria ! Il est arrivé une expérience de la sorte à la cousine d’un de mes amis. Par inadvertance, elle avait mis dans son thé des feuilles toxiques et après l’avoir bu et être tombée inconsciente, elle s’est retrouvée de longues années, la mémoire perdue… Vous rappelez-vous ce que vous avez bu dernièrement ?
- C’est que je ne me souviens de rien ! Je suis Maria, c’est tout ce que je sais ! Ah ! Oui, je sais que j’ai faim aussi. Avant votre arrivée, j’allais me lever pour vérifier si je n’avais pas dans mes poches quelque monnaie pour manger, je suis affamée !


Sur ces mots, Maria se lève et fouille les deux poches de son manteau. Pas la moindre poussière ! Ses poches ont du se vider pendant la transition, c’est logique puisque ses habits sont différents.

- Hélas ! Non ! Je n’ai rien ! Pas la moindre pièce…

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Un schti mot ?

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Énième correction, les fautes glissent et s'évadent, mais je les suis à la trace...
En espérant les avoir toutes attrapées!!!

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