mardi, novembre 18, 2008

Réflexitudes

10 comments
Réflexitudes en forme de mamamitude...



Dehors une fine couche de neige recouvre ma pelouse. En ma maison, une ribambelle de ballons flotte dans l’air du salon. Lundi s'est passé et j'ai senti le manque d’elle me traverser le jour. Je le compense en m’activant les neurones qui se dérouillent peu à peu. Une petite traduction par ci, un article par là, des projets d’écriture ici, des photos là. Chercher l’équilibre dans le méli mélo de mes diverses activités. Réseauter. Combien de fois peut-on retravailler son CV? Accrocher une ligne directive. Faire des factures. Organiser les heures de mes trois jours sans ma fille de manière effective. Me reprogrammer la cervelle. M'écarteler davantage les idées. Concrétiser. Réaliser. Trouver un nouvel équilibre. Passer au travers les souffles de culpabilité qui m’assaillent lorsque je pense à elle.

Petite puce de mon cœur qui pleurniche souvent lorsque vient le temps d’aller à garderie. Qui, certains matins, espère que cela sera un jour sans. Au petit déjeuner, alors qu’elle doit soupçonner le début de semaine en son horloge intérieure, elle nous demande :

- Ze vais pas à la garderie à matin hein maman?
- Si ma puce, aujourd’hui c’est lundi, maman doit travailler, c’est un jour de garderie…

Son visage se décompose, une larme roule sur sa joue douce. Mon cœur se serre et je me demande si tout cela en vaut la peine. Je fais comme si je ne me questionnais pas les entrailles à ce sujet. Avec l’aide de Juan, j’essaie de lui expliquer le bien fondé de la chose. Lui expliquer que cela la prépare à l’école. Évidemment, maintenant elle a beaucoup moins envie d’aller à l’école! Il n’y a plus que Cacou, l’ami imaginaire qui s’y rend en secret qu’elle chuchote à nos oreilles. J’essaie de lui expliquer les raisons qui me poussent à l’envoyer loin de la maison et d’un coup, en un cri du cœur elle nous dit :

- Non, maman, non, ze veux rester tout le temps avec toi…

Voir son petit visage brouillé de peine me bouleverse. En maman responsable, je cache mes tourments intérieurs pour lui offrir un visage serein dans sa tempête. Une maman, c’est aussi un mât. Je remarque que les soucis commencent à se frayer un passage dans les eaux de ma fille. Je n’ose lui dire que ce n’est que le début de la vie. Cette transition n’est pas facile. Ni pour moi, ni pour elle. Elle comme moi nous accrochons à ces sentiments qui nous lient, à ce quotidien que nous avons construit ensemble durant ces trois dernières années. La gardienne, qui est plus éducatrice que "maternante", nous explique que M’zelle Soleil aurait un petit syndrome de séparation mais qu’il n’y a absolument pas à s’inquiéter puisqu’une fois celui-ci passé, elle est tout à fait capable de fonctionner. Ainsi il semblerait qu’une fois la coupure passée, elle s’intègre très bien au groupe, elle suit et comprend les consignes, il parait même qu’elle s’amuse...

Lynda nous explique que cela démontre simplement qu’elle est très près de ses parents (en mon fort intérieur j’ai tendance à prendre cela comme un compliment) et que tant que cela ne nuit pas à son fonctionnement, il n’y a point à s’inquiéter. Cela nous fait réfléchir, Juan réalise clairement la vérité de cette constatation (pour l'avoir ressentie en sa propre enfance). Il parait que l’on se "colle" beaucoup (dixit l’un de ses amis). C'est vrai, l’on se papouille, l’on se câline, l’on passe beaucoup de temps ensemble. C’est vrai. Mais n’est-ce pas le cas de tous les parents avec leur petit? Cela me fait poser quelques questions mais pas trop. C'est vrai que nous avons souvent des festivals de bisous où je lui bécote les joues tout en lui disant que je l’aime aussi gros que la pleine lune. À trois ans, je trouve encore normal qu’elle vienne se coller contre nous, je trouve normal d’humer les effluves de sa peau douce, je trouve normal de la serrer contre mon coeur, de la prendre sur mes jambes, de la garder prés de moi.

Cette dame, Lynda, qui prend soin de mon petit en ces journées où je m’en sépare pense que cela peut durer quelques temps. Elle dit à Juan : « Ce n’est pas grave c’est son ressenti, il n’y a rien à faire, elle va s’y faire! ». Elle semble avoir mis le doigt sur le bobo lorsqu’elle a réalisé que M’Zelle Soleil avait de la difficulté à lui parler de nous sans devenir tristounette. La petite a la voix qui tremblote lorsqu’elle parle de son papa et de sa maman et il ne faut pas trop creuser le sujet pour ne point l’attrister outre mesure. J’ai toujours su que c’était une petite fille sensible. J’ai toujours fait en sorte que son environnement ne soit pas stressant. La vie est assez stressante pour tous, je pars du principe que les trois premières années valent la peine d’être couvées. Petit à petit, l'oisillon sortira de son nid pour apprendre à voler seul. Je ne veux point l'étouffer mais je désire la protéger autant que possible. Je suis une maman louve, une maman poule, ou tout simplement une maman dévouée à son petit qui pousse plus vite que son ombre...

Est-ce que l’on peut trop aimer son enfant? Est-ce que l’on peut trop s’occuper d’un petit être vivant? Je ne crois pas. Il est vrai que je m’investis beaucoup dans l’enfance de ma fille. Je m’implique en son quotidien. Je veille à son bien-être. Je cherche à la comprendre, à la connaître. Je ne veux pas calquer ce que je suis sur elle. Je veux découvrir comment l’aider à trouver le meilleur d’elle-même. En ma définition personnelle, être mère, c’est soutenir et encourager les forces de l’enfant même si on ne les comprend pas toujours. Je sais que la route et longue mais j’espère bien être à la hauteur de ce tracé d’existence. Je sais que cela ne sera pas toujours facile. Je sais que l’adolescence me fera mal. Cela fait partie du jeu, lorsque l’on connaît les règles, il ne sert à rien de s'en plaindre. Il faut profiter du meilleur pour avoir la force de traverser le pire. Du fond de mon cœur, j’espère lui éviter le pire des pires. J’espère que la vie lui offrira le meilleur et qu’elle saura en tirer parti pour construire sa vie. Déjà, naitre fille au Québec, c'est une chance et grandir en un cocon d'amour, c'est commencer du bon pied...

Mes sacrifices personnels ne font pas le poids dans la balance de son bien-être. Envers et contre tout, je lui ai offert une petite enfance dorée. J’en suis fière. C’est ma plus grande réussite des trois dernières années. Je prends beaucoup de place dans sa vie mais n’est-ce pas là le rôle d’une maman? M’zelle Soleil vient juste de fêter ses trois ans. Je sais que plus les années passeront, plus elle sera autonome, moins elle aura besoin de sa mère (même si dans le fond, elle en aura toujours un peu besoin). Et je sais aussi que si je fais bien ma job maternelle alors elle pourra facilement surfer la vague de ses vingt ans, elle pourra s’envoler pour suivre ce destin qui sera sien. Le petit oisillon que je couve deviendra grand. Mais il ne faut point sous-estimer l’importance du parent dans la vie d’un enfant.

Je suis aussi persuadée que deux parents sensibles ne peuvent que mettre au monde une enfant sentimentale. Lucide de ce que nous sommes je suis. Comme me disait ma Mère-Grand: « Ma cocote, les chiens ne font pas des chats!!! ». Ma grand-mère disait aussi souvent: « Petit enfant, petit souci, grand enfant, grand souci! ». Je me doute que comme toujours sur ces points de sagesse ancestrale, elle avait raison. Ainsi, sur ce plan, je profite donc de mes petits soucis de parents tout en essayant de ne pas trop penser plus loin que le bout de mon nez! J'applique l'idée de planter des graines dans le terreau de l'enfance. Je jardine au présent. Et j'écoute me chuchoter ma Mère- Grand en mes pensées: « L'on récolte ce que l'on sème ma fille!». Parfois je ne sais plus si c’est l’amour qui me motive à l’envoyer à la garderie ou si c’est ce besoin financier qui hante nos fins de mois. En ma peau et mon sang, l’amour est toujours le plus fort...

Maintenant qu’elle a trois ans, j’ai la nette sensation qu’elle doit commencer à apprendre à gérer le monde extérieur. Pour son bien, pour son futur. Elle doit commencer à apprendre à se débrouiller un petit peu plus. Arrivera vite le premier jour d’école et ce jour là, elle devra avoir quelques armes dans son cartable. J'ai confiance en la solidité de ses bases. Je sais que je ne serai pas toujours là pour la couver. Les enfants peuvent être cruels entre eux et la cour de récréation peut devenir un champ de massacre pour certains. C’est pour cela que je l’envoie en cette garderie, qui possède les outils nécessaires pour lui apprendre quelques notions humaines parmi ses pairs. Je sais que cela n’est pas facile pour elle. Je le vois dans ses yeux. Je crois aussi qu’elle a la force de surmonter ces premiers soucis enfantins. Et si j’en crois la gardienne, elle s’en sort vraiment très bien. De cela aussi j’en suis fière. Même si cela veut dire que je m’en prends plein la tronche une fois qu’elle est rentrée à la maison!

Durant ces deux jours de la semaine qu'il nous reste ensemble, je mets souvent les bouchées doubles, je me consacre à ses bonheurs, je lui offre tout mon amour, je lui donne toute mon attention, je fais preuve de patience et de générosité. Je la laisse libre de se reposer, de se relaxer, d'avoir la paix. Je ne la brusque pas. Je me contente de l’encadrer. Je crois que l’on apprend bien plus par l’exemple que par la parole. La parole sert à la discipline mais l’apprentissage réel se fait par l’exemple de ce que l’on est, de ce que l’on fait en tant qu’être humain. Les enfants voient bien plus clair dans le comportement des adultes que certains ne veuillent l’admettre…

Les enfants sont nos miroirs. Je sais qu'elle est notre reflet tout autant qu'elle est une personne individuelle. Je sais que je dois la respecter en tant que telle. Ainsi, c'est en creusant ses compréhensions enfantines que j’ai appris qu’il était important que je mette dans son sac une pull-up (couche) pour la sieste avec un dessin de trois princesses (pas une non trois!). Il paraît que la mode est aux trois princesses! Lorsque j’ai capté ce léger problème, je suis un peu tombée sur les fesses! J'ai avalé ma surprise. Je fais désormais plus attention. Si ceci l’aide un peu et la rassure lorsque vient le temps de partir, c'est la moindre des choses. Une fois adulte on a toutes sortes de problèmes. N’est-il pas normal que les petits aient aussi leurs problèmes personnels?

À la garderie, elle ne prend plus ni doudou, ni suce. C’est son choix, elle ne veut pas avoir l’air "bébé" devant les autres (trois petites filles entre trois et quatre ans). À la maison, je suis moins stricte sur le sujet. Je la laisse décider librement à condition qu’elle ne passe pas la journée avec. Et jamais elle ne s'y accroche. Manifestement elle peut s’en passer, elle n’en est pas dépendante, c’est ce qui compte. Et si je veux être honnête avec moi même, je peux me souvenir que j’ai gardé ma suce jusqu’à mes 5 ans (je me souviens encore du jour où je les ai jetées à la poubelle) et cela n’a pas porté préjudice à mon développement personnel.

Je ne tiens pas à la garder indéfiniment bébé, cela ne serait pas lui rendre service mais je ne tiens aussi à respecter son propre rythme d'enfance. De toute façon elle grandit assez vite pour qu'il ne me faille point pousser davantage la machine! Cependant je remarque qu'elle s'accroche un peu à sa condition de bébé. Elle a parfois des petits "trips" de régression dont je fais peu de cas. Je la laisse s'attarder un petit coup avant de lui prendre la main pour l'aider à avancer un peu plus loin.

My creation

J’accepte qu’elle se défoule sur moi sans le prendre personnel. Tant que cela ne dépasse pas les bornes. Ma limite se situe aux frontières du respect. Il y a des attitudes que je n'accepte pas et qui réclame le piquet mais je laisse passer son courroux sans m'en sentir attaquée. Présentement je comprends mieux les sources de ses colères qu’elle n’est en mesure de les comprendre elle-même. Il est donc de mon devoir de l’aider en son cheminement personnel. Je comprends la vengeance inconsciente de la petite fille qui ne passe plus tout son temps avec sa maman. Je comprends que je dois apprendre d’elle autant qu’elle apprend de moi. Je crois que l’enfant a aussi un rôle de guide dans l’équation familiale. Nous ne roulons pas sur une voie unique. L’apprentissage doit se faire dans les deux sens. Je ne suis pas toute puissante. Elle ne m’est point inférieure. Je suis juste grande et elle est encore petite mais cela ne doit pas affecter la valeur de ce que nous sommes. Égaux en cette humanité que l’on partage.

Mercredi dernier, je vais la chercher tôt, elle me fait un peu la tête. Une fois dans l’auto, elle me fait une bonne tronche. J’essaie d’alléger l’atmosphère mais mes efforts sont vains elle me lance des :

- Ze veux pas parler!
- Ze veux pas aller à la garderie, z’ai pas bonne humeur!
- Ze veux pas parler. Ze sais ce que ze veux!

L’on a beaucoup discuté de cette situation avec Juan. Nous n’avons pas l’impression que c’est la garderie qui est en tort, nous avons plus l’impression que c’est le changement de routine qui est la cause de ses petites misères. La bulle d’innocence de ma fille commence à se fragiliser. Elle grandit. Les connaissances qu’elle acquiert repoussent les limites de ses innocences. Et dire que ce n’est que le début! Petit à petit, elle va commencer à comprendre que la vie n’est pas aussi rose que ce cocon que je lui ai tissé. Cependant j’aimerai aussi qu’elle comprenne qu’on a la vie que l’on se fait et que la vie peut être belle. Parfois j’ai même l’impression que la vie en soi est parfaite et que ce sont seulement nos vices humains qui l’enlaidissent. Mais cela je lui expliquerai plus tard, bien plus tard…

D’un autre coté plus lumineux, lorsqu’elle part le matin et que je lui dit : « Je t’aime mon petit bout » Elle me répond désormais « moi aussi maman ». Elle grandit. Le même soir, après une dizaine de minutes à me faire la tête, elle a finit par se dérider et m’expliquer :

- Ze suis grande. Regarde ma tête é plus haute!

Ensuite elle me parle des « numières » de la ville et puis elle finit par me raconter des bribes de sa journée tandis que l’on arrive sur le campus où se trouve le bureau de Juan. Nous retrouvons notre dynamique familiale et la vie continue son petit bonhomme de chemin…

Ce mardi matin, durant le petit déjeuner, M'zelle Soleil nous chante des chansons improvisées en s'inspirant de l'image sur la pinte de lait. Je la regarde et je ne peux que constater qu'elle est bien loin d'être une enfant perturbée. Qu'elle a l'air bien dans sa peau, épanouie en sa condition de fillette. Cela rassure la mère qui cogite en mes pensées troublées.

Je repense aux commentaires si positifs de mes amies intervenantes dans le milieu de l'enfance. Je sais qu'elles sont sincères lorsqu'elles me disent que je les inspire en ma "mamamitude" réfléchie. Je sais qu'elles voient le pire au quotidien et qu'en venant en ma maison, elles trouvent un souffle de "meilleur". Cela aussi me fait du bien. J'espère pouvoir continuer sur cette lancée jusqu'à ses vingt ans. Le chemin est long, périlleux, mais n'en vaut-il point la peine?

Les enfants d'aujourd'hui seront les adultes de demain. Les enfants d'aujourd'hui sont la substance (l'essence) de notre futur. À nos petites échelles, nous n'avons que peu d'influence sur le cours du monde, mais en prenant les responsabilités du bonheur de nos enfants, n'influence-t-on pas un peu l'avenir? Je ne suis pas parfaite mais j'essaie de marcher en direction d'une certaine perfection, avec l'espoir de m'en approcher le plus près possible avant que je ne passe à trépas. Toute sa vie l'on doit apprendre (combattre) à s'améliorer (sans jamais oublier qui l'on est vraiment). L'enfant possède une vérité intrinsèque qu'il ne faut pas négliger. Si l'on désire que le monde devienne meilleur, ne doit-on pas commencer par donner le meilleur de nous même à ceux qui seront encore là lorsque nous n'y serons plus?

10 commentaires:

Anonyme a dit…

First, ça y est, je dois faire clic-clic plus souvent avec ma machine à images.
Je suis présentement à la recherche d'un job. Notre situation financière et "qui je suis" ne me permettent pas de rester à la maison: on a besoin d'argent et j'ai besoin de sortir.
Mais ce besoin de sortir s'accroche, cette fois ci, au besoin que j'ai de "nourrir" Fiston. Et ça s'accroche un peu à mon insu, subtilement, quand je pense quand je ne pourrai plus le bizouter autant que je veux, au levé de la sieste qu'il est entrain de faire.
Aaahhh!!

Anonyme a dit…

C'est un très beau message que tu nous offres là!
Je t'ai vu avec elle, je crois avoir "vu" votre relation et je comprends la douleur qui est la tienne...
Enfin, comprendre, tu te doutes bien que c'est un grand mot pour moi qui n'ait... que moi à m'occuper!
Mais tu exprimes tellement bien ton amour pour elle que c'en est presque douloureux à lire!
Je ne serais probablement pas une mère parfaite, si je suis mère un jour (j'ai pas encore décidé!) mais personne n'est parfait.
Je crois que le "tout" c'est d'aimer "intelligemment".
Bizarre ce que j'écris là...
Bises à vous 3!

Etolane a dit…

Sof, tu touches là un point délicat en ce qui me concerne. Combien de fois l'on m'a dit "Tu as de la chance de te permettre de rester prés de ta fille". Au bout d'un temps j'ai réalisé combien cela m'agaçait et que souvent, celles qui me faisait cette remarque avaient des maris qui gagnaient de bien plus gros salaire que le mien! Au fil du temps j'ai appris à tenir ma langue pour ne pas m'embarquer en eaux troubles. Car celles-là même qui me disaient cela n'auraient jamais accepter de vivre comme j'ai accepté de vivre, de réduire au maximum leurs "besoins" matériels et personnels au strict minimum. J'en ai conclu au fil des mois et cogitations internes que ceci était un choix plus qu'une chance et que beaucoup ont le choix mais ne le réalisent pas vraiment. Cela dit, je suis tout à fait consciente que je reste privilégiée, Juan me respecte et je vis en un pays riche. Par exemple, je sais que si je devais me séparer de mon mari, je ne possèderai plus ce type de choix. C'est un choix car il faut accepter de réduire son mode de vie considérablement et l'homme doit être en accord avec ce fait. Juan a un salaire raisonnable qui nous permet de manger et d'avoir un toit sur notre tête mais encore là, cela tient que par un fil, nous n'avons que peu de sécurité financière pour ne pas dire aucune, mais encore là c'est un choix. D'autant plus que je ne crois que les premières années de parentitude soient les plus dispendieuses! Plus cela grandit, plus cela coute cher. Et encore là tout est relatif en soi.

Je crois aussi à l'épanouissement féminin, celui ci est aussi important que le reste. C'est d'ailleurs un point sur lequel je ne fais pas assez attention en ce qui me concerne. Par amour je peux me perdre, m'oublier. Et l'épanouissement personnel ne se discute pas (je le redécouvre en ce moment), il est différent pour nous toutes. Personnellement je crois beaucoup en l'importance des trois premières années, mais là encore c'est un choix...

Je sais que dans mon cas, je suis prête à sacrifier beaucoup du monde matériel à mes besoins émotionnels, toujours un choix que je dois assumer au quotidien. J'ai aussi conscience que chacun doit trouver son meilleur équilibre et ça c'est facile pour personne! ;)
Bonne chance avec la suite de tes projets. Sans oublier que "bizouter" un petit devrait faire partie des normes au même titre que de le faire manger! :lol: Enfin d'aprés moi...

Lulu, en fait je me demande s'il n'y a pas une certaine douleur parentale à voir l'enfant grandir. Juan me dit souvent:"Tu sais on élève les enfants pour qu'ils nous quittent!"...

Je crois en le pouvoir de l'amour, toute ma vie est basée sur ce fait. Cela fait partie de mon propre défi d'existence. De ma mission sur Terre si je dois en avoir une. Et l'amour que je ressens pour cette petite fille est incommensurable, presque indescriptible mais je m'efforce pourtant d'essayer de le décrire clairement car je le trouve tellement incroyable que je ressens un certain besoin de le partager en ces phrases que j'inscris dans le temps qui nous efface.

C'est pas bizarre du tout, c'est exactement à la base de ce que nous ayons de faire, "aimer intelligemment", tout un défi... Bises à toi en ton coin de planète bleue :D...

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec ta notion de choix, et non de chance. Pour moi, quelqu'un qui dit: "Je n'ai pas le choix", ca m'énerve.

Pour ma part, notre part en tant que famille, ce sont les choix que nous avons fait jadis qui font que je choisis d'aller travailler alors que Fiston aura 1 an. Le choix de mes études (et les dettes qui s'y rattachent, alors que j'ai choisi de ne pas travailler pendant ceux-ci), le choix du type de maison qu'on s'est fait construire, malgré notre niveau de vie assez tranquille, eh ben, on n'y arrive tout simplement pas. J'assume les choix que j'ai fait et que nous avons fait; on pourrait vendre notre maison, mais je décide d'aller travailler!

Etolane a dit…

Sof, loin de moi l'idée de juger, je pense que chacun a son libre arbitre et je respecte la liberté d'autrui. Mais j'avoue que je me sentie relativement incomprise durant ces 3 dernières années. C'est sur qu'entre vendre sa maison ou aller travailler! Cela pèse lourd dans la balance de choix!

Moi aussi le "j'ai pas le choix" m'énerve et tu ne peux savoir combien de fois je l'ai entendu dire "Ah! non, moi j'ai pas le choix de rester avec mon enfant! Toi tu as de la chance de te le permettre!".

Enfin entre mes vocations artistiques et mes envies maternelles, je sais que je me mets en marge de la norme, je dois aussi l'accepter. Accepter d'être incomprise...

J'ai aussi une formation universitaire (des prêts bourses à rembourser), une petite maison dont on n'habite qu'un étage car il faut rénover le rez de chaussée et on en a guère les moyens, des fins de mois à saveur de pâte, bref, on tire pas mal le diable par la queue et c'est un peu de ma faute, car je sais que c'est la conséquence de mon choix de m'occuper de Lily-Soleil à temps plein, de m'investir dans son enfance plutôt que dans ma "vie adulte". Aussi j'ai remarqué que soit l'on pense que je roule sur l'or d'où le "t'as de la chance" ou soit l'on estime que j'appauvris ma famille avec les genre "comment ça t'as pas recommencé à travailler"!

Du coup, j'avoue je suis devenue relativement sensible sur le sujet. Et j'ai commencé à sérieusement y réfléchir. Je crois être féministe, je crois à l'égalité de la femme, à ses possibilités de travail, à son indépendance, etc. Cependant j'ai un peu l'impression que dans ce combat l'on a oublié la "mère" en la femme et c'est cela qui me perturbe. D'un autre coté c'est compliqué car on est pas tant égaux aux hommes, on porte l'enfant en notre corps, on le nourrit de notre lait, on ne peut mener une carrière de la même manière qu'un homme en étant mère! Même si les temps changent, cela reste compliqué. À moins de sacrifier les petits sur la table de l'économie et cela j'ai tendance à trouver que c'est intolérable. J'ai moi même eu une mère carriériste et monoparentale, inutile de dire que je fus sacrifiée dans l'équation! Matériellement, elle comblait tous mes besoins mais émotionnellement, ouf... Je ne lui en veux pas vraiment mais je refuse de poursuivre ce cycle de vie. Alors je cherche un équilibre entre épanouissement personnel, rentrée d'argent et sentiments maternels. Je ne crois pas l'avoir encore trouvé, pour l'instant j'ai axé ma vie sur l'émotionnel et je mets de coté le matériel. J'ai l'impression que la société dans laquelle nous vivons n'aide pas à trouver cet équilibre. Enfin plus j'y pense et plus je trouve que la société dans laquelle nous vivons est sacrément déséquilibrée, trop de consommations, trop de gâchis, trop de déchets, trop de pollutions, etc. Je me demande bien dans quel monde vivront les enfants de nos enfants! Cela aussi m'inquiète...

En tout cas, je peux tout à fait comprendre que tu n'y arrives pas si tu es habituée à un certain niveau de vie car de nos jours, les deux salaires sont la norme et ce n'est pas avec les allocations familiales de misère que l'on peut arriver à joindre les deux bouts! Je crois aussi qu'il ne sert à rien de rester à la maison si cela nuit à son épanouissement personnel et que cela emprisonne en une condition de mère qui étouffe la femme. Ainsi je réalise que j'ai donné trois ans à ma fille et que là, j'ai besoin de me retrouver un peu, de penser un peu à moi, de faire travailler mon intellect, c'est un concept auquel je dois me réhabituer! Et si je pouvais arrêter d'être malade toutes les deux minutes (j'hais ma santé fragile), je pourrais peut-être profiter davantage de ce fait! Et avancer plus vite dans mes projets professionnels! Car c'est aussi important que je donne à Lily-Soleil un exemple de femme accomplie. Arriverai-je à lui donner la soeur dont elle rêve, ça par exemple je sais pas trop. En veux-tu un autre?

As-tu commencé à chercher une garderie? Ça aussi c'est encore un autre défi par les temps qui courent! Mais d'ailleurs, je suis curieuse, tu travailles dans quel domaine? Bon j'arrête là mon "roman-commentaire" en te soufflant mes meilleurs pensées! ;)

Anonyme a dit…

Je peux comprendre que tu t’es sentie incomprise dans les dernières années, restant à la maison avec Fillette. J’ai une amie qui a fait aussi ce choix, qui est de retour sur le marché du travail alors que ses enfants sont à l’école. Elle me témoignait, à l’époque où l’on s’est connu, de ce qu’elle entendait autour d’elle.

Oui, nous avons cet équilibre à trouver. Je crois qu’il est différent pour tous, par exemple. La société peut nous aider à faire le choix, à trouver l’équilibre, mais il sera différent pour chaque mère. Dans mon entourage, j’ai plusieurs exemples de jeunes familles et chacune fait des choix différents. Je ne crois pas qu’il y ait un modèle pour tous. Dans la situation où je vis, l’épanouissement personnel manque, les rentrées d’argent aussi, alors que les sentiments maternels sont en changement puisque fiston vieilli (dans une certaine mesure).

Je pense que d’investir dans sa « vie adulte » ne veut pas non plus dire ne pas investir dans la vie de l’enfant. C’est peut-être utopique mon affaire, mais je crois au temps de qualité passé ensemble. Je ne suis pas sure qu’il est rendre service à son enfant de rester à la maison et de se s’y sentir pris, autant monétairement que professionnellement.

Alors oui, je veux retrouver un niveau de vie que je considère plus agréable. Ça passe par mon épanouissement professionnel et par un peu de sous dans mes poches. Le niveau de vie que nous sommes prêts à avoir est personnel à chacun; avec nos planchers en contre-plaqué peinturés, sans le câble, avec une voiture, en habillant Fiston avec du linge usagé, je ne nous considère pas de gens « consommateurs ».

Oui, je veux d’autres enfants. A cause de la pré-éclampsie sévère qui m’a terrassée, je dois attendre encore, le temps que mon corps retrouve ses rythmes bien à lui. On en parlait justement hier soir, Mari et moi; on a hâte que l’année dont a parlé le médecin achève.

La place en garderie qui manque pour Fiston façonne aussi mes enjeux quotidiens. A la fois je cherche un boulot, à la fois je cherche une place. Et à la fois je cherche un boulot, je cherche ce qui me plairait de faire. J’ai une formation en psychosociologie et une autre (à la maîtrise) en développement régional. Je me sens à un tournant existentiel professionnel : qu’est-ce que je veux faire de ma vie ? Parfois, je dis à Mari : j’aurais dû étudier pour être hygiéniste dentaire ou bien technicien-comptable. J’aurais eu de la job, mais cibole que j’aurais trouvé le temps long! Alors voilà, je cherche un job qui me brancherait, et tu vois, le salaire ne passe pas avant … le burn-out?!

Candy a dit…

ha oui bien sûr tes mots font écho en moi!

je me sens lionne avec mes p'tiots depuis que j'ai commencé à couver la première :P
les séparations sont insupportables, mais comme pour les loulous, une fois qu'on est dedans on le vit mieux :P
C'est le passage à chaque fois qui est douloureux.
Et je me dis qu'on va en avoir à vivre des séparations à bien des niveaux et... je préfère ne pas y penser, tout simplement ! ;-)

Et je veux les rendre autonomes et forts et indépendants, mais loin de moi l'envie de me priver de câlins et bisous et moments de tendresse à profusion! D'ailleurs j'en fais un moteur pour leur indépendance ;-) ... ils savent à quel point ils sont aimés et à quel point j'ai confiance en eux, je suis sûr que cet amour de louves les aide! :)

en attendant côté finances, c'est super dur (toujours, encore plus) d'être à la maison, mais on va faire aussi longtemps que possible, on se fait plus de câlins on mange moins de viande... ça va aussi :lol:

Etolane a dit…

Sof, je comprends et compatis. Ce n'est pas facile, ni de trouver une place en garderie, ni de retrouver la place (emploi) qui nous convient. Je suis moi-même sur plusieurs dossiers présentement. Heureusement on a trouvé une place de garderie mais encore là, c'est pas évident d'accorder sa confiance à une étrangère! Je ne sais pas si l'on peut investir dans la petite enfance (parce-qu'une fois à l'école c'est une autre routine) et aussi s'investir dans sa "vie adulte", je crois que l'un ou l'autre doit en pâtir car on est pas des surfemmes. C'est un sujet sur lequel je médite souvent. Je n'ai pas vraiment de solutions, plutôt beaucoup de questions! :lol: Mais je suis d'accord avec la qualité de la relation avec l'enfant, si l'on est pas à l'aise dans son quotidien, il est difficile d'être bien avec son petit. Je te souhaite de trouver l'équilibre qui te conviendra à ton et ton fiston. Un fiston d'ailleurs que j'ai vu en photo et qui est hyper trognon! ;) Merci de cette conversation équilibrée sur un sujet pas facile! :D

Coucou Candy, ;) faut dire que l'on est un peu un écho féminin d'un bord et d'autre de l'océan! :lol: Oui les passages sont souvent douloureux, tu as raison. Je crois aussi qu'une bonne fondation d'amour, de confiance et d'attention leur servira pour le reste de leur vie à construire, enfin je l'espère de tout mon coeur. Mais y'a pas l'amour et les finances semblent bien mal se conjuguer! M'enfin si l'on se fie aux informations, c'est les finances mondiales qui vont bien mal par les temps qui courent. Merci de partager ici tes sensations à ce sujet...

Anonyme a dit…

Magnifique témoignage sur la maternité ! Crainte, plaisir, doute, joie et surtout bonheur.

Chacun vit ses choix les plus librement et les plus sains possibles selon sa personnalité et les contraintes de nos vies.

Anonyme a dit…

merci pour ce petit coup d'oxygène dans mes pensées / mon ressenti de maman au quotidien.