Interdite de glucides…
Pas de tarte traditionnelle à la citrouille cette année! Une autre visite de suivi médical, une autre journée à l’hôpital! D’autres contraintes à assimiler. Mon diabétique de mari s'inquiète. Mon corps n’en peut plus, il crie grâce un peu plus chaque matin. Il se transforme petit à petit en un amas de maux qu’il me faut assumer sans trop broncher! Y'a pires souffrances sur Terre! Y’a juste Juan qui en connait toute la portée, qui console mes pleurs lorsque la douleur devient intolérable, l’effort incroyable, lorsque le courage me manque pour envisager d’autres nuits, d’autres jours dans cet état. Ma mobilité se situe autour de 15 % de ce qu’elle était auparavant. J’arrive au bout du rouleau, j’espère me rendre à l’accouchement en marchant plutôt que sur des roues. Le poids est une calamité dont je ne préfère pas parler. Impression de me battre inutilement contre un ouragan. J’attends le jour où j’aurai enfin le droit d’entreprendre ce chemin du combattant qui me permettra de l’effacer de ma chair effrayée. Mon corps éreinté résiste désormais aux sucres rapides, plus le droit d’en manger, plus le droit de faire grand chose, sinon de me reposer! Avec un peu de chance, j'aurai récupéré quelques forces d'ici le début de la semaine prochaine.
Devant les difficultés qui s’accumulent en cette fin de parcours, le docteur me fait passer une autre écho, histoire de voir ce qui se passe en ma gigantesque bedaine. Les infirmières, de plus en plus curieuses, vont bientôt faire des paris à savoir jusqu’où je vais pouvoir tenir. L’une dit:
- En tout cas, y’a du bébé là dedans!
L’autre répond en regardant Juan :
- C’est sur que si elle tient de son père, elle risque d’être grande! Pis toi, tu l’es pas vraiment, j’ai rarement vu un bébé prendre autant de place!
Je grimace. Évidement si on essaie de croiser une naine avec un géant, cela peut avoir quelques conséquences! Si cela continue de pousser comme cela, je vais exploser! Si,si, et je ne suis pas la seule à le penser!
L’écho se passe bien. Même si je ne fabrique pas un petit bébé ( cela ne prend pas un génie pour le remarquer!), avec 3 kilos3, elle semble dans les normes, pas plus grosse qu’elle ne le devrait. C'est bon signe. Son fémur mesure désormais 7 centimètres et même si elle nage dans une bonne piscine, mon liquide est aussi dans les normes. Son cœur va bien, ses reins vont bien, elle a de bons mouvements respiratoires. Le fait qu’elle bouge beaucoup est un signe de vitalité. Tout semble aller bien pour elle. C’est le principal! Je suis heureuse de l’entendre car j'avoue me faire un peu de soucis. En fait, il n’y a que la mère qui en arrache! Mais cela, ça fait aussi partie du jeu! Tu voulais un bébé ma vieille? Alors assume ta peau…
Elle est maintenant trop grande pour que l’on puisse voir grand-chose, la tête en bonne position. Il n’y a plus qu’attendre! Elle arrive quand même à étonner le technicien qui s’exclame :
- Wow, ben il en a des cheveux ce bébé là!
- Ah bon, comment ça?
- Ben tu vois, toute cette ligne blanche avec des petits picots, c’est plein de cheveux ça…
Quiconque nous connaît ne s’étonnera pas de ce fait. Manifestement c’est bien notre fille, qu’elle naîtrait avec des boucles que cela ne me surprendrait pas! Au début de ma grossesse, alors que j’étais malade comme une chienne, une amie sud-américaine m’avait dit :
- Tsé chez nous, on dit que plus t’as de nausées, plus le bébé a de cheveux…
Chaque jour me semble plus long que le précédent. Chaque nuit plus difficile que la dernière. Je finis de préparer ma valise. Après avoir étudié une bonne partie de la nuit, Juan, est en examen ce matin, puis il entrera en semaine de relâche. Il travaillera cependant quelques jours au bureau. Ma petite Clo de sœur, aussi en vacances scolaires, va venir passer la semaine avec moi. Cela va me faire du bien de ne pas être seule en de tels instants. Présentement, je suis dans la musique…
Ici lorsque tout se passe bien le séjour à la maternité dure exactement 48 heures à partir du moment où le bébé sort. Il est conseillé d’amener les choses qui nous feront nous sentir à l’aise, musique, bougie, décors, tout ce qui nous rassure est accepté. Ne pas oublier l’appareil photo, même si je ne désire pas de photos gores et ensanglantées! Je me contente de mettre à jour ma sélection musicale. De Césaria Evora en passant par Fiona Apple, des vibrations francophones, du soleil, quelques gouttes de lounge, un peu de dub, un peu de hip-hop, Susheela Raman, un soupçon de passé, des larmes de latinos, quelques touches de jazz, entres autres notes, je me prépare…
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