Les droits au féminin…
Après une visite à la maternité pour visiter les lieux de mon prochain accouchement, toutes sortes de questions se posent à ma tête de linotte. Péridurale ou non? Déclencher ou pas? Césarienne? Se la jouer pratique ou attendre d’exploser? Souffrir ou désirer autre chose? Y aller naturel ou moderne (égoïste)? J’entends toutes sortes de discours sur les droits de la femme et ma tête fait des tours, ma cervelle fait la foire…
Toutes sortes de débats animent ces questions. Les émissions et documentaires se succèdent à ce sujet! Droit à la césarienne sur demande? Nouvelle pilule pour ne plus être menstruée? Peux-t-on tout décider lorsqu'il est question de son corps? Petite Clo qui me regarde tourner en rond de la ciboulette s'exclame: « De toute façon y’a plus de naturel de nos jours, alors pourquoi tu t’en fais autant! » Du haut de ses 13 ans de petite femme, elle m’estomaque la face!
- Comment ça? Je lui demande.
- Ben, tu as bien vu accoucher à l’hôpital, c’est plus vraiment naturel de toute façon alors tu t’en fais vraiment pour rien!
Juan rigole et rétorque:
- Ben là elle va pas aller accoucher dans la forêt non plus!
L’homme, qui après avoir exprimé son désir de me voir accoucher par voies naturelles se fait l’avocat du diable et avoue qu’après tout la femme a aussi bien le droit de décider de la façon dont elle souhaite traiter son corps et qu'elle ne devrait pas obligatoirement souffrir parce-qu’elle est femme, m'interloque. Il m'arrive parfois de mentionner une certaine envie de césarienne et de suite les réactions mitigées se déversent sur ma peau étirée. Le pour et le contre se bataillent en des mots lancés à tous vents (consulter ce reportage à ce sujet). Entre féminisme éhonté et discours de nature judéo-chrétienne, je m’y perds le vagin, les fesses prises entre deux chaises…
J’ai passé neuf mois à faire attention à toutes sortes de petits détails pour ne pas nuire au bébé, pour lui permettre de grandir sereinement. Ne pas prendre une seule pof, éviter les fumées, ne pas absorber une goutte d’alcool (si on oublie un verre de champagne pour mon mariage), lâcher le Coke-Diet, manger des légumes, des protéines, des vitamines, des fruits, des oméga3, absorber le moins possible d’aliments industrialisés, marcher, se reposer, se relaxer, respirer de l'air pur, essayer de ne pas m’inquiéter inutilement pour ne pas produire de mauvaises endorphines. M'enrober de sensations musicales. Accepter mon ventre proéminent, de plus en plus disproportionné, par rapport à ma taille de naine. Accepter ce corps que je ne contrôle plus et qui prend du poids à sa guise, démesurément. Accepter la souffrance de mes os fragiles qui n'y comprennent rien, traverser les angoisses, m'oublier la face, rechercher les lumières invisibles...
Mais je l’avoue humblement lorsque je me retrouve dans la salle d’accouchement, j’ai des frissons intérieurs qui me retournent le cerveau. Peur de souffrir, peur de pousser mais peu envie d’anesthésie. Frayeurs d’accoucher, de saigner (quelle joie que de passer tous ces mois sans devoir supporter une goutte de sang vaginal!), d’épisiotomie, des selles hors de contrôle plutôt humiliantes, crier, hurler, pleurer. Prise entre devoir féminin et féminisme actuel, je me débats inlassablement les idées. Mon homme qui saute d’un avis à un autre (en désirant au fond de lui-même) voir arriver son bébé entre mes jambes mais qui d’un autre coté respecte les choix de la femme moderne. La souffrance au cœur du débat. Dans ce reportage que je visionne en ligne, je découvre avec la mentalité brésilienne une toute autre planète! Les complications de l’accouchement par voies vaginales sont-elles pires que celles d'une césarienne?!?
Choisir sa douleur? Décider de ses combats physiques? Douleur nécessaire? Paranoïa et progrès? Accoucher à la maison comme nos grand-mères? L’on dit que la nature est ainsi faite mais oublie-t-on toutes ces femmes mortes en couches au cours des siècles? Donner la vie a aussi bien souvent provoquée la mort au fil de l’humanité! Quels sont les risques réels de l’accouchement? Est-ce le bébé qui choisit quand il doit sortir ou le corps qui n’en peut tout simplement plus et expulse le petit être? A-t-on le droit de désirer être déclenchée? Est-ce naturel? Bientôt l’utérus artificiel? Où commence et s’arrête notre liberté de femme? Où se situe notre liberté de choix?
D'ici trois semaines et quelques poussières, (plus si Lily-Soleil tient de son père qui est plus souvent en retard qu’à son tour!), je me retrouverai face à toutes ces questions qui se trimballent dans ma tête. Je doute fortement d’avoir une césarienne sur demande. Si cela est nécessaire, je ne refuserais point, je préfère encore cela aux forceps! Je n’ai pas vraiment envie d’épidurale, celle-ci m’angoisse et me ramène à ces jours de paralysie adolescente qui me coupa les jambes. Mais est-ce que je veux souffrir pour rien si l’épidurale peut venir soulager des douleurs dont je ne peux imaginer l'ampleur avant de les avoir vécues? Franchement je n’en sais encore rien! Je désire un enfant en santé plus que tout au monde, plus que ma peur intérieure de souffrir, présentement c'est tout ce que je sais vraiment…
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