Au cœur de l’hiver
-35 avec facteur vent depuis deux jours, nous voilà bien arrimés au cœur de l’hiver. Les prochaines semaines sont les plus difficiles pour ma pomme chiffonnée, d’ailleurs c’est la période où les Québécois aisés partent faire un tour dans le Sud! Les retraités ne sont déjà plus des nôtres depuis plusieurs semaines. La plupart réchauffent leurs vieux jours au soleil de la Floride, habitude du troisième âge bien ancrée dans les mentalités. Pour les plus pauvres de notre riche société, pas le choix de passer au travers des rudesses de l'hiver sans rien d'exotique pour se changer les idées gelées…
Avec la rentrée universitaire, je n’ai pas encore eu le temps de mettre en mots rangés notre dernier dimanche où le temps relativement clément, du soleil et des températures autour de –15, nous donnèrent l’idée d’aller explorer l’hiver…
Je voulais, depuis quelques jours déjà, aller voir si l’hôtel de glace était fini. Je passe ma matinée penchée sur le sort de Goom et après avoir mangé, l’on finit par se décider à aller y faire un tour. Alors que l’on longe le lac, je vois de la vie qui s’anime sur sa croûte immaculée. L’on s’arrête au bord de la plage qui n’existe plus et l’on s’avance sur le lac. Quelques motoneiges tirent des luges d’enfants, quelques promeneurs bien emmitouflés se baladent. Juan me dit :
- Ben pourquoi on y irait pas à pied, au lieu d’y aller en char!
- À pieds! En traversant le lac!!!
Je fais la grimace, je regarde l’horizon blanc, ce désert polaire qui s’étend devant moi. Je le regarde me sourire tendrement, l’aventure m’attire et je finis par obtempérer:
- Ok, mais faut qu’on revienne avant la nuit, pis si on voit que c’est trop loin, on se retourne!
Il rigole et je vois l’éclat moqueur dans son regard d’émeraude:
- T’en fais pas ça va bien aller ma chérie, on va survivre! Je te promets!
- Mmmmmppfffffgrmmmpf ...
L’on commence à marcher. Une épaisse couche de neige croustillante recouvre la glace qui emprisonne le lac. Je m’amuse à prendre des dizaines de photos, il m’amuse avec des acrobaties qui me font craquer. Un « petit-cul » en raquettes nous suit comme un petit chien. La vue est superbe. Le ciel infini. C’est à peine plus fatiguant que de marcher sur du sable, surtout si l’on suit les traces des « skidoos » qui tassent la neige. Open Winter…
Nos pas font scrounch-scrounch-scrounch, j’en fais un petit film juste pour le bonheur d’attraper ce drôle de son. Il fait bien froid mais l’on est bien habillé, et je profite du plaisir futile d’être pieds nus dans mes bottes de Yeti tout en ayant le bout des orteils bien au chaud! C’est un sacré exercice et je râle un peu si j’y pense trop…
- Mais! On va être trop morts pour rentrer! Même si on se rend, on pourra peut-être pas revenir et on aura pas de char là-bas! Faudra quêter un lift! Pis si la nuit tombe, y va faire encore plus frette! Pis faudrait pas qu’on tombe dedans parce-que là on est foutu! Même si y’a quand même des gens par-ci par-là…
Il me prend dans ses bras et s’amuse de mes lamentations. Il m’encourage à le suivre et me pousse jusqu’à ce que j’admette comment l'on a du fun! La nature est impressionnante. Et c’est vrai que c’est superbe, un paysage limite lunaire, de l’espace à perte de vue, un monde d’une blancheur surréaliste, un froid pas trop agressif…
Un froid quand même bien pinçant qui me gèle les cuisses subtilement! Une quarantaine de minutes plus tard, l’on arrive en vue du site abritant l’hôtel de glace. Je suis « nickée »! Et je n’ai presque plus de mémoire numérique! Un autre dix minutes de montée et nous voilà arrivés!
-35 avec facteur vent depuis deux jours, nous voilà bien arrimés au cœur de l’hiver. Les prochaines semaines sont les plus difficiles pour ma pomme chiffonnée, d’ailleurs c’est la période où les Québécois aisés partent faire un tour dans le Sud! Les retraités ne sont déjà plus des nôtres depuis plusieurs semaines. La plupart réchauffent leurs vieux jours au soleil de la Floride, habitude du troisième âge bien ancrée dans les mentalités. Pour les plus pauvres de notre riche société, pas le choix de passer au travers des rudesses de l'hiver sans rien d'exotique pour se changer les idées gelées…
Avec la rentrée universitaire, je n’ai pas encore eu le temps de mettre en mots rangés notre dernier dimanche où le temps relativement clément, du soleil et des températures autour de –15, nous donnèrent l’idée d’aller explorer l’hiver…
Je voulais, depuis quelques jours déjà, aller voir si l’hôtel de glace était fini. Je passe ma matinée penchée sur le sort de Goom et après avoir mangé, l’on finit par se décider à aller y faire un tour. Alors que l’on longe le lac, je vois de la vie qui s’anime sur sa croûte immaculée. L’on s’arrête au bord de la plage qui n’existe plus et l’on s’avance sur le lac. Quelques motoneiges tirent des luges d’enfants, quelques promeneurs bien emmitouflés se baladent. Juan me dit :
- Ben pourquoi on y irait pas à pied, au lieu d’y aller en char!
- À pieds! En traversant le lac!!!
Je fais la grimace, je regarde l’horizon blanc, ce désert polaire qui s’étend devant moi. Je le regarde me sourire tendrement, l’aventure m’attire et je finis par obtempérer:
- Ok, mais faut qu’on revienne avant la nuit, pis si on voit que c’est trop loin, on se retourne!
Il rigole et je vois l’éclat moqueur dans son regard d’émeraude:
- T’en fais pas ça va bien aller ma chérie, on va survivre! Je te promets!
- Mmmmmppfffffgrmmmpf ...
L’on commence à marcher. Une épaisse couche de neige croustillante recouvre la glace qui emprisonne le lac. Je m’amuse à prendre des dizaines de photos, il m’amuse avec des acrobaties qui me font craquer. Un « petit-cul » en raquettes nous suit comme un petit chien. La vue est superbe. Le ciel infini. C’est à peine plus fatiguant que de marcher sur du sable, surtout si l’on suit les traces des « skidoos » qui tassent la neige. Open Winter…
Nos pas font scrounch-scrounch-scrounch, j’en fais un petit film juste pour le bonheur d’attraper ce drôle de son. Il fait bien froid mais l’on est bien habillé, et je profite du plaisir futile d’être pieds nus dans mes bottes de Yeti tout en ayant le bout des orteils bien au chaud! C’est un sacré exercice et je râle un peu si j’y pense trop…
- Mais! On va être trop morts pour rentrer! Même si on se rend, on pourra peut-être pas revenir et on aura pas de char là-bas! Faudra quêter un lift! Pis si la nuit tombe, y va faire encore plus frette! Pis faudrait pas qu’on tombe dedans parce-que là on est foutu! Même si y’a quand même des gens par-ci par-là…
Il me prend dans ses bras et s’amuse de mes lamentations. Il m’encourage à le suivre et me pousse jusqu’à ce que j’admette comment l'on a du fun! La nature est impressionnante. Et c’est vrai que c’est superbe, un paysage limite lunaire, de l’espace à perte de vue, un monde d’une blancheur surréaliste, un froid pas trop agressif…
Un froid quand même bien pinçant qui me gèle les cuisses subtilement! Une quarantaine de minutes plus tard, l’on arrive en vue du site abritant l’hôtel de glace. Je suis « nickée »! Et je n’ai presque plus de mémoire numérique! Un autre dix minutes de montée et nous voilà arrivés!
L’hôtel de glace sous les yeux, j’oublie ma fatigue et fait un petit tri numérique le temps que Juan aille nous chercher des passes pour entrer sur le site. Je suis tellement fascinée, que je me sens flotter dans le temps arrêté. L’œil numérique enclenché, je me faufile entre quelques touristes sans personne pour me remarquer. La construction n’est pas complètement achevée, les travailleurs du froids travaillent à poser les dernières touches de l’endroit. J’attends l’homme dans la cour intérieure tout en observant cet étrange palace de glace…
C'est si joli que j’oublie le froid qui ne m'affecte plus! Je l’apprivoise avec ce plaisir que me donnent mes yeux ivres de givre. Paysage enchanté de monde de fée, je souris aux anges polaires. Je me fonds dans l'atmosphère irréelle. L’homme me retrouve à l’entrée du château d’hiver :
- Mais j’ai ta passe comment t'as fait pour entrer?!?
- Je sais pas trop, j’étais si subjuguée que je suis devenue invisible, j’ai du me « symbioser » avec la place!
Il fronce les sourcils sans comprendre, je l’entraîne à l’intérieur….
Comment expliquer ce que je ressens lorsque je suis en ses entrailles de glaces, je ne puis y arriver avant d’y être retournée plusieurs fois!!! Cette année, l’on s’y prend tôt, et je compte bien y retourner faire des tours d'idées et des safaris d’images. J’aimerais écrire un texte assise là…
Cette année, il est un peu plus grand, un peu plus grandiose que l’année dernière. Les chambres sont moins monacales, mieux pensées, plus jolies. Mais aussi belles soient-elles, je préfère encore dormir dans la chaleur de ma cabane de l’autre coté du lac!!! L'art y est encore plus présent avec une petite gallerie dédiée à cet effet. Il y a même une petite cour intérieure avec deux énormes bains tourbillons fumants et un sauna qui sent bon le cédre chaud…
Juan découvre le sauna, ouvre sa porte et me pousse à l’intérieur. Du bonheur à l’état pur! C'est chaud sans être étouffant. Nos pores se dilatent d’un coup et nos peaux hurlent de délice, un vrai petit vice. L’on se regarde en riant, profitant pleinement du moment jusqu'à ne plus tenir. L’on retrouve réchauffés le congélateur de notre réalité glacée…
Le soleil est bientôt prêt à se coucher, sa lumière dorée illumine la place qui scintille si joliment. L’on ne perd pas trop de temps et l’on reprend courageusement le chemin de la maison. L’on trouve une « track » de motoneige parfaite pour marcher sans trop peiner. D’un pas rapide, sans s’attarder, l’on retraverse le lac pour arriver de l’autre coté avec le soleil disparu à l’horizon qui s'assombrit rapidement.
C'est si joli que j’oublie le froid qui ne m'affecte plus! Je l’apprivoise avec ce plaisir que me donnent mes yeux ivres de givre. Paysage enchanté de monde de fée, je souris aux anges polaires. Je me fonds dans l'atmosphère irréelle. L’homme me retrouve à l’entrée du château d’hiver :
- Mais j’ai ta passe comment t'as fait pour entrer?!?
- Je sais pas trop, j’étais si subjuguée que je suis devenue invisible, j’ai du me « symbioser » avec la place!
Il fronce les sourcils sans comprendre, je l’entraîne à l’intérieur….
Comment expliquer ce que je ressens lorsque je suis en ses entrailles de glaces, je ne puis y arriver avant d’y être retournée plusieurs fois!!! Cette année, l’on s’y prend tôt, et je compte bien y retourner faire des tours d'idées et des safaris d’images. J’aimerais écrire un texte assise là…
Cette année, il est un peu plus grand, un peu plus grandiose que l’année dernière. Les chambres sont moins monacales, mieux pensées, plus jolies. Mais aussi belles soient-elles, je préfère encore dormir dans la chaleur de ma cabane de l’autre coté du lac!!! L'art y est encore plus présent avec une petite gallerie dédiée à cet effet. Il y a même une petite cour intérieure avec deux énormes bains tourbillons fumants et un sauna qui sent bon le cédre chaud…
Juan découvre le sauna, ouvre sa porte et me pousse à l’intérieur. Du bonheur à l’état pur! C'est chaud sans être étouffant. Nos pores se dilatent d’un coup et nos peaux hurlent de délice, un vrai petit vice. L’on se regarde en riant, profitant pleinement du moment jusqu'à ne plus tenir. L’on retrouve réchauffés le congélateur de notre réalité glacée…
Le soleil est bientôt prêt à se coucher, sa lumière dorée illumine la place qui scintille si joliment. L’on ne perd pas trop de temps et l’on reprend courageusement le chemin de la maison. L’on trouve une « track » de motoneige parfaite pour marcher sans trop peiner. D’un pas rapide, sans s’attarder, l’on retraverse le lac pour arriver de l’autre coté avec le soleil disparu à l’horizon qui s'assombrit rapidement.
Un superbe après-midi qui s’achève en beauté sur l’étendue pétrifiée du lac désert. J’ai les cuisses congelées et je crois bien que la première strate de chair est aussi dure que de la pierre alors que les muscles sont incroyablement échauffés. L’homme a la peau du visage toute fripée, les joues rosées, l’on retrouve en vitesse la chaleur de notre foyer. Épuisés et heureux, l’on laisse notre peau décongeler doucement. J’ai des milliers de sensations qui me pincent la peau et dans la tête des images sublimes d’univers glacé…
Je postai mes photos sur mon compte Flickr, sur ce photoblog sans nom, devenu accessoire de ce monde de phrases et qui m’emporte parfois loin des mots! Et, ce matin dans ma boite aux lettres, quelques mots de membres enthousiastes qui m’apprennent que mon set de l’Hôtel de glace a été mentionné dans le blog de Flickr. Surprise, je perds mon souffle deux minutes, un peu de chaleur se répand dans mon cœur givré.
Je postai mes photos sur mon compte Flickr, sur ce photoblog sans nom, devenu accessoire de ce monde de phrases et qui m’emporte parfois loin des mots! Et, ce matin dans ma boite aux lettres, quelques mots de membres enthousiastes qui m’apprennent que mon set de l’Hôtel de glace a été mentionné dans le blog de Flickr. Surprise, je perds mon souffle deux minutes, un peu de chaleur se répand dans mon cœur givré.
Ainsi je réalise que les photos de cet étrange palais de glace laissent peu de monde indifférent. Je suis contente de voir qu’il n’y a pas que moi que cela fascine. Je prévois une autre visite sous peu. J’ai bien envie d’aller chasser quelques photos nocturnes, et puisque je ne peux aller dans le Sud, j’irai simplement me perdre au cœur de l’hiver bien installé!
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