jeudi, juillet 21, 2011

Retour de Festival

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Retour de Festival


Avec la fin du festival d'été de Québec, l'on quitte cette étrange dimension dans laquelle l'on était entré. L'on reprend le cours de sa vie des souvenirs plein la tête...

D'abord dormir un peu pour rattraper la fatigue accumulée, puis retrouver le fil des jours normaux. En mon coin de "cyberpigiste", cela veut dire pas mal de correspondance à traiter et quelques feux à éteindre en priorité. Se remettre les idées au rythme du quotidien...

Mais juste avant de repartir en la normalité de mes jours, un petit retour en arrière sur la soirée de samedi dernier. Un retour sur la messe métallique qui a transporté Québec samedi nuit.

Devenir sardine au soleil

Sachant le monde dans les rues, je dois dire que je n'étais pas mécontente de pouvoir entrer facilement dans la zone VIP.

Mais encore là, l'on avait été prévenu; pour avoir une place correcte dans cette zone, il fallait ne pas arriver trop tard. Le concert commençait à 9:30, je suis arrivée à 6:30.

Déjà les Plaines semblent pleines. La fébrilité ambiante électrise l'atmosphère. Je trouve un coin de trottoir où m'assoir. Le brouhaha ambiant se fait plus bruyant.

D'où je suis placée tout est calme, dense mais calme. J'essaie le Wifi mais comme bien d'autres autour de moi, tout est "jammé" même les téléphones ne marchent plus. J'arrive à avoir une connexion une quinzaine de minutes avant de la perdre pour la soirée.

Durant l'heure qui a suit, je fais un peu de jasette. Je pense à mon homme et la "gang", je leur souhaite d'être entrés sur le site. En une heure la zone VIP se remplie de façon assez dense! Je me rends compte que mon spot est précieux. Si je veux le garder, je ne peux bouger. Mais c'est correct, j'ai deux bouteilles d'eau et aucune envie d'aller aux toilettes!

Durant ce temps j'en profite pour papoter un peu avec mes voisins. J'aperçois Régis Lebeaume dans la tente corporative qui nous surplombe. En fait c'est grâce à mes voisins que je le remarque. Tant de regards se tournent dans la même direction que ma curiosité est piquée...

La zone VIP où je suis est prise d'assaut. Un jet d'eau arrose la foule au loin. Il fait chaud. Il est temps que la soirée commence. Au dessus de nos têtes, un hélicoptère fait des tours. J'espère qu'il prend des images que je pourrais voir au futur.

Arrive Dance Laury Dance. Je ne suis pas emballée et l'humour à second degré avec lequel le chanteur commence la soirée me refroidit. Je dois être top vieille pour ce genre de niaiseries.

Lorsque le chanteur interpelle la foule pour demander: "Est-ce qu'il y en a qui aiment fumer du crack en faisant l'amour à une prostituée?". Je décroche. Si je suis rendue matante qu'il en soit ainsi!

Je me rassois pour taponner le Wifi pendant que le groupe sue sur scène. À part une certaine ressemblance du chanteur avec Mel Gibson, je ne trouve rien pour m'intéresser au groupe. C'est con des fois comment une seule connerie peut tout foutre à l'eau...

J'en profite pour observer la foule en attente. Il commence à faire très chaud. La foule se meut en une seule chaleur humaine. Je vois passer deux ados en courant! Je remarque leur macaron. Mon voisin me dit: "Il parait qu'il y a une clôture de défoncée. Des jeunes entrent par là!" Manifestement c'est deux là ont gagné la course, je les vois se perdre dans la densité de la foule. Je n'en vois pas d'autre passer...

Arrive Joe Satriani. Il me semble que l'on est encore plus serré les uns contre les autres, j'imagine que c'est encore pire dans la foule qui nous entoure. Le guitariste est bon mais j'avoue que je commence à être tannée d'attendre debout dans la chaleur humaine. Je finis une première bouteille d'eau...

Messe et communion

À 9h45 arrive enfin Metallica! L'on est tous là pour ça. La foule devient une entité vivante qui ne fait plus qu'une.

Dès les premières chansons, l’atmosphère vibre.  C'est parti pour une soirée mémorable. J'espère les classiques. J'espère "Sanatarium, One, Master of Puppets, Seek and Destroy". J'espère et je ne serai pas déçue!

Le son décape. Il est amplifié mais il est aussi clair, net, pur. Je retrouve cette qualité de Metallica que j'ai toujours appréciée. La foule embarque dès les premières minutes. Le pouvoir de la foule à un show de Metallica a toujours eu le don de me fasciner. J'ai des flashs de concerts passés. Des flashs de ma vingtaine révoltée. Contrairement à certains préjugés Metallica ne rend pas méchant, Metallica fait sortir le méchant. C'est un métal thérapeutique. Il fait sortir les toxines...

James est aussi sympathique que dans mes souvenirs. Il ne jure pas, il n'insulte pas. Il s'enquiert plutôt du bien-être de la foule. Il est présent, presque aimant. Il parle de la famille Metallica avec affection. Il est heureux et le partage. En musique mais aussi en sourires et paroles. Dès le début du show, il dit qu'il a la foi que la famille Metallica de Québec fera beaucoup de bruit! Et Québec fera tellement de bruit que sa foi ne pourra qu'en être accentuée!

Il explique qu'il a entendu parler de ce Festival depuis très longtemps. Il dit qu'être enfin ici est d'une émotion indescriptible. Son émotion est tangible. Il ajoute que c'est si beau de voir les gens de Québec. Des gens qui ont besoin de musique dans leur vie. Il est heureux d'être là et il ne manque pas de le partager avec le public en liesse. L'on baigne dans la magie festivalière...

Il plaisante: "Faites attention à votre voix, nous avons encore beaucoup de chansons!Naaa, faites pas attention à votre voix, donnez la moi!". Il demande: " Do you like your music heavy, do you like heavy? Tell me if you like your music heavy baby!" La foule en transe scande avec rythme des "heys-heys" électriques dans la nuit. "Sad but True" déchire la nuit en même temps que chante la foule.

Il est toujours incroyable d'écouter plus de 100 000 personnes chanter d'un même coeur. Baudelaire a écrit: "Le plaisir d'être dans les foules est une expression mystérieuse de la jouissance de la multiplication du nombre. Tout est un nombre. Le nombre est dans tout. Le nombre est dans l'individu. L’ivresse est un nombre". La jouissance qui régne sur les Plaines samedi soir aurait surement fait sourire Baudelaire. L'ivresse du nombre est une sensation quasi indescriptible, primitive. Je suis ivre.

Je me fonds dans l'entité humaine qui fait la nuit. James fait rejaillir la vie en mon sang. Les paroles des chansons me reviennent en mémoire et j'ajoute ma voix à la foule. Les bras dans les airs, les boucles qui virevoltent de haut en bas et le sourire aux lèvres...

Metallica est une énergie dont l'on se gave. La messe est métallique et l'on communie avec la même foi. La musique est grasse, lourde mais aussi propre et nuancée. Les mélodies sont excellentes et les envolées oh combien intense. La répartition du son est exceptionnelle. J'ai des flashs de James dans les années 90, plus félin avec les cheveux longs. J'ai des flashs de jeunesse survoltée.

À l'époque, le son était aussi bon et le métal encore plus rapide. Je retrouve ce même magnétisme du chanteur qui me faisant tant d'effet il y a 20 ans! Je ressens la même extase que j'ai connu il y de cela bien des années. Je me souviens. Je laisse le métal me traverser le corps. Mes toxines se libèrent à mesure que je vibre de bonheur. Un bonheur partagé par des dizaines de milliers de personnes.

James est heureux comme un gamin. D'ailleurs il explique à la foule qu'il vit là un vrai rêve de gamin. Il remercie Québec de lui offrir cet instant magique. Le rappel va de soi. Il lance à la foule: "You make us feel good Québec!". C'est réciproque James!

Un rappel puis un autre. La foule est un tout qui vibre d'une même énergie.  Le show finit à minuit et quart avec "Seek and Destroy". La nuit est en feu. Le groupe ne semble plus vouloir partir, il s'éternise sur scène en lançant des pics de guitare. Il ramasse un drapeau du Québec que leur offre un fan. C'est tout un moment de Festival que Québec vient de vivre! Un moment qui passera à l'histoire et restera longtemps gravé dans les mémoires...

Metallica aussi risque de d'en souvenir longtemps. L'on peut être fier de Québec. Le groupe qui en a vu d'autres coté foule était enchanté. Il a même écrit sur le plancher backstage:"Here everything is awesome!" Je ne serais pas étonnée de les revoir à Québec dans les années prochaines...




Foule calme et comblée

Alors que je suis un courant d'humanité pour redescendre vers St-Jean, je ne peux qu'être fascinée par la tranquillité de la foule. Même les zombies imbibés d'alcool sont inoffensifs. Metallica a libéré des millions de toxines humaines...

Toujours, j'apprécie le paradoxe historique. La beauté de ces moments de communion humaine à travers la musique sur un site où les batailles font l'histoire. Samedi soir, je suis pas mal sure que même les fantômes des soldats sacrifiés aux combats ont fait la fête avec nous!


Il me faudra bien deux jours pour arriver à me sortir cette soirée du corps! Les jours suivants j'ai l'occasion de discuter avec plusieurs personnes qui ont assisté au show à des endroits différents du site. La majorité de ceux à qui j'ai parlé ont adoré leur expérience.

Mon homme qui ne connaissait pas vraiment Metallica et pour qui c'était une première expérience a trippé comme jamais. Il n'en revenait pas lui même! Il a bien parcouru le site et même si parfois la foule était intense, il n'a vu aucun grabuge...

Mon compère blogueur Mario a lui ressenti une certaine démesure mais comme il se trouvait non loin de la tente des ambulanciers, c'est surement contextuel. Il est évident qu'il y a eu plusieurs personnes bien maganées, des malaises, des malades. Mais sur une telle foule, vraiment pas de quoi en faire un plat. Il y a aussi eu quelques bourdes dans la gestion de foule. Ma compère blogueuse Marie-Ève en a vécu l’amère expérience. Pour ma part, je me suis sentie privilégiée de pouvoir vivre le tout en VIP. L'émotion y était aussi crue que dans le reste de la foule et les malaises plus rares...

L'idée du Festival d'été de Québec est de rendre de tels spectacles accessibles au plus grand nombre. Si l'on y pense bien, c'est un sacré défi! Et chaque année, le Festival remplit sa mission. Même si la perfection n'existe pas, le Festival d'été de Québec analyse et améliore chaque année son fonctionnement pour mieux faire la fois prochaine.

Cela dit, il faut admettre que lorsque l'on voit se dérouler de tels évènements au coeur de la ville, l'on ne peut que dire chapeau et merci!

2 commentaires:

Blandine a dit…

Que je te rejoins dans ces mots.
Je ne connais pas l'expérience de la messe métallique mais je crois bien que je suis intoxiquée à ces sensations que tu décris.
L'ivresse des concerts, quand la musique t'emmène, te transperce et te nourris... c'est mon addiction.

Caroline (La Belle) a dit…

Merci pour le beau récit! C'était comme si je le vivais à travers tes mots!

Et je revivais, différemment mon show de U2 d'il y a moins d'un mois ;-)