Cette année l’hiver est sévère, il nous enterre sous d'innombrables couches de neige, il affirme sa puissance. Les prévisions de la semaine à venir? Aujourd'hui un zeste de pluie verglaçante, mercredi une tempête! Hier, Juan a déneigé le toit. Résultat, je ne vois plus par mes fenêtres que des bancs de neige! La maison est engloutie sous l’hiver en poudre qui nous blanchit. Si la saison m’enlève en un désert d’une blancheur immaculé, il n’en parvient pas moins à me faire suer. Heureusement qu’il y a ce palais de glace pour m’émerveiller les sens engourdis…
Je déteste l’idée de vivre dans la peur. Pourtant il arrive que la peur s'insère en mon coeur et me fasse tourner en bourrique givrée. Ainsi j’avais dans l’idée de commencer ma dernière chronique d'enfance avec ce vidéo que j’avais préalablement mis en ligne. Mais ce petit commentaire posé peu de temps après m’a autant énervée qu’inquiétée : « Est cute ta petite princesse, fait juste attention au P… Qui sircule sur le net stp. »
Là je vais voir sur le compte du bonhomme, un bonhomme bien flou en son profil et j'en viens à me demander si ce n'est pas les pé… en personne qui laissent ce genre de commentaire? Je ne crois pas qu’il vient ce genre de pensées aux gens dotés d’un esprit sain. Tout cela me trouble. Déjà que l'hiver me donne une petite allergie informatique, voilà de quoi me faire tanguer les émotions! Mon esprit commence à rouler, rouler, rouler…
La mère poule en moi se réveille, elle continue de me faire tourbillonner les idées. D’un coté il y a cette volonté personnelle de défier la peur et de l’autre il y a la peur qui chuchote ses menaces de danger. Cela m’énerve profondément. J’aime me laisser inspirer par mon petit bout de fille, j’aime aussi l’idée de documenter sa petite enfance, cultiver de mes mots ces instants précieux. J’aime l’idée de partager sa lumière. Il y a tant de noirceurs humaines qui s'étalent en toute impunité, pourquoi ne pas cultiver nos lumières pour mieux contrer les désespoirs de notre espèce?
Pour en avoir eu des échos, je sais que M’zelle Soleil éclaire le cœur de plusieurs lecteurs qui s’attachent à elle et qui ne lui souhaite que du bien. Je ne vois pas en quoi ceci pourrait être condamnable. Au contraire je trouve cela plutôt émouvant. Mais il y a la peur qui fait voir les ombres, des ombres pour assombrir mes pensées claires. En mon fort intérieur, je refuse de m’empêcher de vivre comme j’en ai envie simplement parce-qu’il existe des esprits pervers sur Terre. De plus, la plupart des recherches qui aboutissent chez moi sont des plus inoffensives. Elles me font régulièrement sourire et jamais frissonner. Quelques exemples types :
- Ils se rencontrèrent un peu par hasard, au détour d'un message égaré comme on jette une bouteille à la mer.
- Dans les couloirs de neige pour essayer d’attraper quelques images gelées.
- Mon esprit est saturé j'ai besoin d'air
- Écriture personnelle sur l'amour
Il y a parfois quelques égarés de ce genre mais ceux-ci sont très rares. C’est aussi pour ne pas nourrir les moteurs de recherches de ceux qui n'ont rien à faire chez moi que je m’arrange consciemment pour ne pas utiliser (ou le moins possible) certains termes plus crus ou tendancieux qui pourraient porter à confusion et mener quelques prédateurs en ma direction. On n'est jamais à l'abri mais l'on peut quand même faire attention. De même lorsque je m’érotise les mots, je m’arrange pour que ne point vulgariser afin de ne pas attirer des individus indésirables en cet endroit où j'utilise ma vie comme laboratoire. Même s'il m'arrive d'être plus laxiste de temps à autres, avec les années, je me suis instaurée une certaine censure en ce qui concerne certains termes ou tournures. C’est une façon de me protéger.
Ma maîtrise des mots me permet une bonne liberté d'action et je n’ai pas l’impression de mettre ma bulle quotidienne en danger. Je cultive le flou lorsqu’il s’agit de données personnelles pour cette même raison. Je suis tout à fait consciente des dangers de la Toile. Je suis plus lucide que naïve. Je vais parfois me promener dans des quartiers malfamés. Je ne suis pas non plus une poule blanche. Mais pour ce qui est de mon jardin virtuel, j’apprécie une certaine sécurité. Je pense que ma formule est efficace puisque qu’après plusieurs années d’existence virtuelle je ne me suis jamais sentie réellement menacée. J’y ai plutôt fait de belles rencontres et j'y trouve une beauté humaine qui me touche l’âme en peine.
Cependant avec M’zelle Soleil qui grandit, la mère poule qui s’installe dans ma tête questionne ma formule de base. Mon esprit roule, cahute, bloque, débloque. J’en viens à me demander si je ne devrais pas arrêter tout net d’écrire autour de ma fille, arrêter de la partager publiquement, arrêter de me laisser charmer par son image. Je tourne en rond de glace. Il y a l’essence de moi-même qui se chamaille avec l’angle maternel de ma pomme. Les deux poulettes se bataillent en ma tête. L’équilibre se rompt et je bloque mes mots! L’angoisse se faufile par la brèche. La volonté de ne pas céder à la peur l’emporte. L'amour est un sacré carburant, petit à petit le brouillon du dernier billet publié se travaille en mes coulisses de Toile. Une nouvelle chronique prend forme et je chasse la peur pour laisser passer quelques rayons de lumière par la fenêtre de mes mots illustrés. Mon esprit, par exemple, n'en finit plus de cogiter...
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