lundi, juin 18, 2007

Mi-Juin

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Lac-de-juin

Une nouvelle semaine débute avec une autre magnifique journée. Maintenant que Lily-Soleil est en voie de guérison, je retrouve ces habitudes virtuelles qui disciplinent mes mots. Durant ces derniers jours, j’ai tourné toutes mes attentions vers la petite afin d’adoucir le plus possible ses douleurs. Nous nous sommes soudés autour de l'enfant blessée. Comble de joie, elle a profité de l’épreuve pour percer une molaire! Plus capricieuse qu'à son habitude, elle nous a doucement enroulés autour de son petit doigt. Nous savons qu'il ne sera pas drôle de redresser la discipline parentale une fois sa santé complétement retrouvée. Même si elle me fait parfois tourner en bourrique, je ne peux me résoudre à la disputer ou à la brusquer en de tels moments! Alors je pratique mes patiences en silence. Ces derniers jours elle a plus souvent fait la moue qu'autre chose et c'est avec diligence que je me suis pliée en quatre pour la faire sourire...

Sa plaie commence à cicatriser, elle a pris l’habitude d’aller tous les jours à l’hôpital pour changer son pansement. Elle chantonne sur la route et se fait toute sage. Elle ne pleure plus lorsque vient le temps de changer son bandage. Elle en connaît toutes les étapes et ce matin, pour la première fois, elle a osé regarder (presque avec curiosité) l’infirmière appliquer l’onguent sur sa brûlure. La peau se refait peu à peu, les douleurs s'estompent, il ne manque plus que le coude guérisse que l’on puisse lui enlever son pansement. Bientôt elle pourra profiter des beaux jours pour barboter à sa guise. Désormais son changement de pansement se remplace aux deux jours. Elle finit son traitement d’antibiotiques demain. Tout commence par rentrer dans l'ordre si ce n'est le fait que je suis légèrement "désénergisée"! C'est un petit prix à payer pour le bonheur de la voir bien aller. Il y a peu de mots qui peuvent exprimer le soulagement que je ressens présentement. Nous sommes presque sortis du bois ou de l’auberge, c’est selon le coté de l’atlantique duquel l’on se place. De tout coeur, je tiens à remercier toutes celles qui ont pris la peine de déposer en cette virtualité un petit mot de soutien ou un message d'encouragement.

Nous avons fait une croix sur le festival de Tadoussac, enfin principalement moi. Juan m’a proposé d’y aller seule avec mes amis mais je ne me sentais pas le cœur d’agir ainsi. Plus j'y pensais et plus cela m'était inconcevable. Miss Dee est donc partie à l'aventure sans moi. Pas de café bohème pour Etolane devenue maman! Malgré toute ma raison, un fond de déception se languit entre deux pensées sereines. Durant tout l’hiver, le festival de Tadoue fut la carotte qui m’a fait plusieurs fois avancer dans mes sombres moments de solitudes maternelles. Depuis février, je visualise la carotte lorsque me vient l’envie de glisser. Lorsque j’ai l’impression de ne plus exister, lorsqu’être mère prend toute la place et que je me bats pour trouver un équilibre à cette équation. Et puis d’un coup, alors que je m’apprêtais à me mettre cette belle carotte sous la dent, le destin l’a lancé dans le St-Laurent sans que je ne puisse rien croquer. Dur, dur pour ma pomme des bois en manque d'action! Ainsi va la vie. Ce n’est qu’un petit sacrifice de plus dans ma parentitude, c’en est un peu devenu une habitude. Mais est-ce vraiment se sacrifier que d’abandonner des petits bouts de soi pour le bien-être de l’enfant? D’année en année, elle aura de moins en moins besoin de moi et je pourrais de nouveau raccrocher ces petits bouts d’individualité éparpillés à ma peau de femme.

En attendant, l’on retrouve une routine estivale tandis que je me remets de mes émotions passées. Je m’implique dans l’association pour la préservation du lac en tenant à jour le site web et en écrivant régulièrement des billets à ce propos. Je prépare un dossier épineux sur l’impact des embarcations à moteur sur le lac afin d’écrire un article qui risque de m’attirer quelques foudres locales. Je sais que j’aborde un sujet tabou au village mais il m’est impossible de me taire. J’espère ne pas trop mettre en péril ma paix sociale. L’homme s’en inquiète un petit peu, mais c'est plus fort que moi, les abrutis m'indiffèrent et la santé de ce magnifique plan d'eau hante mes pensées. De plus, l’heure est trop grave pour ne rien faire, pour ne rien dire, pour se cacher la tête dans le sable. Il est fort probable qu'un autre épisode d'algues bleues refasse surface d'ici l'automne, le lac a besoin de toutes nos défenses humaines. Il m'appelle, je l'ai dans la tête, je l'entends en mon coeur, il vibre dans mon sang, je suis envoutée...

Que serait l’image du Québec sans la pureté de ses lacs? Laisser mourir les lacs sans s'en préocupper est presque un crime à mes yeux. Comment peut-on dormir sur ses deux oreilles à coté d'un lac en danger? Malheureusement les lacs font tant partie de la réalité collective que plusieurs en ont oubliés leur fragilité pour ne plus voir qu’un terrain de jeux où s’éclater en toute insouciance! Pourtant si nous voulons préserver la nature, il faut commencer par la respecter et prendre conscience de l’impact de nos modes de vie sur notre environnement, c’est, à mon avis, le premier pas d’une très longue marche…

Petons

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