jeudi, mai 24, 2007

Maman à plein temps.

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Maman à plein temps.

Parfois au creux de mes journées, je me dis que j’aurai bien envie d’écrire et de m’épanouir les neurones. Une autre fois, l’envie de traduire et de me rappeler ce qu’est un pouvoir d’achat me traverse la chair. Et puis je la regarde me sourire, j’entends ce « Maman » terme multifonctionnel qui m’appelle et plus rien d’autre ne compte…

« Maman », ça y est j’ai inséré le terme en mon identité. Elle dit « Maman ! » et j’apparais comme par magie. Je suis là pour consoler, donner, aider, ramasser, porter, éduquer. Je suis un mot à multiples fonctions! Parfois, je sature et que j’aimerai bien me souvenir que j’ai un prénom. Et puis son rire m’entraîne et je m'oublie...

La mère en moi s’active, cogite. Elle a 18 mois, elle baragouine beaucoup mais parle peu à mon goût. Le « Maman » télépathique rendant trop bien service. Je lis que les enfants qui marchent tôt parlent plus tard et vice-versa. Elle possède une douzaine de mots à son vocabulaire. Elle a développé un langage onomatopéique très coloré. Cependant je soupçonne mon dévouement de ne pas l’encourager à parler plus clairement. Je médite sur le sujet et décide d’appuyer sur la pédale du langage. Plus de niaisages…

Je l’encourage à être autonome en lui apprenant à s’habiller et se déshabiller, en la laissant expérimenter ce qui lui passe par la tête, en essayant de ne pas répondre à chacune de ses demandes. Ce dernier point est le plus ténu. J’estime qu’en étant à la maison mon emploi est son bien-être, or ce faisant me voilà un peu sa bonne! Il faut que je révise un peu le sujet. L’homme me réprimande un peu et trouve que je ne pense à assez à moi. Pffff! Leur bien-être est mon bonheur...

Je dois me surveiller si je ne veux pas en faire une enfant capricieuse. Pour l’instant, j’ai encore l’impression d’équilibres. Même si je vis selon son rythme, elle sait mes limites et ne les dépasse pas. Elle est bien dans sa peau, vive et agréable à vivre. Pourvu que cela dure! Eve, enceinte jusqu’aux dents la trouve toujours de bonne humeur, elle n’est pas la seule à nous le faire remarquer. Partout où on la trimballe, elle attire les gens qui viennent lui faire des risettes et n’en finissent plus de nous dire combien elle est souriante.

Tant et si bien que l’autre jour, au dépanneur du coin, alors que je feuillette des magazines (que je n’ai plus les moyens d’acheter) et que M’zelle Soleil s’amuse à accueillir chaque personne avec un signe de la main et un sourire. La dame derrière la caisse papote allégrement sur le fait qu’elle n’en revient pas combien cet enfant est charmante. Mentalement, je grogne en silence: « Oui, je sais, je sais, c’est un petit rayon de soleil mais pourrais-je lire deux potins tranquille deux minutes ? ». Une bouffée d'impatience s'échappe de ma peau, entre deux lignes volées, je ne peux m’empêcher de rétorquer un peu sèchement : « Cela doit être parce-que je me dévoue à son bonheur! » Merci. Bonjour. Fin de la conversation. Je parcoure encore quelques pages avant d’enlever ma jolie qui sourit à la ronde. Parfois, je fatigue...

Cette semaine, pas de journée de gardienne pour cause de jour férié. Son apprentissage de la garderie n'est pas violent! Un jour à la fois, par ci par là dans le mois, c'est suffisant. Je n'aime pas l'idée de devoir m'habituer à ne pas l'avoir avec moi. Je sais que tout ce temps que je passe avec elle est précieux. Je ne m'en plains pas. J'espère que je ne me trompe pas, que je lui apporte tout ce dont elle a besoin, que je sers à quelque chose d'utile. Je sais que tout ce temps passé avec elle est presque un luxe par nos temps modernes. Un luxe qui m’entraîne dans la simplicité « involontaire » parce-que, honnêtement, je ne suis pas sure que si j’avais un pouvoir d’achat je serai aussi ascétique sur le plan de mes envies de consommation. Enfin vu que mon choix de vie ne me porte pas dans cette direction, y penser ne sert à rien! Peut-être un peu malgré moi, j’apprécie cette simplicité loin des artifices. Je l’apprécie assez pour l’apprivoiser et m’y sentir à l’aise. Je réprime mes insatisfactions personnelles, mes frustrations matérielles, la culpabilité d’appauvrir mon foyer, pour me donner entièrement à ce devoir que je ressens, ce besoin d’être auprès d’elle. Je réalise aussi que moins j’ai d’argent, moins j’en ai envie (si je ne pense pas aux réparations de l’auto et à l’étage d’en dessous à rénover!). Moins j’ai d’argent dans mes poches et plus j’ai l’impression de ne vivre que des vraies choses. C’est étrange. J’en connais tant des gens plein aux as qui plus ils en ont, plus ils en veulent! Et plus ils sonnent creux de l’intérieur...

Il faut dire que M’zelle Soleil me comble de mille bonheurs qui me donnent l’impression de vivre dans une inestimable richesse maternelle. Chacun de ses sourires confiants, de ses baisers baveux qu’elle m’offre généreusement m’enrichit l’esprit. Ses petites mains qui serrent mon cou affectueusement me remplissent le coeur de chaleur. Son regard me bouleverse et ses mimiques me renversent l'être. Jour après jour, elle se personnalise, elle émerge de la coquille du bébé pour devenir une toute petite fille. Jour après jour, je m'émerveille...

Alors que je lui explique toutes sortes de choses et l’incite à dire les mots qui les désignent. Elle préfère souvent mimer ses désirs. Elle me fait signe qu’elle veut boire, je lui demande de répéter le mot : « eau ». Elle me regarde d’un drôle d’air et ne me réponds rien :

- Dis eau Lily, dis le mot…

Elle me regarde sérieusement et d’une toute petite voix timide me dit :

- Mmmoooooo

Okay la mère! J’éclate de rire. Bien répliqué ma fille! Je ne veux pas non plus la brusquer dans le rythme de ses apprentissages, je lève un peu la pédale de ma passion. Malgré tout, elle parle un petit peu plus chaque jour, comprend tout ce que je lui raconte et répète de plus en plus après moi. Tout comme lorsqu’elle était bébé ses rires cristallins m’évoquaient des chants d'oiseaux de paradis, sa petite voix toute neuve m’enchante l’ouie.

Il fait bon être sa maman à temps plein. L’hiver prochain, je devrai m’en séparer un peu, passer le flambeau à une autre quelques jours par semaine, histoire que l’on évite la banqueroute et que mon mari ne meurt pas de soucis! Cependant, présentement, l’élever dans ce cocon tissé de la douceur de mon cœur est ma seule priorité et c'est ainsi…

1 commentaires:

Anonyme a dit…

J'imerais beaucoup avoir la permission de me servir de votre photo (je présume que c'est une photo de votre enfant pour un petit livre de 48 pages qui s'intitule «Papa, maman, j'ai besoin de vous!» Pourquoi ce cri. Si vous voulez communiquer avec moi à ce sujet au plus tôt...
Albert.Lozier@opera.ncf,.ca