En quoi consiste une journée bambine pour l’adulte qui la préside? En un long monologue qui s'étire! Un monologue entrecoupé de charabia humain qui s’explique sans fin, qui découvre et apprend tout ce qui l’entoure, un charabia que l’on capte de ses antennes maternelles mais qui laisse dans le flou tout autre personne de passage.
Un monologue adulte qui se frotte à un charabia élaboré. Un monologue qui prend souvent le ton universel des mamans. Ce ton qui se nuance tout en douceur, ce même ton qui se susurre dans quelques langues qu’il soit parlé. Ce ton gonflé d’affection qui couve l’enfant de sa voix tendre.
Dans mes monologues, je mets l’emphase sur les concepts de base, bleu, rouge, vert, chaud, froid, neige, dehors, dedans, blablabla, rien de bien transcendant pour l’intello de service. J’explique patiemment le fil des tâches qui parcourent la toile du jour, j’explique les activités en cours, je répète des dizaines de choses, des dizaines de fois. J'explore toute une variétés d'onomatopées que je ne soupçonnais pas posséder. Grâce à mes antennes affûtées, j’oublie parfois mon monologue pour ressentir cette étrange communication de fond qui se passe des repères habituels de la langue française.
Bien-sur, il y a l’émergence de mots qui se comprennent en plus de la rengaine des « papa, maman » qui rythment les heures. Il y a « Miou-Mia » pour les chats, « Gogo » pour Margaux la chienne voisine, « Ghaki » pour Shanie diminutif de Chanelle la chienne de la maison. Un « Gatine » subtil pour Nougatine, « Coucou » lorsque l’on joue à cache-cache, « Miam » pour manger, « Miam-Miam » lorsque cela goute bon, « Papa api» pour « Papa est parti au bureau». Le reste est un charabia qui se structure semaine après semaine et que je déchiffre de mon mieux. L’homme s’y perd souvent. Il s’étonne toujours de voir comment je peux facilement la comprendre. Personnellement, vu les jours perdus dans mes étranges monologues, je ne m’en étonne plus! Je suis en phase de devenir télépathe bambin! Mais je le confesse parfois les journées sont longues et arrivée en fin d’après-midi, je cale un peu, mon monologue fatigue et je me découvre un sérieux manque de conversation comme en témoigne ces images…
Mise en contexte : Lily-Soleil me fait savamment la jasette bien installée dans sa poussette de poupée. En théorie, il lui est interdit de monter dans cet engin qu’elle ne doit que pousser! Son père est assez rigide sur le sujet! En pratique, quand le chat n’est pas là, les souris dansent dit le dicton! Majoritairement je fais front commun avec l’homme car je sais qu’un bon esprit d’équipe nous aidera dans l’aventure parentale que nous vivons. Cependant, ce n’est pas le maître incarné et il faut bien qu’il y ait quelques exceptions aux règles établies! Dans ce cas-ci la demoiselle m’explique comment c’est cool d’être dans la poussette de poupée, que ce serait encore plus cool d’y être dehors et que si j’étais vraiment cool, je nous sortirai sur le champ!!! Ou un truc dans le genre, c'est pas clair-clair...
Je la laisse s’amuser de la sorte tout en la surveillant de loin. Je la laisse jouer et expérimenter, elle est relativement prudente, je fais mon possible pour ne pas l’encourager et j’essaie de la réprimander même si sur ce coup là, cela ne marche absolument pas! Je ne me demande pas pourquoi! Je sais qu’elle sait que je me fous un peu de cet interdit en question. Les enfants aussi sont télépathes! Dans un cas comme celui-ci l’homme sait aussi que je n’en fais qu’à ma tête, qu'au lieu de rugir, je documente l’impertinence! C’est plus fort que moi! Je suis déjà assez rigide sur toutes ces petites choses du quotidien auxquelles il faut tenir pour arriver à une certaine harmonie « parent-enfant », je ne vais pas en plus lui « casser son fun » innocent juste pour le plaisir d’être parent! Peut-être est-ce que je joue un peu avec le feu, peut-être pas…
Dans un prochain épisode bambin, Lily-Soleil bourreau de chatons…
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