Grandir...
Lorsque je ne me suis pas séparée de l’enfant durant plusieurs semaines de suite, la sensation de déchirement à la voir partir ne serait-ce que quelques heures est perturbante. La sensation d’ultime solitude qui embrouille mes ondes est immanquable. Les sentiments qui me parcourent sont un fouillis d’émotions aussi diverses qu’extrêmes. Je ressens un manque intense comme si j’étais droguée d’elle. Je sais que je suis accro.
Elle passe la journée chez sa Mère-Grand. Le soleil se lève avec un petit matin au ciel d'azur. Je lui cache mes angoisses maternelles tout en la préparant gaiement, je l'habille joliment, partir avec son père plutôt que de le regarder partir lui fait plaisir. Je sais qu’elle est contente d’aller voir sa Mamie. Je sais que je ne lui manquerai guère et j’en suis heureuse. Je lui renvoie son sourire lorsqu’elle disparaît dans les bras de son père en me faisant « bye-bye » de la main par dessus son épaule…
Seule, je gère ce manque acide qui me gruge l'estomac, inutile de le raisonner, il n’est composé que de sensations passionnelles. L’accepter, l'avaler et le laisser passer. L’intégrer à de nouveaux repères, retrouver quelques repères individuels. Apprivoiser les nouvelles habitudes. J’ai appelé la gardienne la semaine dernière. Pauvre Manon qui m’explique qu’en désespoir de cause, ne trouvant aucun enfant à garder au village, elle a accepté un remplacement à la garderie où elle travaille à temps plein pour tout le mois d’avril. Je ne peux que sourire devant l’ironie de l’univers. À moins que ce ne soit l'envers de la loi de l'attraction qui fait fureur dans l'air du temps présent. «Elle opère tout le temps, c’est quelque chose que je veux, que je ne veux pas, la loi de l’attraction est subconsciente». Michèle Cyr
Manon m'offre ses services pour le mois de mai. Nous passons une entente, un jour par semaine à partir du mois de mai. Je sens son incertitude devant ma nouvelle certitude. Je sens ma certitude me brûler les entrailles. Mais ma décision est prise, l’homme est content, j’accepte l’inévitable, j’accepte de me détacher un petit peu de l’enfant. Aller par-ci par-là chez sa Mère-Grand, c’est plus facile, mais la grand-mère en question n’est pas toujours disponible, elle vit sa vie, alors qu’un jour par semaine chez la gardienne, toujours le même, c’est officiel…
Dans mes courriels ce matin, la newsletter mensuelle d’un site de jeune maman qui m’informe sur les sujets reliés aux développements bambins. Celle-ci est la dix-huitième. J’y apprend la phase de rapprochement : « Entre 18 et 24 mois, le comportement de l’enfant se caractérise par deux phénomènes particuliers : le fait qu’il porte une grande attention aux faits et gestes de sa maman et une succession de mouvements de rapprochement et de l’éloignement de l’enfant par rapport à sa mère. En effet, il tente de trouver sa place par rapport à elle, de se positionner en tant qu’ « autre ». Vers 20 mois, l’enfant est en général capable de trouver la distance idéale entre lui et sa maman. Les progrès du langage, les jeux symboliques et l’intériorisation des interdits contribuent fortement à cette nouvelle étape. L’enfant est à présent capable de supporter les attentes et les frustrations et se sent intérieurement en sécurité. »
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