mercredi, décembre 07, 2005

Leave a Comment
Dans le ruisseau de mes mots

Bébé charme. Lily-Soleil enchante tous ceux qu’elle rencontre sur son passage. Son regard marin fait fondre les plus durs. Ses fossettes réjouissent les âmes souples et ses risettes coquines ensorcellent les plus sensibles. Petit bébé qui illumine la grisaille et réconcilie les querelles familiales. Dans la perspective de sa lumière « chérubine », mes déboires physiques prennent une autre dimension et même si mes maux refusent de s’amenuiser, je les assassine sous ses sommeils sereins…

Durant des années, alors que je combattais mes démons en des univers urbains, j’ai abusé de mon corps, inconsciente de ma chance, je l’ai privé, malmené, dénigré. Inconsciente du bonheur de ma beauté, je l’ai effacée sous une montagne de perfectionnisme inutile. Et aujourd’hui, je me demande si je n’ai pas une leçon à tirer de toutes ces complications qui m’aspirent le bout des os, qui étouffent ma réalité. Je me demande alors que je me repose sagement en mes draps retrouvés ce que je peux retirer de tout cela. Alors que je suis alitée mon esprit fait des tours de raisons. Entre deux souffles de codéine pour soulager mes peines, je me dis que lorsque j’aurais retrouvé ma forme et mes formes, je serais moins dure envers ma pauvre chair. J’essaierai de mieux apprécier ce que la nature m’a donné.

Déjà lorsque je me suis retrouvée paralysée à 13 ans, j’avais essayé de tirer quelques leçons de cet étrange destin. J’avais appris que la vie ne tenait qu’à un fil et que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain. Qu’il fallait vivre dans sa vérité pour ne rien avoir à regretter. Qu’il fallait essayer de devenir ce que l’on voulait être et non pas l’image de ce que les autres pensait que l’on devait être. C’est toujours ce que je me suis toujours efforcée de faire depuis…

Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. À chaque épreuve de ma vie, cette petite phrase m’a aidé à accrocher le poids des jours difficiles à mes savates glissantes. Dans le passé de ma vingtaine, mes souffrances furent principalement intérieures. Mon cœur saignait, mon sang se révoltait, mon esprit brûlait. Parfois j’ai cherché à m’auto-détruire car ces souffrances attisait mes feux internes. Avant de réussir à m'effacer, je me suis reprise en mains. Dans la solitude, je suis partie à la recherche de fils d’équilibres pour m'y déposer les pieds.

Puis Juan est entré dans bulle, sans invitation, il en a pris possession. Il a recollé mon cœur brisé de ses sentiments puissants, apaisé mon âme de ses paroles sages, cicatrisé mes blessures de ses doux baisers. Au cours des années qui se sont déroulées, de nombreux obstacles sont venus entraver notre chemin, mais à chaque fois nous les avons traversés sans nous déchirer grâce au dialogue et aux compromis mutuels.

Juan a le diabète qu’il promène en ses veines. Une maladie chronique qu’il doit affronter du réveil au coucher et qui a même le pouvoir de déranger ses songes les plus profonds. Mais il possède aussi cette force de vie qui m’hallucine. Ce besoin de se dépasser, d’avancer malgré l’adversité, besoin de se construire. Il combat avec passion cette destruction que chaque humain trimballe en ses gènes. Il soigne ses faiblesses sucrées sans les cristaliser. Il m’apprend que la vie vaut la peine d’être vécue, que j’ai aussi le droit d’exister.

Il m’a donné ce magnifique bébé qu’il aime tant tout en continuant de me chérir. Et maintenant que je suis malade, livide comme l’hiver qui enserre le jardin, il me soutient même lorsque je suis bien chiante. Lorsque je me plains, je déprime, me lamente ou pleurniche, il m’enlace, me caresse, me réchauffe. Il est là pour accompagner mes douleurs, encourager mes espoirs et je réalise aujourd’hui que je veux vivre encore pour lui et ce bébé qui sourit aux anges. Que je veux vieillir pour la voir grandir. Que lorsque la santé fait défaut, cela remet la vie en perspective.

Je regarde mon beau bébé sans oser m’avouer qu’elle est si jolie de peur qu’il ne lui arrive quelque chose. Elle est si douce et gentille. C’est un miracle jaillit de mes rêves les plus fous.

Hey-Mummy

Je découvre cette peur de la perdre. Cette peur de me retrouver plongée dans l’obscurité, si soudainement par malheur, ils devaient disparaître de mon existence. Je découvre cette sensation de bien-être lorsque je les regarde être ensemble et que je trouve ma place dans l’image de bonheur qu’ils me renvoient. Mon cœur se remplit d’Amour et je cherche au plus profond de mon être la force pour combattre ces maux qui me claquent!

Dans la fatigue, je cherche le ruisseau de mes mots pour m’y laver les entrailles. Car malgré tout, je dois écrire pour subsister. Écrire pour batailler, pour ne pas sombrer, pour être en phase avec moi-même. Besoin de laisser glisser les phrases entre mes doigts. Je dois écrire pour espèrer un jour trouver les fleuves de ces romans qui me hantent le sang. Mais en attendant, je me baigne dans n’importe quelle piscine que je trouve sur mon passage. Écrire et aimer sont les deux ambitions qui me donnent le courage d’exister en ce monde que je peux trouver insupportable si je le regarde en détails.

Pour ne plus me révolter, j’ai choisi de m’exiler, de me retirer là où la nature est reine pour me laisser porter sur sa traîne. J’ai besoin de la nature pour respirer, elle est l’oxygène qui alimente ma chair. Grâce à elle, je peux supporter les travers de l’humanité, supporter d’en faire partie sans avoir envie de me supprimer. Chercher le meilleur de moi-même, le meilleur des univers qui m’entourent. Regarder le bon pour effacer le pire sans pour autant l’oublier, simplement m'en éloigner...

Dehors le vent souffle des –20 degrés. Une minute, je me suis arrêtée devant le lac qui se gèle. J’ai ouvert grand les yeux pour attraper une once de forces, quelques gouttes de courage, puis j’ai laissé Juan me rentrer en mes pénates où je dois m’allonger pour réparer ma peau en morceaux. Bébé charme la madame (qui me répète combien elle adore le calme coquet de notre cabane) venue soulager ce quotidien difficile. Je me repose le corps et vide ma cervelle de ces mots qui l’engorgent.

Going-Home-II

Laisser le temps panser mes plaies. Laisser le temps s'écouler. Je sais que certains jours je suis blanche comme l’hiver. Retrouverais-je mes couleurs avant que ne revienne le printemps?

0 commentaires: