Fatigue extraordinaire et jours de pluie
Des journées entières de pluie pour dormir comme un loir et récupérer de la fête passée. On pourrait presque dire que le temps fait bien les choses! Merci tempête tropicale Arlene de déverser tes restes sur nos têtes, de nous plonger dans cette semi pénombre tout à fait adaptée à mes songes. J’apprends donc à respecter cette fatigue qui crée la vie en mon corps étonné. J’apprends à l’apprivoiser, à la gérer, à ne pas trop lui en vouloir de m’aspirer mes journées. Après tout ce n’est pas la fin du monde, juste un peu de retard dans mes écrits, dans ces histoires qui se languissent, dans mes réponses de courriels et dans toutes ces petites choses qui attendent patiemment que je me réveille de la cervelle…
Par contre, il y a ce Cv que je dois absolument fignoler et qui me rebrousse le poil, cette lettre de motivation que je dois préparer pour un contrat référé par Miss Didine qu’il me plairait de décrocher (faire cela d’ici lundi). Mettre toute mon énergie de ce coté des choses, finir ces quelques traductions en attente, finir de ranger mes photos de Tadou.
Demain rendez-vous à l’hôpital pour résultats des tests sanguins, inscrire bébé à ce programme pilote pour rejeton de parent diabétique. Espérer que tout se passera bien. Petite Clo de passage en fin de semaine, petite Clo qui croise les doigts pour revoir le soleil et avoir une chance de se plonger dans le grand lac avant de devoir disparaître dans les landes hexagonales de son paternel. Essayer de ne pas avoir mauvaise conscience de vivre la moitié du temps au ralenti. Respecter les besoins de mon corps que j’ai un peu poussé en fin de semaine dernière pour le baigner dans un climat de musique intense.
D’ailleurs à Tadoussac, j’ai vu trois femmes enceintes, trois femmes différentes avec chacune des vibrations particulières. J’en ai rencontré une au passage (la dernière) qui m’a fait le plus grand bien. La première était une hippie pure laine rasta à l’appui, avec copain non loin et un petit blondinet comme gamin qui semblait bien épanoui. Elle promenait avec fierté son bedon dénudé et Papa trimballait le gamin sur son dos. Ils rayonnaient de simplicité volontaire et de liberté bien consommée, l’on s’est souri en se croisant, j’ai pensé qu’ils étaient émouvants. Et puis il y a eut celle qui ressemblait à une baleine hors de l'eau, triple menton à l’appui, celle-ci ne m’inspira guère, surtout lorsque je la remarquai tard dans la nuit, verre de bière à la main et l’air sacrement éméchée. La bedaine presque à terme, son allure me révolta légèrement l’âme lucide. Moi qui aie utilisé des trésors de volonté pour profiter de ce festival en toute sobriété, entourée de toutes sortes de paradis artificiels, dont certains ne sont pas toujours pour me déplaire! Ainsi celle-ci m’a subtilement écœurée, je pouvais imaginer son fœtus nager dans des vapeurs d’alcool, de fumette ou pire encore (mais là j'exagére peut-être un peu!), bref cela m’a peinée! Enfin, chacun fait bien ce qu’il peut de sa vie, right!?! Qui suis-je pour juger les attitudes d’autrui comme me le fait gentiment remarquer ma moitié à la morale d’or. C’est avec raison, après tout cette fille ne me regardait pas mais Dieu qu’elle ne m’inspira point!
Le lendemain matin ou plutôt le lendemain aux abords de midi, sur la terrasse de ce petit café nommé « La Bohème » repaire central des artistes et festivaliers épuisés, mon regard tombe sur la table d’à coté où une très jolie fille, la bedaine épanouie sirote son chocolat au lait et son jus de fruits. J’aime ce qu’elle dégage et je l’accoste doucement tandis que j’attends ma salade césar. Je lui demande à combien de temps elle en est. Elle me répond, gentille et souriante, nous engageons une conversation typique de femmes enceintes. Elle m’apprend qu’elle est à huit mois et demi, qu’elle a senti son bébé se retourner pendant un concert, qu’il est prêt à faire son entrée dans le monde. Elle est d’une sérénité qui me désarçonne. Elle m’apprend qu’elle accouchera avec une sage-femme, qu’elle n’a fait qu’une seule échographie et que c’est son deuxième. Je lui partage ma peur d’accoucher, elle me conseille entre autres choses un livre d’Isabelle Brabant (que je vais me faire un plaisir de dénicher), elle est douce comme une pleine cuillère de miel et jolie comme une rose, la bouche en cœur, le regard d’azur, elle me charme les idées. Elle m’explique les principes qu’elle a de faire confiance à son corps et ses paroles résonnent en moi comme une volée de cloches divines. Elle m’inspire, me rassure, je me retiens pour ne pas l’embrasser et me contente de la remercier chaleureusement…
Depuis je réfléchis à ses sages paroles et me rends compte de leur justesse. Plus que jamais j’essaie d’écouter mon corps, de lui faire confiance, de croire que c’est encore là que le bébé est le plus à l’abri. Tant que je continue à manger de façon équilibrée, à faire de l’exercice aussi souvent que je peux et à ne rien faire qui puisse mettre en danger son bon développement, je dois faire confiance à cette vie qui se déroule en moi. Accepter mes facultés affaiblies, accepter ces transformations que mon corps subit et laisser couler les ruisseaux du temps avec quiétude et espérance. Tout un défi pour ma petite pomme anxieuse…
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