Caprice féminin aux subtilités divines

Voilà c’est décidé! Avant d’accoucher, je veux passer devant le curé! Je sais pas trop pourquoi mais cela me rassure. J’ai besoin d’une bénédiction divine! On va donc faire abstraction du nouveau pape, abstraction des folies religieuses, abstraction des hommes, pour simplement se concentrer sur l’essence spirituelle de l'acte. S’il y avait un temple bouddhiste dans le village, je voudrais bien une cérémonie bouddhiste, mais comme ce n’est pas le cas, on va rester dans la culture locale et traditionnelle pour procéder avec cette petite chapelle romantique en face du grand lac. Juan a finalement capitulé à mon caprice! Il n'en voit pas vraiment l’intérêt puisqu'il a déjà signé et se sent en son coeur on ne peut plus marié, mais comme il aime me voir heureuse, il pris la peine de comprendre mon besoin. Et oui, en effet, ceci ferait mon bonheur! Après tout, je suis quand même en train de lui fabriquer un enfant. Ce n’est quand même pas de la petite bière, j’en vois de toutes les couleurs pour ce faire! Parfois il me souffle à l'oreille lorsque je suis trop effrayée "Merci de me faire ce bébé", ou encore "Je suis heureux que tu sois la mère de mon enfant" et je manque de fondre de tendresse sur le champ. Pourtant Dieu sait que je vis multiples peurs étranges et angoissantes. Ainsi j’ai besoin d’ivoire, de blancheur et d'invisible.

Dans mon idéal, je me remarierais tout les cinq ans. Après l’église, Vegas pour la folie de l’amour et de notre temps disjoncté. Cinq ans plus tard sous les tropiques pour la chaleur de la chose et ensuite, je n’y ai pas encore assez réfléchi peut-être nudiste (mais faudrait qu'on soit sacrément bien conservé!!!) ou alors bouddhiste à Dharamsala (d'ici là on aurait peut-être les moyens d'y aller)! Aprés tout, il y a assez de gens qui divorcent en nos sociétés occidentalisées pour que si l’on s’aime encore à chaque fois que l'on passe le cap des cinq ans, pourquoi ne pourrait-on pas retrouver l'idée de se marier et la concrétiser?!? Je sais, je suis un peu fofolle sur les bords (et parfois les cotés), mais ce n’est pas grave, il paraît que c’est comme cela que je lui plais…

Cinq ans après la cérémonie civile en France, on va donc passer devant l’autel! J’ai contacté le curé du village qui ne passe par là que quelques dimanches donnés et pour les mariages d'été. Il semble très gentil. Il m’a trouvé très mignonne car n’est-ce pas une bonne raison que de vouloir se marier avant d’accoucher? Évidemment, pour Juan on l’est déjà! Je suis d’accord que devant la loi des hommes, nous le sommes! Cependant n’ayant pas de père et cette seule notion vague d’un paternel invisible résidant quelque part dans le ciel, j'aimerais bien que celui-ci me donne sa bénédiction avant d’enfanter un rejeton. C’est mon coté « vieille France » qui se réveille entre deux cauchemars débiles! Et puis le romantisme de la chose m’attire inexorablement, me marier à l’église avec un gros bidon, je trouve cela très mignon. Nous avons la chance de nous unir par amour non par raison ou obligation, j'aimerais beaucoup célébrer une autre fois cet amour qui a créé la vie en moi. C’est aussi l’occasion pour ma petite sœur d’être présente et de faire une grande fête avec nos amis d’ici. J'espère que bébé restera bien accroché d'ici là...

Ce que je commence à réaliser c’est que je vais avoir bien des choses à organiser. Des dizaines d'invitations à envoyer! Comme nos moyens sont minimes, cela va sûrement ressembler à notre cérémonie civile, pas mal bohème, une touche romantique et surtout à la bonne franquette dans la forêt enchantée! Pour la cérémonie civile, notre thème était médiéval et anti conformiste. Le maire nous a fait tout un discours sur notre joie de vivre à conserver et les autres mariés nous ont regardé comme si l’on débarquait tout droit de Mars! La fête s’est poursuivie dans une vieille tour de château en ruine illuminée de dizaines de torches et bougies avec passages souterrains à explorer au creux de la nuit….

À suivre...