Histoire de neige
Aujourd'hui l’homme avait un examen, je l’entends partir aux petites heures du matin. Je me réveille doucement avec le vent qui tourne et s'essouffle autour de la maison. Une tempête est sur nos têtes. Je ne sors pas de la chaleur de mon lit. Je plonge dans les dernières pages de mon livre, confortablement installée entre deux oreillers. J’entends du bruit dans le jardin. Quelqu’un déneige les escaliers de l’entrée! Sans prendre la peine de m’habiller, je me lève pour investiguer ce bruit dans mon silence enneigé. C’est l’homme et sa pelle! Il entre et me dit :
- Aille, c’est débile dehors! Je me suis rendu difficilement jusqu’à la 40, mais arrivé en bas, dans le couloir de vents de la mort, j'ai pas été capable de continuer! Tu sais là où cela souffle toujours terrible! Le vent était si fort, qu’il a poussé la voiture sans que je puisse la contrôler! J’ai décidé de rebrousser chemin. En plus, en même temps à la radio, ils disaient que même si la 40 était praticable, toutes les sorties étaient bouchées! Pis y'a déjà eu une centaine de sorties de route! C'était intense! Je me suis rappelé la tempête de l’année dernière! J’ai écouté mon bon sens, je suis rentré!!!
Déjà l’année dernière, il y avait eu tempête lors de ses examens! Il va voir sur le forum de son cours pour découvrir plusieurs messages de personnes n’ayant pas osé braver la route et ses dangers. Il reprendra son examen avec ceux qui n’ont pu se rendre en ville aujourd’hui! Vu le temps qu'il fait, cela n'est pas bien grave. Il me dit tendrement en caressant ma nudité offerte.
- J’allais quand même pas risquer ma vie ou le char pour un examen!
J’acquiesce et regarde par la fenêtre l’univers de neige qui nous absorbe. Cela continue de tomber. Le ciel est dense. La forêt nous protége des énormes bourrasques de vent qui entraînent le jour dans une immense « poudrerie ». L’air est doux, il fait à peine –5, je m’habille, enfile mes bottes de Yeti et sors dehors voir quelles images je pourrais bien attraper! Je m’amuse entre les flocons. Tout est silencieux, immaculé…
J’aperçois les voisins qui pellètent. Je m’approche pour les capturer dans ma mémoire numérique. En cadence, ils délivrent leurs autos de la neige qui les ensevelit. En moins d’une heure, à la force de leurs biceps, les hommes ont déblayé l’entrée. Je regarde mon jardin disparu sous une montagne d’hiver. Mes tournesols abandonnés me font la tête. J’essaie de m’approcher, mais m’enfonce jusqu’à mi-cuisses. J’abandonne l’idée de les réconforter…
Les arbres et les sapins ploient sous la neige qui colle à leurs écorces givrées. Chaque branche plie courageusement sous l’amas de flocons qui les recouvre. Les buissons écrasés ne sont plus que des tapis d’hiver pour oiseaux égarés…
La neige, par minuscules soupçons, continue de tomber sur la nature qui sommeille. Les hommes s’activent et leurs machines doivent arpenter chaque sentier qui sert à nos vies civilisées. Voilà débarquée la première vraie tempête de l'hiver 2004-2005...
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