mardi, décembre 07, 2004

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Fémina

FEMME. D'homo, homina, puis femina, par la substitution de la sifflante. On trouve encore foemina dans les manuscrits.

Extrait de Femmes et religions: "Dans le glossaire qu'il rédige au XIVe siècle, Pierre Bersuire explique encore que foemina est « le nom du sexe le plus mou, le plus infirme, le plus froid, le plus rusé »; étant par nature « molle » et « humide », la femme est plus prompte aux larmes que l'homme. Inconstante, les femmes sont comme « la cire fondue qui est toujours prête à prendre une forme nouvelle et à se modifier selon le sceau qui l'imprime ». Ainsi, à l'homme raisonnable et ferme se trouvait opposée la femme irrationnelle et changeante."

En passant par Chez Ebb et Hoedic, je me remémore la tragédie de Poly. Chez Laurent, je découvre la lettre du tueur en série. Sensation de malaise. J’avais seize ans ce jour là, j’étais à l’école, pas bien loin de Poly. Incompréhensible violence pour la jeune fille que j’étais. Incroyable lorsque l’on voit aujourd’hui la place de la femme dans la société québécoise. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’autres pays dans le monde où la femme soit si bien traitée, à l’égale des hommes…

J’ai toujours profité de cet état de fait, contente d’être femme du froid, sans jamais réaliser l’ampleur de ce que les féministes avaient accompli en cinquante ans. De nos jours, l’on ne ressent plus guère le besoin de se proclamer féministe, la bataille semble gagnée. Mais l’est-elle vraiment?

Il faut maintenant apprendre à fonctionner autrement et c’est certainement du coté masculin que cela grimace le plus à mon avis. Et puis c’est sans compter la ronde des divorces qui rend l’équilibre entre les genres relativement complexe. Des différences sont encore visibles, dans le pavillon des sciences par exemple. Dans les cours de Juan, les garçons font légion et du coté de mon bâtiment, celui des lettres, c’est un royaume de filles…

La semaine dernière en cours de linguistique nous avons visionné des extraits d’émissions des années 50, dont un épisode de la poule aux œufs d’or de 1957 qui me remua fortement les idées. Le but de ce petit moment de détente était de constater comment le peuple québécois avait retrouvé confiance en ses capacités depuis la révolution tranquille. Dénigré sous la tutelle anglaise, il était devenu bien complexé le petit peuple québécois isolé dans ses immenses espaces nordiques. Il avait peu d’aptitude à s’exprimer avec fierté. À part l’animateur, Monsieur et Madame tout le monde chuchotaient dans leur micro, les épaules renfoncées, le regard timide. C’était alors une population hautement rurale avec un niveau d’éducation faible de part le peu de collèges et d’universités francophones. Tous ces aspects là étaient en effet visibles dans les videos que nous avons regardé. L’on peut en effet en conclure qu’après une rébellion joual qui porta la langue dans ses extrêmes, l’on retrouve aujourd’hui un équilibre et une fierté francophone fracassée par la domination anglaise et la coupure d'avec le vieux continent. Mais ce qui, d’après moi, frappa le plus l’auditoire féminin qui remplissait la grande salle, ce fut certainement les remarques hautement machistes que l’animateur balançait à la moindre occasion…

-Ah Bonjour ma petite dame, prête à jouer?
Chuchotements incompréhensibles.
- Ah! Bien! Alors dites moi avez-vous un emploi?
Chuchotements inaudibles.
- Ah! Vous êtes à la maison! Vous ne travaillez pas alors! Chanceuse!!!

Étouffement collectif de la salle entre rire et frustration! Il est bien évident que les femmes au foyer de l’époque avec une dizaine de bambins dans leurs jupes avaient bien de la chance de ne pas travailler!!! Un exemple parmi d’autres qui ponctuèrent le fil de la conversation de cet animateur oublié dans un temps révolu, Dieu merci! Je pense que nous avons toutes reçues une petite claque dans la figure et les conversations de fin de classe tournaient autour des petits miracles qu’avaient accompli les féministes pour que nous puissions, de nos jours, avoir autant de liberté et de pouvoir dans la société moderne. Si l’on condamne souvent leur extrémisme l’on oublie peut-être aussi qu’elles partaient de bien loin! Que de chemin parcouru (autant pour la langue que pour les femmes!). Un nouveau respect de mes aînées se dessina en moi ce vendredi là…

Mais si je regarde la situation des femmes sur la planète, je me dis qu’il ne faudrait peut-être ne pas trop s’asseoir sur nos lauriers et qu’un certain combat de fond reste nécessaire pour toutes celles qui souffrent et sont abusées de part le monde. Sans oublier que l’on est jamais à l’abri du fou de service qui cogite sa misère dans un trou…

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