Mamamitude du jour...
Un petit ennui de santé bien léger en comparé à ce que j’ai pu vivre l’année qui a suivi mon accouchement m’affaiblit le corps. Enfin, ce sont surtout les trois jours de traitement qui suivent l’intervention qui ne sont pas un régal pour ma pomme! Je n’aime pas prendre des médicaments, ma petite nature se fait toujours assommer la face par les forces de la science qui lui veulent du bien!!! Ici, en compagnie de ce désagrément passager, j’ai pour me conforter un petit comprimé blanc, dérivé de morphine, qui me fait flotter en quelques douceurs artificielles. J’ai quand même coupé la dose initiale en deux, quand c’est trop fort, ce n’est vraiment pas agréable. La modération à bien meilleur goût…
La petite passe deux journées de suite chez sa mère-grand, histoire que je récupère tranquillement. J’en profite pour travailler un peu sur mes projets qui patientent. Je réalise à quel point être assis devant un ordinateur peut être reposant pour le corps d’une maman habituée à tourner autour de son enfant. Pendant ce temps, c’est la grand-mère qui trime à courir après mon petit brin de fille. En deux jours, elle se fait grignoter assez d’énergie pour demander sursis! Reconnaissante des services fournis, je reprends mon minuscule bout de femme malgré ma forme qui défaille. J’explique à l’enfant que Maman est fatiguée, qu'elle a bobo et qu’il faut être douce avec une maman "maganée". M’zelle Soleil comprend tout ce qu’on lui explique, je la vois qui considère ma condition. Je la câline, elle me caresse les joues avec tendresse. Je fonds. La matinée se passe dans un étonnant calme. Je la sens qui me ménage, cela m’émeut un peu. Avec l’automne qui s’installe, je ne peux que constater à quel point elle change, à quel point elle a grandit durant l'été passé…
Mon petit bébé n’est plus un bébé. C’est on ne peut plus flagrant lorsque j’observe « mon bébé » s’occuper de son bébé! Depuis quelques semaines, elle a commencé à jouer à la poupée, c’est une nouvelle étape dans sa vie (et la nôtre enfin surtout la mienne!). Elle couche son bébé avec attention en n’oubliant pas sa doudou et sa suce, elle lui donne le biberon. Elle l'emmaillote, elle vérifie ses couches, le berce, joue avec lui tout en imitant les comportement que nous avons avec elle. Elle se dissocie, elle grandit, elle se détache de mes jupons. J’ai un petit pincement de cœur mélangé à une fierté maternelle qui m’encercle les entrailles lorsque je la regarde ainsi évoluer.
L’homme remarque aussi que l’on s’engage dans cette nouvelle étape, il évoque pour la première fois l’envie d’un garçon et finit son petit discours par un « Ah! Ça non! On ne me fera pas jouer à la poupée, là je pose ma limite masculine!!! » bien déterminé. Je souris sans mot dire, sceptique, sachant tout l'amour qu'il porte à sa fille, je doute de cette conviction bien affirmée. De mon coté, je suis aux anges. J’étais une fillette qui adorait jouer à la poupée et je retrouve là de douces émotions qui rejaillissent à la surface de ma vie adulte. Je me plie au jeu avec le doigté d’une experte, ce qui ravit mon brin de soleil. Une semaine plus tard, je constate une douce ironie en observant Juan s’enrouler autour du petit doigt de sa fille qui le fait sagement jouer à la poupée! Amusée, je ne peux m’empêcher de remuer la fourchette dans la plaie :
- Ahah! Mais, quelle surprise! Je n'en crois pas mes yeux! Je croyais qu’on n’allait absolument pas te faire jouer à la poupée!!!!
- Bon, ben ça va... Pas la peine d’enfoncer le clou…
Je n’enfonce pas le clou davantage, je lâche le marteau. Je me contente d'en rigoler avec un soupçon de malice dans mes yeux qui pétillent. Quelques heures plus tard, la petite fait une comédie pour je ne sais quoi, une petite crisette de n’importe quoi autour de son bébé. C’est plus comique qu'énervant! L’homme s’exclame :
- Ah! Tu vois, c’est trop de responsabilité d’un coup! Elle tient pas le choc!
J’éclate tellement de rire que l’enfant en oublie sa comédie pour se joindre à nos rigolades. Cela devient même la blague de la semaine pour les parents que nous sommes et qui se rejoignent sur les mêmes longueurs d’ondes…
Mais j’en reviens à ma matinée qui se passe bien malgré ma faiblesse du jour. Arrive midi qui sonne l’heure de manger. M’zelle Soleil commence à tester le terrain de mes volontés. Je sais qu'aujourd'hui je ne possède pas mon habituelle fermeté parentale. Je la vois qui commence à s’en rendre compte. J’arrive à la faire manger correctement en faisant diversion. J’intègre le bébé à l’action. Comme elle mange tout ce que mange son bébé (qui n'a pas beaucoup d'estomac le pauvre!), plutôt que de m’énerver sur son cas, je m’applique à bien faire manger le bébé, ce qui a pour résultat de lui faire finir son assiette sans anicroche. Un point pour la mère qui se décarcasse!
Arrive l’heure de la sieste qui se révèle plus ardue. Dans ce cas-ci, la poupée a beau dormir tout son saoul, ce n’est pas le cas de ma fille qui s’enivre de liberté! Je plie, je la sors de son lit. Me voilà aux prises avec une petite fille qui a compris que je n’ai guère de pouvoir de discipline dans le moment présent. Un petit bout de fille qui en profite pour tester les limites maternelles en déconfiture. Je la vois qui se sauve pendant que je passe l’aspi. Je la rattrape sur le balcon. Elle éclate de rire lorsque je la trouve. Hum! Maman perd du terrain. Je finis de passer l’aspi tout en la voyant se sauver sur la pelouse. Je la retrouve en pleine crise de rire. Ah! Oui, c’est quand même drôle de se foutre de la poire de sa mère! Un point pour l’enfant. Égalité. Je la laisse jouer un peu avant d’essayer de reprendre ma routine en main. Je comprends bien qu’elle se rend compte de ma faiblesse mentale. C'est un instinct naturel de l'enfance.
Je n’aime ni les cris ni les pleurs inutiles. J’essaie toujours de trouver des solutions pacifiques à ces minuscules conflits. D'ailleurs elle ne fait jamais de crises infernales. Nous avons de la chance, pour l'instant, pas de grosses révoltes en notre maison. J'ai déjà plus d'une heure de retard sur le cours de la routine. Je prends le téléphone et j’appelle Juan à la rescousse, un peu d’autorité paternelle au bout du fil ne peut faire de mal là où je suis rendue. J’en profite pour la remettre au lit pendant que son père lui explique un peu la vie. Je raccroche une fois sortie de sa chambre. L’homme me souhaite bonne chance. L’enfant conteste, elle me teste, elle m’appelle pour un oui pour un non. Je sens que je vais flancher. Avant de craquer, j’en appelle alors à sa raison. Je rentre une ultime fois dans sa chambre et après avoir interagi avec elle quelques minutes, je lui explique calmement la situation :
- Lily, là, c’est assez, c’est l’heure du dodo maintenant et tu le sais! Même si tu m’appelles encore, je ne reviendrai dans ta chambre qu’après le dodo.
Moue insatisfaite derrière sa sucette. Je poursuis en essayant de concentrer toute ma fermeté dans le même élan verbal…
- Je suis très sérieuse M’zelle Soleil, je ne reviendrai pas si tu m’appelles. Juste après le dodo…
Je sors de la chambre. Perplexe, j’attends la suite, je n’entends rien d’autre qu’un silence royal. Pas un geste, pas un son, l’enfant s’endort enfin. Je prends ma dose de pilules magiques et je vais me reposer un instant…
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