Le mystère Facebook résolu…
Tout a commencé par une invitation de Houssein. N’ayant pas trop le temps de m’y pencher, je ne me suis pas inscrite. J’avais entendu parler de cette nouvelle tendance virtuelle mais je n’en voyais pas du tout le but. Puis Looange m’a invitée. Je me suis rappellée de l’invitation d’Houssein, comme j’avais un peu plus de temps ce jour là et que ce sont deux personnes auxquelles je fais confiance, je me suis inscrite…
Je suis entrée là-dedans sur la pointe des pieds, ne voyant toujours pas ce que ce truc pouvait m’apporter. Je sais, c’est supposé être le nouveau réseau à la mode, celui qui fait de plus en plus d’adeptes, celui qui fait tourner les têtes. Tout ce que je vois en y entrant c’est une sorte d’hybride entre la blogosphère, Flick, Youtube. Rien de neuf sous le soleil! Non vraiment, je ne capte pas. J’y croise mon amie Ves, cela me fait plaisir de la retrouver là. Je découvre que c’est une adepte. Sceptique, j’erre un peu dans cette autre sphère. En deux temps trois mouvements, j’y rencontre Lara. Une chère amie d’antan vivant au Liban. Je la contacte. Elle me répond sur le champ, m’expliquant qu’elle me cherche depuis des années sans arriver à me mettre la main dessus. Subitement, je suis si émue que mon cœur s’emballe. J'apprends qu'elle est enceinte, mon coeur se réjouit. Je lui répond rapidement et s’enclenche alors une nouvelle relation, hors du temps, sans le savoir je viens de me faire prendre. Facebook vient de planter sa première graine.
Dans la suite des choses, je retrouve mes amis montréalais, ceux-ci utilisent l’outil de communication avec entrain. J'avais perdu la trace de certains, et du fond de mon village, je ne voyais que rarement les autres. Je réalise qu'il est bon de se récréer un espace distinct où interagir malgré la distance, malgré nos vies qui ont bifurquées dans toutes les directions. Je ne suis toujours pas sure de la pertinence du truc, mais je m’y laisse glisser. J’y laisse entrer quelques blogueurs triés sur le volet, de ceux que je côtoie depuis des années, de ceux que je pourrais rencontrer avec plaisir. Tous les autres "amis" de ma bulle privée ne sont que des gens que j’ai déjà connu en chair et en os. J’ai une quinzaine d’amis. J’y vais de temps en temps, je remarque d’autres gens en périphérie de mes amis, d’autres gens avec qui j’ai « relationné » à un moment donné de ma vie. Je commence à comprendre que c’est bien pratique pour rester en contact avec ces amis rendus si loin de nos réalités. Cela rétrécit les distances. Un petit mot par ci, une photo par là, une pensée partagée, de nouveau l’on peut échanger, comme par le passé, comme lorsque nos vies s’interliaient en un quotidien commun.
Au fil des semaines, j’y vois arriver deux copains de Québec. La mode roule sa bosse dans l'air du temps. Ves passe la fin de semaine en ma compagnie. Le temps maussade et pluvieux nous consigne à l’intérieur. Durant une sieste de l’enfant, elle m’entraîne dans cette sphère virtuelle. Ves a plus de 80 amis.
- Mais tu les connais tous?
- Oui, je ne prends pas les invitations des inconnus…
- Mais tu les as tous rencontré en vrai?
- Ben oui…
- Et ils sont tous sur Facebook ?!?
- Mmmm...
Ves s’amuse de ma pomme. Elle m’entraîne plus profondément dans cette bulle virtuelle. L’on va voir les profils de nos amis d’antan et d'aujourd'hui, l’on devient toutes guillerettes. L’on a de nouveau 20 ans. On laisse un signe par ci, un mot par là, les amis nous répondent, l’une en profite même pour nous passer un coup de fil. L’on s’amuse comme des petites folles sous l’œil épaté de Juan qui nous observe par-dessus son écran. Ves me pousse à reprendre contact avec d’autres amis communs. Sous sa gouverne, je me laisse faire. Juan sourit dans sa barbe. J’ai maintenant vingt amis sur Facebook. Les connections s’enchaînent. Les émotions se font la fête. Sans m’en rendre vraiment compte, je recolle des petits bouts de moi en retrouvant toutes ces personnes en lien avec mon passé. Un passé qui se projette désormais dans le présent sous une forme virtuelle. C’est marrant et étrange à la fois. Cela me trouble et en même temps je sens que je me fais happer.
Ce qui est particulier la-dedans c'est le coté "privé-public" du concept. Ma page est privée mais une fois dedans, c'est quasiment une place publique. Toutes mes actions sont répertoriées, enregistrées dans un fil qui se déroule sous les yeux de ceux qui y ont accès. C'est très intéractif. C'est conçu d'une telle façon que cela bouscule un tout petit peu mon intimité! Je trouve cela bien plus intime que mon blogue. Je décide de prendre le fil en main, j'efface quelques actions, j'en garde d'autres, je prends le contrôle...
Je sais pourtant bien que c’est un autre "avale-temps", que l’on est constamment bombardé de virtualités qui nous font évoluer en ce futur un peu bizarre, surréaliste. Je sais que je devrais mieux écouter mon petit génie du ménage qui est devenu chauve à force de s’arracher les cheveux mais l’attraction informatique est plus forte que la raison des ancêtres. J’entends parfois chuchoter la voix des ancêtres, une voix qui ne comprend rien à ces nouveaux mondes que j'explore. Les blogues, les photos numériques et tout le tralala les dépassent. Cette voix murmure dans les silences de ma tête : « Mais, est-ce que les gens ne se voient plus jamais en vrai pour parler, échanger et rigoler ? Y'a plus de photos que l'on peut tenir dans une main? pourquoi tant de monde passe tant de temps devant un écran ? Un écran pour travailler d'accord, un écran pour se divertir passe encore, mais est-ce que pour faire du social, il faut maintenant se retrouver aussi devant l'écran ? Mais où sont passés les bistros et les bancs publics ? Où s'en va l'humain des temps modernes ? »
Je m’enfonce davantage dans l’univers de Facebook. J’y découvre alors les applications diverses. Il y en a des dizaines et des dizaines, toutes sortes de petits trucs qui ne servent à rien mais divertissent l’humain seul devant son écran. Poof, j’ai un jardin et je peux y planter des fleurs, mes amis aussi. Hop, de la musique en ligne, tiens pourquoi pas une carte de tarot par jour? Horoscope chinois, allez j’embarque, et un « cookie fortune » pour ma page principale! Là, je commence à réellement comprendre l’attrait invisible de ce petit monde. On peut passer des heures à personnaliser le truc. Ainsi non seulement je copine en un clin d'oeil mais en plus il y a plein de petits jeux niaiseux pour colorer et détendre l’atmosphère. Je peux offrir des cadeaux virtuels à mes amis qui m’en offrent aussi, ah tiens! Je peux savoir leur degrés de compatibilité avec ma pomme selon l’astrologie chinoise! Ou je peux simplement leur souffler un sourire, partager une photo, donner un signe de vie. Je peux prendre de leurs nouvelles sans bouger de ma chaise, apercevoir ce qui se déroule dans leurs réalités respectives, découvrir les frimousses de leurs enfants, ce qu'ils font de leur présent, c’est quand même trippant!
D'ailleurs pour illustrer ces troublantes sensation, je partage ici une vidéo de mon amie Tanya qui vit désormais en Turquie. La dernière fois que j’ai vu Tanya en chair et en os, j’avais à peine plus de vingt ans. Nous nous rencontrions en nos "montréalités". À l'époque Internet n'existait même pas! Durant quelques temps nous nous sommes bien amusées ensemble, nous avons partagé nos essences spirituelles, nous nous sommes découvertes puis nos horizons ont changé et nos chemins ont pris différentes directions. La retrouver après toutes ces années plus mûre mais pareille, égale à elle-même, m'a enchanté. C'est l’un de ces petits bonheurs qui m’ont imperceptiblement accroché l’esprit à Facebook. Tanya est poète. Tanya vibre de l'intérieur. Je la retrouve artiste épanouie. Comme autrefois, j'apprécie la beauté de ses vibrations, je me laisse bercer. Tanya dance. Elle atteint une transe que je ne connaîtrai jamais mais qui me donne des frissons d'émotions. Je la regarde tourner de plus en plus vite et mon cœur s’emballe…
Maintenant que je comprends mieux les tenants et les aboutissants de cette tendance qui fait ravage parmi mes pairs, je vais faire quelques efforts pour me tenir à une certaine distance, pour ne pas trop me faire aspirer par la mode, pour ne pas devenir dépendante de cette contagieuse virtualité, pour maîtriser l'infection de la machine. Pour ce faire, je vais contrôler le temps que j'y consacre. Je ne vais pas y penser trop souvent, je vais continuer d'étudier le concept sur le coté et je vais voir si ceci peut s’intégrer en un mode de vie réaliste, si cela tient la route à long terme. Les paris sont ouverts…
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