Entre silences et méditation
Plongée dans un étrange marasme, je m’évapore les émotions dans un silence d’or. Je me recroqueville dans ma coquille sans mot dire. Je m’éloigne mentalement de cette humanité qui me dépite. De ces gens, pas assez loin, qui me font ressentir le pire et qui aiguisent mes nerfs révoltés. Je laisse flotter les nuages gris au-dessus de ma tête. Tombe la pluie sur la nature assoiffée, repliée sur moi-même, je laisse couler le temps sur mes sentiments blessés. Insomnies. Dans les tempêtes de mon cerveau, je rame à la recherche de calme, en quête d’une éclaircie, avec l’espoir du soleil qui brille au fond de mes entrailles…
Pour la bonne cause, je me transforme en maman féline. Les petits demandent du temps, de l’attention et des tétées régulières. Je materne ces p’tites bêtes fragiles qui se pendent à ma peau pour survivre. Émouvante expérience animale. Piaillements d'oisillons. Orphelins, ils pleurent leur mère, je peine avec eux, ensemble, l’on se tourne vers un autre temps, un autre mode. Hypérion paraît triste lui aussi. Il se fait plus câlin, il n’y comprend rien! Si jamais il devait disparaître, ce serait la guerre déclarée pour le voisinage, de cela je suis certaine…
Petits maux de femme en cloque. Petite Clo venue en visite quelques jours pour me redonner des sourires. Baignades et bouffées de tendresse fraternelle. Humeurs de dame enceinte, Petite Clo s'inquiète entre deux phrases, ces derniers temps, je cours moins après les couchers de soleil, je ne la fais pas tourner en bourrique avec mon appareil, je chasse moins les images estivales.
Je bois la tasse mais je m’efforce de ne pas couler. Je voudrais croire que l’on peut façonner des morceaux de bonheur dans un monde qui penche perpétuellement vers le chaos. Il y a du bon dans le ciel, à cela je crois. Lorsque sur Terre la cruauté règne pour entacher de désespoir des réalités quotidiennes, les entacher de façons plus ou moins stupides, plus ou moins misérables, plus ou moins douloureuses, selon les régions, les continents, les cultures…
Un collègue d’université tout frais sorti de son Afrique natale à qui Juan raconte nos péripéties félines s’exclame ces mots : « Ici, il se passe toutes sortes de choses qui je le croyais n’arrivaient qu’à la télé ! » Curieux, l’homme s’enquiert de ces choses irréelles pour l’esprit de son ami, et celui-ci de lui répondre : « Ben, comme nourrir des chatons au biberon ou coucher avec une fille le premier soir que tu la rencontres! »
Entre deux parenthèses humaines, parfois mon moteur cale, mais toujours la vie se rebelle, dans la grisaille, des gouttes d’espoir viennent faire repartir le cœur de mon existence. Espoirs de bébé heureux et en santé. Espoirs de mari aimant et présent. Douceurs de coeurs d'inconnus sensibles.
Un cousin revenu de loin me parle édition, éditeurs, il pousse mes inspirations en panne. Là bas de l’autre coté de l’océan, un homme me conte l’espoir à sa manière, différente, il rassure quelque chose d’inconnu au fond de mon sang. En un présent invisible qui se palpe sur un clavier, les mots voguent par delà les mers. Il souffle sur mes braises et me donne avec des lignes de poésie savamment choisie, un souffle qui alimente mon feu intérieur. Quelques étincelles éblouissent mes malaises et les flammes renaissent avant que les cendres ne les étouffent
Une dame sortie de nulle part me lâche un contrat de traduction. Les traducteurs en vacances désertent les cabinets des mots, une porte s'ouvre du néant. Un petit contrat pas des plus inspirants, mais évocateur de quelques sous pour illuminer de divers rayons la dèche de mes jours, pour me laisser croire qu’encore un petit effort et j’en serais sortie sans pour autant devenir carriériste acharnée d’un métier qui n’est qu’un gagne pain. Suffit de me pousser les neurones un autre coup, de me lancer une autre fois...
Demain Taima pour me réchauffer l’âme, me stimuler "la bedondaine". Cette fin de semaine, j'ai décidé d'aller me traîner les fesses par-là, histoire de me retrouver les idées et m'inspirer le regard, entre passé et futur…
Images derrière silence: Marziella on the Seashore. Et bébé: Fairies at the Cradle, deux peintures de Warwick Goble
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