vendredi, octobre 30, 2020

Résister au malheur, un sourire à la fois...

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La joie est souvent la source du sourire. 

Mais parfois c’est le sourire qui est la source de la joie. 

– Thich Nhat Hanh –



Voici la face de celle qui sait qu'elle a des vertèbres déplacées mais qui se force à avancer dans l'invisible douleur. Avec le sourire. Elle a connu pire mal alors autant sourire même si c'est très difficile de remuscler un dos abîmé. 

Sourire pour en supporter la douleur avec la gratitude d'être dans l'eau. En cette différente apesanteur qui aide à la cause. Appeler en urgence le chiro qui remet les vertèbres qui se font la malle, pour la 120ème fois depuis mars 2017! Fuck la marde. Et je reste polie.

Lorsque les vertèbres sont remises, la douleur se transforme. Elle évolue sans jamais vraiment se dissiper. Au mieux, elle s'atténue un temps. Je passe de l'handicap physique à l'impression de m'être faite rouée de coups. D'être bleue, verte, jaune. 

Ceci est mon quotidien de "colonne instable" qui a pour objectif de redevenir valide d'ici mes 50 ans. Une étape existentielle qui se rapproche inexorablement. Forcer le mouvement, en encaisser les répercussions, les réparer. Forcer, déplacer, réparer, reposer. 

En un cycle infernal qui muscle le dos à une vitesse d'escargot, je persévère. Après avoir été tordue à près de 20 degrés, s'en être bien enflammée, ma colonne vertébrale a été réalignée. Puis désenflammée. À coups de quartorze terribles d'injections avec de bien grosses aiguilles. Beaucoup de traitements et d'entraînements aquatiques. Beaucoup de douleurs physiques...


 


Il reste toujours des braises qui se rallument sans cesse, le feu brûle toujours. Il est juste mieux contrôlé. Je reprends le contrôle. Après deux ans de cet épuisant régime, la courbe en mon dos s'est allongée sur neuf vertèbres au lieu de quatre pour régresser vers 6/7 degrés. Je remuscle. Doucement mais sûrement. 

Réaliser en écrivant ceci que cela fait trois ans que je m'acharne à aplatir la courbe en mon dos! How ironic? 

Longtemps en ce cercle infernal dans lequel je me suis retrouvée (grâce aux bons soins d'une physio digne de son époque), j'ai bien pu observer cette époque qui est nôtre. Et dont nous sommes les maîtres si insouciants. Pendant toutes ces heures où j'ai dû "faire statue" entre quelques vertèbres déplacées et remises, j'ai observé le monde tourner. J'ai observé le monde se replier sur ses nombrils avec une fierté inégalée. 

Ce que j'en ai vu n'était pas bien beau. Alors je me suis repliée sur la beauté de la nature et sur celle de l'amour porté à ceux en mon cœur. 

Tandis que j'observais toutes ces dérives du penser à soi, c'est en pensant à l'autre que je m'accrochais à ma vie. Tout en me demandant qu'elle était la leçon à tirer de ce cauchemar. 

Pourquoi devais-je revivre la déchéance de mon squelette? N'avais-je pas assez donné la première fois? Combien de fois, la vie voulait m'apprendre à marcher en ce corps? 

Bref, en ces milliers de questions sans réponses, je me suis accrochée à mon devoir de mère et d'épouse. Celui qui consistait à rester en vie grâce à l'amour des miens, sans penser à moi. En ne pensant à moi qu'à travers eux. À mériter cet amour en me battant comme une lionne pour aplatir la putain de courbe qui m'empêchait de vivre "normalement"? 

Le sourire est un anti-stress qui orne notre visage, atténue les conflits et soulage les cœurs souffrants.
– Mofaddel Abderrahim 

Celui qui sourit au lieu de s’emporter est toujours le plus fort. 
– Proverbe Japonais –

Au pire de mon malheur, j'ai souvent forcé le sourire sur mon visage afin d'envoyer d'autres signaux en mon cerveau que ceux intenses de douleurs physiques. Le sourire est un outil pour se programmer la cervelle dans le bon sens, c'est une forme de résistance au négatif. Le malheur déteste le sourire!

La paralysie faciale m'a volé cette capacité de sourire en février 2011. Profondément perturbée par la défiguration de mon visage, je ne pouvais imaginer une vie sans la capacité de sourire. Je pouvais, difficilement, imaginer une vie de douleur physiques... mais pas sans sourire! 

Les neuropathies sont permanentes mais le sourire est revenu. Et j'ai appris, avec conviction, à sourire dans la douleur. Ainsi j'ai appris à #souffrirenbeauté.  Et j'ai compris combien sourire dans la douleur renforce l'esprit.

J'aurais aimé revenir de ce long apprentissage en un monde "normal". Mais la Covid en a décidé autrement. Ce virus a décidé nous apprendre quelques leçons de vie et de mort sur son passage. Et peut-être même répondre à quelques unes de mes silencieuses questions? 

Par exemple, je constate être moralement armée pour affronter ce nouveau monde. Un monde où penser à l'autre est maintenant la norme imposée? 

Whaou! Je confesse la légère fracture du crâne lorsque je réalise que tout le monde doit maintenant apprendre à #souffrirenbeauté puisque la souffrance sociétale est collective. 


Sourire pour mieux contrôler le fil de ses pensées et émotions...


Quand la vie se durcit, chouiner qu'elle est dure ne fera que la rendre plus difficile à vivre. Pourquoi se la compliquer davantage en s'en lamentant? S'il vaut mieux rire que pleurer, alors il vaut mieux sourire que faire la moue!

Quand la vie se durcit, il faut en accepter la réalité afin de s'y adapter et continuer d'avancer. Aussi difficile que cela soit. Il devient essentiel de puiser en ses forces intérieures dans la difficulté en cours. Il devient important d'en comprendre les sagesses à inspirer. De celles qui enrichissent de l'intérieur. Il devient vital de comprendre ce qui nous fait sourire en ce monde.

Quand la vie se durcit, c'est le temps de sourire, même si ça fait mal par où ça passe. Parce-que ça fait du bien quand même. Parce-que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Et tant qu'il y a de l'espoir, il y a de quoi sourire. Et tant que l'on est capable de sourire, on est vivant! 

En fait, il est même prouvé par la science que le fait de se forcer à sourire envoie des signaux positifs au cerveau. Il comprend juste le "geste" du visage et réagit en conséquence. Sourire est bon pour la santé mentale!

"Sourire entraîne des réactions biochimiques dans le cerveau, libérant des endorphines qui soulagent la solitude et la dépression, en plus d’apaiser la douleur et le stress."

Chaque coup de colère est un coup de vieux ; chaque sourire est un coup de jeune. – Proverbe Chinois 

Un sourire est une courbe qui révèle tout. – Phyllis Diller 

Trouver la force de sourire dans la difficulté est important. À long terme, c'est beaucoup plus constructif que de cultiver la complainte. 

Choisir, consciemment, de cultiver la capacité de sourire dans l'épreuve afin d'en adoucir la dureté, c'est choisir de faire de la résistance. Le malheur cherche toujours à annihiler les sourires. Sourire, c'est aussi lui résister. J'encourage chacun à combattre ses malheurs, un sourire à la fois. 

Qui est prêt à sourire avec moi, entre deux grimaces de vie pas facile? Qui est prêt à sourire en ses douleurs et difficultés présentes?

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