Ceci était son choix, fruit de ses propres réflexions et ce qu'elle voyait autour d'elle.
J'ai vu comment porter le masque ajoutait une difficulté à ses journées. Cela m'a peinée.
En cette nouvelle école citadine qui regroupe multiples disciplines (en Sports/Arts/Études), la pandémie aussi influencé la formations des classes. Ce qui fait que la sienne regroupe une équipe de hockey et une troupe de théâtre composée de filles! Ce qui fait tout un cocktail d'hormones à gérer...
J'ai fait mon possible pour l'aider à en gérer la fatigue. J'ai beaucoup discuté avec elle. Avec un père diabétique et un mère à la santé bancale, elle comprend combien il est important pour nous d'éviter le virus en notre maison.
On a discuté beaucoup et longtemps pour arriver à la conclusion que tant qu'elle prenait toutes les mesures pour se protéger du virus, si par malheur, il devait arriver qu'elle nous le transmette, elle n'en serait pas responsable.
Ceci dit, si elle fait tout et n'importe quoi, qu'elle l'attrapait et nous le passait, ce serait une autre histoire que l'on ne désire pas visualiser.
Cet été, l'on a pu voir combien elle devait faire des efforts et résister à la pression sociale de ses pairs pour garder ses distances et prendre en considération la pandémie. Elle en a souffert. Je l'ai câlinée. Elle s'est renforcée. Elle n'a pas lâché. Elle a persévéré.
Au fil des semaines à s'affirmer, je l'ai vu devenir plus forte devant la pression sociale. Je l'ai vu se tenir droite et rester intègre à ses convictions. J'ai été fière de sa force mise en pratique.
Je l'ai confortée, encouragée, soutenue. J'ai été impressionnée et touchée par cette force qu'elle posséderait en puisant en son amour pour nous.
Lorsque la rentrée est arrivée, j'avais une confiance totale en ses capacités de faire les gestes barrières.
C'est alors qu'elle a décidé de garder son masque en classe. En observant comment se comportaient ses camarades. Comment l'en empêcher?
Nous ne pouvions que la soutenir en cette sage décision...
Il fut un moment, en zone orange, où j'ai essayé de l'en dissuader afin qu'elle ait un peu de répit.
Mais elle m'a expliqué que vu comment ses contemporains ne prenaient pas la pandémie au sérieux, elle se sentait plus rassurée de garder son masque. Même si c'était difficile, c'était toujours moins difficile pour elle à supporter que son angoisse de nous contaminer.
En ses conditions particulières, elle a fait sa rentrée en une nouvelle école urbaine avec brio. Non sans efforts ni fatigues. Non sans des tourbillons d'émotions ponctués de larmes.
À chaque jour, nous l'avons écoutée, nous l'avons soutenue, nous l'avons aimée. On a fini tous brûlés mais ainsi va la vie.
Un mois plus tard, elle avait déjà collectionné quelques bonnes notes et intégré un groupe de copines. Malgré son masque! Malgré les invitations refusées. Malgré les distances physiques qu'elle s'impose et impose aux autres. Malgré l'intervention d'une prof pour l'inciter à ne plus le porter autant!
Elle en a souffert mais elle a tenu bon. Elle s'est fait respecter en ce choix personnel. Pendant que je me posais de sérieuses questions sur l'éducation parentale de mes contemporains...
Le deuxième jour de la rentrée, une petite peste lui a dit: "Si c'est pour porter ton masque, rentres chez toi!". Ce à quoi elle n'a pas répondu même si blessée.
Trois semaines plus tard, la même fille a pris peur du virus après avoir fait le party avec des jeunes dont un connaissant un qui pensait être positif.
Bref, elle s'est mise à porter le masque durant deux jours. Miss Soleil n'en a rien dit mais n'en a pas moins pensé!
En fait, depuis quelques semaines, épisodiquement, elle voit un ou deux élèves de sa classe décider de porter le masque quelques heures. Ce qui rend Miss Soleil perplexe.
En sa classe, ses camarades ont de la difficulté à se plaindre du port du masque obligatoire vu qu'elle leur donne l'exemple depuis le premier jour.
Miss Soleil m'explique que les élèves préfèrent être masqués en classe plutôt que se retrouver en mode virtuel. Cet effort là leur semble moins gros que celui d'étudier à la maison.
Lorsque la règle s'est appliquée cette semaine, plusieurs en avaient anticipé le moment. Ils ont accepté plus facilement la contrainte obligatoire. La majorité s'y plie sans mot dire. Heureux de rester en classe. Plus résilients que certains adultes?
Son programme Arts/Études est sans cesse chamboulé par la pandémie. Ce n'est facile ni pour les élèves ni pour les adultes. Elle s'y adapte. On l'aide de notre mieux. Ses professeurs de théâtre nous ont même soufflé qu'elle était leur révélation de la rentrée. Le tout masquée! Cool et masquée...
En ses invisibles efforts qui nous montrent sa force, la puissance de sa bonne volonté et de sa détermination, nous l'admirons. Avec un nouveau rythme qui la lève à 5 heures du mat et qui la couche à 8 et des poussières, elle ne badine pas!
La semaine dernière, la prof d'Histoire emmène la classe faire un rallye de photos historiques en ville. Alors qu'elle m'en conte l'aventure urbaine, le soir venu, je lui demande:
- Alors tu as pu enlever ton masque comme vous étiez dehors...
-Ah non! Tout le monde se collait et s'approchait full proche de moi, je l'ai gardé!
Elle m'explique ensuite qu'elle a même choisi de changer de groupe de rallye car c'était trop la pagaille dans le sien! Fiers d'elle nous sommes. Manifestement tous mes efforts d'éducation ne sont pas vains.
En cette nouvelle école citadine qui regroupe multiples disciplines (en Sports/Arts/Études), la pandémie aussi influencé la formations des classes. Ce qui fait que la sienne regroupe une équipe de hockey et une troupe de théâtre composée de filles! Ce qui fait tout un cocktail d'hormones à gérer...
1 commentaires:
Vous pouvez être fiers de Miss Soleil ! Il y a tant de laisser aller de ce côté ci de France.
Et bravo aussi pour son intégration en cette classe d'études et ses premières bonnes notes.
Continuez à prendre soin de vous
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