Se redéfinir
Au coeur de mon hibernation, je transite entre mille émotions. Je m’intéresse de plus près à la pratique du bouddhisme. Je brouillonne mes carnets. Je travaille mon écriture en une nouvelle que je peaufine avec grand soin. Je regarde des concepts de traduction qui se profilent à l'horizon. Je me défusionne de l’enfant adorée. C'est un processus qui ne se fait pas sans peine. J’apprécie les bonheurs de mon couple. Je délaisse la Toile pour me plonger dans ce réel qui m’entraîne.
Je ressens le besoin de me redéfinir comme si la maternité m’avait déconstruite (ce qui est sûrement le cas). Ma maternité a failli me tuer. Ma maternité a transformé mon corps en une masse informe. Ma maternité m'a ouvert l'esprit à de nouvelles perspectives. Elle m'a kidnappée la peau et inondée le coeur. Elle m'a donné cette précieuse enfant qui désormais guide ma vie. Mon bébé qui n'en est plus un. Complètement maman je suis devenue mais où est rendue la femme que j'étais? J'ai apprivoisé la mère au fil de mes instincts mais la femme j'ai un peu perdue de vue. Pourtant jamais je ne me suis sentie aussi femme que depuis que je suis mère! La maternité épanouit et étouffe la féminité. C'est un paradoxe qui m'énerve. Une amie me dit:
- Quand on y pense avant la femme avait juste besoin de devenir mère pour être épanouie. On ne lui demandait rien d'autre, elle ne pouvait être rien d'autre! Mais maintenant les temps ont changé, c'est plus compliqué pour les femmes, c'est normal que tu te questionnes...
L’enfant devient autonome, mon rôle de parent s’incruste sous ma peau, j’évolue avec elle qui grandit. Plus elle parle et plus elle s’affirme, plus je frémis. Je me repais de son innocence. Je sais que cela ne durera pas. Je n’ai plus à être le centre de ses jours. Elle ne doit plus être le centre des miens. Décentrée, je me cherche entre deux idées. Je médite.
L’hiver m’enrobe, sous des monts de neige, je ressens des bouffées de cynisme qui me dépriment, je les réprime pour ne point m’étouffer. Je sors la tête hors de l’eau. Je retrouve le confort de mon corps. Je retrouve une vie sociale. Je revois mes amis qui continuent le cours de leur vie sans interruption bambine. Ils ne m'ont pas oubliée. Ils sont heureux de me retrouver. Ils ne perçoivent pas mes mélancolies. Je ne leur montre que mes joies. L'amour me porte. En solitaire, je repends les commandes de ma barque d’existence. L’infini m’emporte.
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