vendredi, janvier 18, 2008

Montréal 24 heures Chronos

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Montréal 24 heures Chronos

Nous devions passer trois jours à Montréal, Juan devait faire plusieurs formations durant le jour. Nous nous serions retrouvés les soirs pour voir des amis ou en amoureux. Il avait tout organisé. Quelques jours avant la date de départ deux journées de formation sont annulées. Nos trois jours se transforme alors en 24 heures chronos. Malgré tout, nous décidons d’apprécier chacun de ces moments passés ensemble, en couple, sans devoirs parentaux, ni taches ménagères. Mardi soir nous déposons la petite chez sa grand-mère. Elle y est si heureuse que c’est à peine si elle ne nous pousse pas vers la porte. La nuit est belle, la route est sèche, en deux heures et demie nous sommes arrivés à bon port.

Montreal-by-night-bisMinuit-

Dans un hôtel au coin du quartier chinois, une chambre nous attend. La vue est intéressante. La ville s’étale à l’infini. Au loin se dessine le pont Jacques Cartier. L’air est glacial. L’on s’installe. Je l’aguiche du coin de l’œil. Il ne flotte pas un seul nuage dans le ciel urbain. Nous deux. Ensemble. Seuls. Collés l’un contre l’autre dans un lit immense, l’on réchauffe sensuellement la nuit qui se glace. On laisse les rideaux ouverts pour mieux voir les lumières nocturnes.

24 hres à Montreal Hotel in Chinatown

Le téléphone sonne avec le lever du jour. Durant quelques secondes, j’erre entre deux états sans plus trop savoir où je suis. J’ouvre un œil pour apercevoir les lueurs de Montréal assoupie. Ma mémoire s’éclaircit. La ville est encore immobile. Elle oscille elle aussi entre deux états. Elle s’extirpe de son sommeil citadin à mesure que le jour se lève. En quelques caresses expertes, j’aide le réveil de mon homme qui grogne et me colle. Je file prendre une douche rapide tandis qu’il s’étire de tout son long. L’on déjeune au milieu des chinoiseries qui nous dépaysent. Il part. J’ai la ville pour moi toute seule. Je n’ai plus le temps de voir les personnes que je voulais voir, alors du coup, je décide de faire ma touriste. La journée est magnifique, le soleil brille de pleins feux et l’air est presque doux. Je décide de partir en safari photos. Je ne connais pas du tout le quartier chinois, je profite donc de l’occasion pour l’explorer de fond en comble…

City vibes Quartier chinois

Dans un petit magasin, un commerçant très courtois me libère de la prison de la fermeture éclair de mon manteau sans que j’ai besoin de la casser. Étrange anecdote. Étonnant échange humain. Un bel exemple de service gratuit. En sortant de cette boutique, un mendiant me tend la main, je rends la pareille en me délestant d’une pièce. Plongée au cœur de ce quartier aux étranges odeurs j’ai l’impression de m’être téléportée en une autre dimension. Cela grouille de toutes parts. L’anglais est aussi rare que haché, le français est presque inexistant et les sonorités asiatiques font bourdonner mes oreilles qui s’y perdent. Et puis il y a toutes ces saveurs bizarres qui me chatouillent les narines sans rien évoquer à ma mémoire. Je m'imprègne des atmosphères que je capte de tous mes sens. Je me fonds dans le décor. Durant quelques secondes, par ci par là, j’oublie presque que je suis à Montréal. Je voyage dans ma tête.

Tout en parcourant cette rue bondée, je regarde vivre les passants aux yeux bridés. J’observe avec attention toutes ces boutiques remplies à ras bord de toutes sortes de cochonneries inutiles. Au bout de trois magasins, je n’en peux plus de toutes ces bebelles sans âme. C’est vraiment le royaume de la cochonnerie! Produits grossièrement fabriqués qui se vendent en gros, la quantité qui prime sur la qualité, le raffinement quasi inexistant. Je n’y trouve pas grand chose qui me plait. Je déniche d’adorables petits chaussons de bébé pour une amie qui est enceinte et un habit joli pour ma Lily. Je sature.

Fortune-TellerFortune-Teller-II

Je m’arrête pour manger. Je me fais griller le visage au soleil de midi. Je goûte, bien installée sur une terrasse à un truc pas vraiment bon. Non loin de moi, un vieil homme fait bruisser une étrange boite de fer. À ses pieds, un carton explique qu’il découvrira votre futur. Il m’intrigue mais je doute fort qu’il puisse me parler de mon avenir. Et puis je n’ai pas vraiment envie de connaître mon futur. Le vivre me suffira. L’on se sourit de loin. Tandis qu’il attend je ne sais quoi en faisant bruisser son étrange boite, je fais le test de la pâtisserie chinoise avec ses gâteaux au lotus. Tout est dans le fourrage. C’est bizarre et très sucré. Mes papilles ne sont pas renversées par la subtilité des saveurs. Le soleil guide mes pas. Je m’habille de mon silence. Il y a des sourires dans l’air. Je découvre ces thés qui consistent en une fleur séchée qui éclot durant l’infusion. Je m’en procure quelques unes. Ma curiosité continue de pousser mes pieds et je me tourne vers les épiceries. Là je suis tellement dépaysée que j’oublie carrément où je suis! Tout est si différent que je me croirais presque en Chine!

J’effleure l’atmosphère citadine sans m’en imprégner. Il me reste deux heures à perdre avant de retrouver Juan. Je quitte le quartier chinois pour retrouver Montréal qui se fait toute belle au soleil. La journée est superbe. Je décide de marcher là où les trottoirs me guideront. Je fais une escapade dans le vieux mais je n’y trouve pas l’inspiration. Trop de souvenirs m’assaillent. Je rebrousse chemin pour monter St-Laurent, bifurquer sur Ontario, retrouver St-Denis. Je passe devant cette bâtisse où j’eus mon premier appartement. Cela n’a pas beaucoup changé malgré les années accumulées sur ma peau. Je continue mon périple vers Berri, je bifurque sur Sainte Catherine, une jeune fille oubliée attire mon regard. Je me déleste d’une autre pièce. Je marche, je flâne devant quelques vitrines, je marche, j’entre dans un magasin, je flâne, je marche. Mes bottes pseudo galactiques avalent le bitume qui défile sous mes pas. Les heures passent. Je sens mes muscles chauffer, je sens mes jambes travailler, je suis heureuse de ressentir ces sensations physiques qui m’ont tant échappées durant les longs mois qui suivirent ma grossesse. Je profite de ma forme revenue. Solitaire, le cœur léger, je parcoure la ville gargantuesque sans me joindre à ses courants urbains (que je ne fais qu'effleurer en coup de vent)...

Montrealité

Le soleil commence à descendre le long des buildings qui ombragent l'horizon. Je regarde le ciel et reprends la direction du quartier chinois. Mon homme m’y attend devant un gros building. Nos yeux pétillent lorsqu'ils se croisent. L’on flâne encore un peu, main dans la main, avant d’aller manger dans un petit resto local que j’avais repéré durant mes explorations. L’on est bien, tout les deux, en amoureux. Je savoure ces moments devenus rares depuis que nous sommes parents. L’on reprendra bientôt la route. Notre maison plongée dans la nuit étoilée nous attend. Comme toujours, il fait bon rentrer chez soi, là où le silence est roi…

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