En vrac...
Novembre débute en beauté (j'observe la mienne revenir par bribes dans le miroir qui m'accroche de nouveau), novembre suit la tendance d'octobre, les belles journées succèdent aux belles journées. Une coccinelle se fait bronzer au soleil de midi sur une feuille jaunie. Je coure après l’écran. Au fur et à mesure que je deviens maman, je m’organise comme jamais je ne l’aurais cru possible! Chaque chose en son heure. Chaque heure a sa tâche. La routine de l'enfant m'enrobe le quotidien. J’ai même, depuis peu, des fantasmes de voir ma maison complètement organisée comme dans les magazines décos où chaque chose possède sa place, où tout est à sa place. Je me demande si c’est un symptôme de vieillissement. Moi qui avait une si belle tolérance du désordre à vingt ans! Moi qui refusait toute discipline quelle qu'elle soit! Je deviens de plus en plus allergique au bordel. Je pratique et affine au fil des mois mes autorités maternelles. Je n'aime pas vieillir. L'idée de devenir une vieille peau aigrie me remplit d'effroi! Je n'aime pas vieillir mais j'aime bien mûrir. Je veux devenir une peau sage. Je vois mes cheveux grisonner, je vois des rides apparaître, je les regarde s'incruster dans ma chair. J’aurai 35 ans avec la nouvelle année...
Mais je m’égare. Ce temps présent est consacré à un récapitulatif précis autant s’y lancer de suite. Récapitulons donc, la journée d’halloween s’est passée toute en douceur en compagnie de ma petite soeur toute fraiche de ses quinze ans. Alors que l’après-midi tire à sa fin, les fillettes de la rue (Cricri et Patri) passent à la maison. M’zelle Soleil, qui connait ses « rrrooouuaaahhhh » sur le bout des doigts, se transforme en petit lion sans rechigner et c’est sous une belle lumière d'automne que débute la récolte sucrée. Mon ado de Clo est déguisée en ange ou plutôt en « papillon » selon l’enfant qui s‘extasie du maquillage pailleté qui orne son regard. Clo a amené ses ailes et elle me pique jupe et souliers au passage. Je suis une sorcière futuriste en pantalon (ce qui va à l’encontre des valeurs de ma soeurette qui grognasse), mais j’ai sorti mon chapeau haut pour l’occasion et même si je laisse mon balai au placard, je me fonds dans le décor…
Nous faisons les deux maisons de la rue qui donnent des bonbons. Mon petit lion commence à bien comprendre le principe. Les fillettes repartent chez elle (c’est ici la maison de leur grand-mère). Clo se moque du maquillage de l’enfant qui lui fait une face de charbonnier. Elle en conclut que je ne suis vraiment pas douée et qu’avant de repartir en expédition elle se chargera elle-même de la décoration du visage de sa nièce! Je ne peux que confirmer son impression, j’ai vraiment barbouillé ma fille n’importe comment! Juan rentre du bureau vêtu de sa tenue de pirate du jour. L’on part en expédition d’Halloween…
La nuit tombe rapidement. Nous arrivons sur les lieux de notre quête alors que le jour s’estompe. La température est encore douce. L’atmosphère est légère. Nous sommes à l’autre bout du village, en un lotissement de jolies maisons bien rangées les unes à coté des autres. Il y a encore cinq ans, il n’y avait rien que des arbres à cet endroit. Maintenant les arbres se font rares, ils encerclent cette prairie d’habitations sans y pénétrer. Désormais c’est un véritable quartier de résidences familiales avec des pelouses bien nettes. C’est l’endroit parfait pour une première expédition de notre petite crapule. Nous sommes de la première vague. Nous rencontrons quelques enfants, nous rencontrons des mamans, nous faisons jasette. Les pompiers arrivent en un petit camion à grands coups de sirènes. L’on se demande où est le feu! Ils s’arrêtent à coté de nous. Ah! bon, on est en feu!?! L’on s’approche pour découvrir avec surprise qu’ils sont de la partie et qu’ils distribuent des bonbons à tous les enfants qu’ils croisent...
Mon petit lion commence à trouver l’aventure bien excitante. Même si elle ne sait pas encore sur quelle patte danser. Elle se laisse glisser dans le jeu du soir. La nuit nous enrobe et les grappes d’enfants remplissent les rues obscures. M’zelle Soleil ne sait plus où donner du museau. Les citrouilles s’illuminent. Les portes s’ouvrent. Les bonbons se partagent. Les enfants déguisés courent partout, les parents déguisés (ou pas) suivent leurs petits monstres. Une maman diablesse rigole aux cotés de son clown de mari. M’zelle Soleil rencontre un petit chien dans la pénombre d’une pelouse bien propre. Son maître est un Peter Pan (que j’ai tout d’abord confondu avec un lutin), il nous apprend que le petit chien se nomme Bouddha. Bouddha apporte un zeste de sérénité à l’enfant enchanté qui, d’un coup, oublie toutes ses peurs pour mieux entrer dans la ronde nocturne.
Mon ado de sœur retombe en enfance. Elle entraîne M’zelle Soleil qui se dégourdit les pattes et trottine malicieusement à sa suite. Les parents que nous sommes devenus suivons avec entrain. Je me sens bien. Je savoure cette ambiance toute enfantine. J’aime voir ces grappes d’enfants courir de maison en maison. Maisons que je trouve décorées moins outrageusement qu'à l'habitude des dernières années, ce qui ne gâche rien à l'ambiance. J’aime voir les portes s’ouvrir pour découvrir des adules tout sourire les mains pleines de bonbons. Il parcoure en ces nuits d'halloween une magie enfantine qui me remplit de gaieté. M’zelle Soleil dit : « Maissi bonbon maissi. » lorsqu’elle reçoit sa part de sucreries. Clo Papillon se charge du sac de friandises qui se remplit. La nuit est d’encre. L'atmosphère a un petit goût d'irréel...
Au fur et à mesure que des portes s’ouvrent mon petit lion de fille demande « Bonbons? Bonbons? Maissi bonbon! Maissi...» Nous rencontrons des dizaines d’enfants accompagnés de quelques parents. Nous rencontrons un autre petit lion qui a vu sa crinière avalée par la sécheuse de sa mère. En voyant ma petite lionne, la mère en question s’exclame : « Oh! Ah! Oui, c’est de cela que cela devrait avoir l’air! J’aurais vraiment jamais dû le mettre dans la sécheuse, c’était pourtant bien écrit sécher à plat! Regarde, tu vois quand je te disais que la sécheuse l'avait bouffé! ». Son amie constate elle aussi les dégâts. L'on compare les deux costumes sous la lueur d'un lampadaire. Cela papote entre femmes. Mon pirate emmène notre petite lionne vers une autre maison. Mon ange de sœur commence à trouver que mon sac est bien trop petit, l’on va manquer de place! Je converse de l’air du temps avec ces jeunes mamans, l’une est une diablesse en robe flamboyante, l’autre une vache. Les tétines en plastiques qui trônent sur son ventre me déconcentrent un petit peu. Le petit lion sans crinière se nomme Félix, il doit avoir trois ans et il se moque bien de savoir où sont passés ses poils tant que son sac se remplit de bonbons…
L’enfant commence à fatiguer. Voilà plus d’une heure que l’on vadrouille, notre sac déborde, nos poches débordent, il est temps de rentrer. M’zelle Soleil adore son costume de lion. La récolte a été bonne. Pas aussi satisfaisante que les souvenirs d’enfance de ma soeurette qui aurait bien fait encore plus de maisons mais entièrement satisfaisante pour parents que nous sommes. M’zelle Soleil a avalé plus de chocolats qu’elle n’en a jamais eu l’occasion sans que cela ne prenne des proportions catastrophiques. Tout le monde est content. L'enfant commence à traîner de la patte. L’on rentre tranquillement.
L’enfant se couche sans broncher. Mon ado de Clo qui devait lire « Madame Bovary » durant sa semaine de congé nous explique qu’elle a trouvé le film ( un DVDqui se ballade en contrebande à son école) et qu’elle vient déjà de se taper « L’assommoir » alors qu’elle regardera ce film plutôt que de lire le livre même si c'est ultra poche. Je grognasse. Enfin, le fait qu’elle soit passée au bout de l’assommoir me fait plaisir. Je la laisse vivre. Elle me dit avec conviction « C’est un film de1990, j’étais même pas née!!! Tu te rends compte, je suis obligée de regarder des films tellement vieux!!!! C’est presque aussi pire que de lire le livre! » Je ris dans mes poils de sorcière. Non, non je ne me sens pas du tout fanée...
Je me souviens d’avoir lu « Madame Bovary » il y a bien longtemps de cela, je n'avais alors même pas vingt ans. Je me souviens avoir énormément aimé ce bouquin qui a laissé une trace dans mes neurones. Nous accompagnons Clo dans son cauchemar signé Flaubert et nous voilà à finir la soirée devant Madame Bovary sur petit écran. Je grognasse. Je ne veux pas que la version de Chabrol efface la mienne. Et puis, dans ma tête Madame Bovary ne ressemblait pas du tout à Isabelle Huppert! Ah! Et voilà que le fameux Rodolphe me revient en tête! Je me dis que je devrais relire ce livre, cela me ferait du bien à neurones rouillés de maternité. Je me laisse prendre par l’histoire, je laisse remonter les souvenirs.
C’est drôle de regarder cette histoire en petit comité familial. J’ai des bouffées de "bovarysme" qui m’entournent la cervelle, c'est de l'essence pour les idées en panne. Cela fait du bien. Isabelle Huppert entre bien dans la peau du personnage, que ses toilettes sont belles... Mon ado de soeur fait toutes sortes de remarques à ce sujet qui me font mourir de rire. Emma me fait un peu penser à Paris Hilton, ce qui fait mourir de rire mon ado de soeur! J’avais oublié à quel point sa fin est immonde. Franchement l’arsenic, ce n’est pas la meilleure façon de se suicider! Et aucun film ne peut arriver à la cheville de nos imaginations! Je me souviens d'un coup du dégoût que j‘avais déjà ressenti à ma première lecture. Finalement c’est un film tout à fait de circonstance pour achever ce jour pas comme les autres…
Update: Le petit diaporama qui finissait ce billet semble avoir interféré avec Explorer (une lectrice m'ayant fait part de l'ennui technique. S'il y en a d'autres merci de me le mentionner), j'ai donc du l'enlever pour corriger le probléme. Cependant en suivant ce lien l'on peut en visionner un autre...
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