Remue-méninges
Les disparités que je constate entre les sociétés humaines me troublent. Nos perceptions évoluent au fil de la Science qui élargit son empire (et qui nous en fout plein la vue). "La Science", nouvelle Évangile, que j'imagine souvent comme une monstrueuse pieuvre, gourmande, avide, dangereuse. La planète, prise dans le tourbillon d'une incroyable révolution technologique, se rétrécit irrémédiablement. Pourtant les fossés qui séparent certains peuples s’approfondissent rapidement. La planète est en pleine ébullition humaine. De plus en plus, les différences qui nous éloignent les uns des autres me sont choquantes.
Ainsi entre l’américain friqué qui scintille de mille folies, le paysan asiatique qui trime derrière ses bœufs, l’africain démuni sans eau courante ni électricité, le sud-américain oublié sur sa barrière des Andes, entre tous ces individus, d'immenses fossés n’en finissent plus de s’ouvrir. Tant et si bien que l’on pourrait presque croire que l’on ne vit pas tous dans le même espace temps ni sur la même planète! Même si le progrès, pour ceux qui y ont accès, uniformise les cultures et rétrécit les distances, ceux qui sont en marge de celui-ci se retrouvent complètement déconnectés de nos réalités (et nous des leurs). Les fossés n’en finissent plus de se creuser. Qu’est-ce le concept d’un ordinateur pour l’enfant marocain qui fait brouter ses chèvres sur la montagne aride et qui vit plus près du Moyen-âge que de l'ère spatiale?
Il y a encore 150 ans, les différences entre les peuples des différents continents n’étaient pas si flagrantes. Dans le fond, sans électricité ni eau courante tout le monde est pas mal logé à la même enseigne! Les traditions changent suivant les cultures qui ne se ressemblent pas mais le fonctionnement de la vie reste similaire partout sur la planète. Avant l’ère industrielle et ses délires technologiques, il y avait bien les fossés creusés par le concept de l’argent et du pouvoir et peut-être aussi par celui du Savoir, mais tout le monde devait puiser son eau, voyager à cheval ou par bateau, manger ses produits locaux selon les saisons, laver son linge à la main, s’éclairer à l’aide de torches et de bougies, écrire à la plume, etc.…
Ces modes de vie peuvent désormains nous sembler si loin, si archaïques pour celui qui se cache derrière l’écran de la machine et pourtant, c’est encore le réel présent de certains peuples vivant sur Terre. Et désormais, entre ma pomme des bois, vous qui lisez ces mots, nous qui vivons comme des rois au rythme d’une frénésie virtuellement démentielle et ces gens aux mœurs et aux habitudes d’un autre temps, les fossés qui nous séparent sont devenus vertigineux.
Tant qu'ils m'effrayent et m'inondent de malaises confus. Trop y penser m’entourne l’esprit, me donne une certaine nausée. Des frissons parcourent ma peau troublée par les émotions qui s’enchaînent sous le flot de mes lucidités. Le vertige est si proche que ma raison vacille.
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